La Nova, cette mystérieuse Dacia tuée par la Logan
Intimement lié à Renault depuis sa création, Dacia a produit pendant près de dix ans la Nova et ses dérivées, qui ont été remplacées par la Logan. Une compacte bien peu connue et pourtant intéressante car il s’agit d’une création purement roumaine.

Créée avec l’aide technique de Renault en 1966, Dacia a produit en Roumanie bien des modèles de l’ex-Régie sous licence, de la R8 (renommée 1100) à la R20 (appelée 2000) en passant, bien sûr, par la R12, rebaptisée 1300 puis 1310. Cette dernière a connu un certain succès, y compris à l’export, mais au milieu des années 80, les dirigeants de Dacia comprennent qu’elle a fait son temps.
Ils entament vers 1985 l’étude d’un tout nouveau modèle, codé R523/524, pour la remplacer, sans l’aide de Renault. On prévoit une plate-forme inédite, accueillant un moteur transversal et essieu arrière de torsion sur ressorts hélicoïdaux, formule qui a déjà largement fait ses preuves à l’Ouest. Le look du futur modèle est d'ailleurs élaboré sous l'influence des productions occidentales contemporaines, mais sans chercher à voir plus loin...

Base roumaine, moteurs d'origine française
Mécaniquement, on récupère le Cléon Fonte mais on va le retravailler légèrement. Problème, à l’époque, la Roumanie, à l’instar des autres pays du bloc de l’Est, est en pleine crise économique, et les moyens manquent. Aussi, les études trainent-elles, d’autant que presque tout le travail s’effectue sans ordinateur, puis s’arrêtent carrément en 1989. Le pays est alors sur le point de se débarrasser de son tyran, Nicolae Ceaucescu.
Puis, avec l’ouverture des frontières, des modèles d’occasion venus de l’Ouest rendent encore plus criante l’obsolescence de la 1310. Aussi, on reprend le développement de la R523 en 1991, avec des moyens plus modernes. Mais pas forcément très rigoureux, notamment du point de vue de l’outillage. Le but étant de sortir la voiture le plus vite possible, avec les moyens du bord.

Obsolète dès son apparition
La nouvelle Dacia est lancée en juin 1995 à la foire de Bucarest, sous l’appellation Nova. Elle est infiniment plus moderne que la 1310, notamment par sa carrosserie très typée eighties à deux volumes et demi avec lunette arrière en bulle, évoquant quelque peu la Peugeot 309, alors que les portières autoclaves et la forme du hayon ont des airs de Fiat Uno et Croma. De sorte que certains y voient, à tort, une patte occidentale.

Seulement, la carrosserie Nova est très mal fabriquée, car il faut produire à n’importe quelle condition, et la voiture acquiert rapidement une mauvaise réputation de fiabilité. Par ailleurs, elle consomme trop, ce qui occulte de bonnes aptitudes dynamiques, et si elle vient de sortir, elle semble déjà dépassée par les modèles occidentaux… D’ailleurs, sous le capot, les blocs Cléon Fonte à carburateur (1 397 cm3 de 65 ch et 1 557 cm3 de 72 ch – un développement local) ne sont plus de première jeunesse. Néanmoins, son prix très bas lui assure de se vendre correctement.

Un remaniement prématuré
Commercialisée en 1996, la Nova est vite remaniée (nouveaux projecteurs, lunette arrière plate) cette année-là, puis une 2è fois en 1998, cette fois plus nettement. En effet, elle reçoit un tableau de bord moins laid (mais toujours mal assemblé), et se décline en une version pompeusement badgée GTI. En fait, son vieux Cléon 1,6 l adopte une injection qui réduit la consommation sans profiter à la puissance… Un accord devait être signé avec Hyundai, mais le coréen s’est désisté. C’est là que Renault revient à la charge et rachète Dacia en 1999.

Cela se traduit par une évolution de la Nova qui, après avoir été produite à 38 000 unités (chiffre correct sur le marché roumain) devient Supernova en 2000, adoptant le 1,4 l Energy monté dans la Clio II (75 ch). La Dacia est nettement refondue pour 2003, esthétique et plateforme étant retouchés, cependant que le 1,9 diesel de la Mégane (65 ch) est installé.

La roumaine est renommée en Solenza, et précède de peu la Logan, lancée en 2005. Elle n’y survivra que deux ans, étant retirée fin 2005. Au final, malgré sa conception datée dès son lancement et sa qualité initialement très insuffisante, la Nova, reliquat improbable de l’ère communiste, a duré près de dix ans en comptant ses évolutions. Inespéré, même si la bonne vieille Lada issue de la Fiat 124 lui a survécu…

Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération