La Peugeot 306 S16, cette increvable reine des virages
Cachant un châssis de référence sous sa ligne discrète, la 306 S16 a su s’attirer le respect des puristes. C’est à se demander pourquoi sa cote demeure si abordable ! A mettre de côté sans plus attendre !

Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
La 306, c'est un peu l'essence de Peugeot, une voiture discrètement élégante, bien fabriquée et dotée de solides qualités routières. Celles-ci constituent même un modèle du genre dans la version sportive S16, qui possède de façon chimiquement pure le fameux "toucher de route" de la marque sochalienne. Un mélange de précision, d'efficacité, d'amortissement parfait et de mobilité maitrisée. Après elle, le constructeur aura le plus grand mal à reproduire ce compromis, d'autant qu'il a cessé de fabriquer ses propres amortisseurs. Sportive dynamiquement impressionnante, la 306 S16 a souvent été usée jusqu'à la corde, voire accidentée : elle se raréfie à la vitesse grand V, malgré sa fiabilité. A mettre de côté vite fait, d'autant que sa valeur est en train de grimper. On vous aura prévenus...
On ne peut pas dire que la Peugeot 306 ait bousculé les codes du design, à sa sortie, en janvier 1993. Très classique, évoquant même une grosse 205, elle a pourtant su d’emblée s’attirer une large clientèle, malgré ses prix élevés. La 306 remplace avantageusement une 309 conçue et réalisée à l’économie : c’est la compacte Peugeot que les acheteurs attendaient. Partageant sa plate-forme avec la Citroën ZX, la 306 s’équipe comme elle d’un train arrière à micro-braquages induits, mais dont les effets sont moins marqués. Une base très efficace en tout cas, idéale pour recevoir une mécanique puissante.

Celle-ci arrive dès la fin 1993 : c’est le 2,0 l 16 soupapes à admission d’air variable ACAV, développant 155 ch. Déjà vu dans la ZX 16V, il équipe la nouvelle 306 S16, Peugeot ayant renoncé à l’appellation GTI, en France du moins. Ce bloc permet à la sochalienne épicée de pointer à 215 km/h, tout en franchissant les 100 km/h en 8,4 s.
Il faut dire qu’elle ne pèse que 1 110 kg ! Le tarif n’a rien d’un cadeau, à 136 000 F, soit 33 700 € actuels selon l’Insee. Il suppose un équipement plutôt intéressant, selon les normes de l’époque : ABS, jantes en alliage, vitres et rétros électriques, sellerie mixte cuir/tissu, direction assistée, projecteurs antibrouillards… Mais la clim et la radio restent en supplément.

D’emblée, ou presque, une série spéciale est proposée, pour fêter la victoire de Peugeot au Mans : la Le Mans, dotée en série de la clim et de l’airbag conducteur, tout en s’habillant de Rouge Lucifer. 400 unités sont prévues pour la France. Toutefois, si les spécialistes adorent son comportement routier, ils doutent de la puissance du moteur…
D’ailleurs, dès 1995, Peugeot la ramène officiellement à 150 ch : ce n’est pas une baisse réelle, juste une annonce plus conforme avec la réalité. Mais le problème est là, et le constructeur s’attèle à le résoudre. Le résultat est révélé à l’été 1996 : le moteur développe désormais 167 ch.

Pour parvenir à ce chiffre, on a presque tout revu : arbres à cames, bielles, vilebrequin, admission, injection… Désormais, le bloc, codé XU10J4RS, procure à la 306 S16 des performances non pas exceptionnelles mais plus en rapport avec ses prétentions sportives. D’autant que la boîte gagne un 6e rapport. Il faut dire que la concurrence se renforce, et pour mieux l’affronter, la 306 bénéficie d’un restylage, dès avril 1997 : projecteurs et feux revus, l’équipement en hausse, mais pas d’évolution mécanique sur la S16.

En 1998, celle-ci se dédouble, se déclinant désormais en Confort en 1er prix (dépouillée, sans clim ni radio), et en Premium, bien équipée. En 1999, la 306 S16 reçoit une légère mise à niveau (projecteurs à glace lisse, airbags latéraux de série), ce qui lui permet de tenir dignement jusqu’à son remplacement fin 2001 par un 307 qui ne proposera jamais un châssis aussi amusant…

Combien ça coûte ?
A l’heure où la moindre 205 GTI s’affiche à 15 000 €, on trouve des 306 S16 155/150ch en bon état dès 8 000 €. En très bon état comptez plutôt 10 000 €, alors qu’une auto réellement impeccable peut prétendre à 13 000 €. Ce, sans considération de kilométrage (il sera forcément supérieur 150 000 km). Une auto restant sous les 100 000 km pourra prétendre à des prix plus élevés. Les 167 ch, bien plus recherchées, coûtent logiquement davantage : ajoutez 3 000 €.

Quelle version choisir ?
Même si elles coûtent plus cher, les 167 ch sont préférables, de par leur agrément mécanique nettement supérieur.

Les versions collector
Toutes, si elles sont en très bel état d’origine. Les très rares Le Mans seront plus recherchées, tout comme les 167 ch, surtout avant le restylge.

Que surveiller ?
Peugeot a soigné la conception de la 306 S16, qui se révèle d’une belle fiabilité générale. Le moteur et la boîte encaissent sans soucis de très gros kilométrages sans panne majeure, si l’entretien a été soigné, naturellement. Ainsi, on changera la courroie de distribution avant 100 000 km. Quelques faiblesses sont à relever du côté des bobines d’allumage ou de l’actuateur de ralenti, rien de bien grave.
Hélas, comme sur toutes les Peugeot dotées d’un essieu arrière à bras tirés, les roulements de ces derniers prennent du jeu en s’usant, ce qui entraine une modification du carrossage des roues. A terme, cela oblige à changer tout le train arrière. Autre point à examiner : la corrosion, qui attaque les soubassements, ce qui n’a rien d’anormal, les exemplaires les plus anciens accusant déjà plus de trente ans ! Dans l’habitacle, les coutures des sièges finissent par céder, des pépins divers se manifestent (vitres électriques en panne, antidémarrage capricieux), là encore, rien de rédhibitoire pour une compacte désormais âgée.

Sur la route
Peu spectaculaire neuve, la 306 S16 paraît bien gracile et menue aujourd’hui. Plutôt une qualité ! Même sobriété dans l’habitacle, où le tableau de bord apparaît étonnamment fin, mais la position de conduite se révèle bien étudiée et le siège confortable. Le moteur est assez présent auditivement dans l’habitacle.

Souple et docile, il n’est toutefois pas très musclé sous les 4 000 tr/min. Ensuite, il se réveille, et pousse avec une jolie vigueur jusqu’à plus de 7 000 tr/min, dans un râle suggestif. Les performances ne sont pas décoiffantes, mais si on maintient le régime dans la bonne plage, on prend un plaisir certain ! Avantage de la boîte 6, elle permet de la trouver plus facilement qu’avec la 5, même si le maniement du levier n’est pas aussi rapide qu’on l’aimerait. Le châssis ? C’est un bonheur, mais pas comme on l’imagine.

La S16, c’est d’abord le triomphe de l’homogénéité, entre une direction précise et communicative, un train avant rigoureux, un amortissement juste parfait, et un châssis très équilibré. Quasiment pas de sous-virage, peu de roulis, une poupe qui enroule à la demande, on va très vite en courbe, bien aidé par un gros grip. Cela dit, il n’y a pas de folie, pas de survirage parfois très marqué, au contraire d’une ZX 16V. La Peugeot est mature, c’est là sa différence, et en usage mixte, c’est un meilleur choix. Autre qualité, le confort de roulement appréciable, qui la rend plaisante sur long trajet. Quant à la consommation, elle reste tolérable : 10 l/100 km en moyenne.
L’alternative youngtimer
Peugeot 309 GTI16 (1989 – 1993)

Si elle n’est qu’une 205 rallongée, la 309 a pourtant une personnalité propre. Celle-ci est particulièrement manifeste dans la sulfureuse variante GTI16. Révélée lors du restylage de 1989, celle-ci récupère le bloc de la Peugeot 405 Mi16. Un 1,9 l de 160 ch, qui se retrouve dans une caisse légère : 975 kg. Cela donne des performances fumantes, les 220 km/h étant atteints.
Côté comportement, Peugeot s’est lâché : la 309 GTI16 est ultra-efficace et prodigue en sensations, mais délicate à la limite, à cause d’un train arrière très enclin à survirer. Génial si on sait piloter, parfois dangereux dans le cas contraire. Relativement discrète, la Peugeot s’attire l’affection des passionnés, qui pesteront fin 1992 en voyant sa puissance chuter à 148 ch, pose d’un catalyseur oblige. La 309 GTI16 disparaît en 1993. A partir de 18 000 €.
Peugeot 306 S16 (1997), la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 998 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, triangles, amortisseurs, barre antiroulis (AV), bras tirés, barres de torsion, amortisseurs, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 6 manuelle, traction
- Puissance : 167 ch à 6 500 tr/min
- Couple : 193 Nm à 5 500 tr/mn
- Poids : 1 215 kg
- Vitesse maxi : 218 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 8,2 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Peugeot 306 S16, rendez-vous sur le site de La Centrale.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération