La mobilité partagée progresse encore en ville
930 000 véhicules mis à disposition et 600 millions de trajets effectués. Le marché de la mobilité partagée continue de croître en Europe (1) selon le bilan 2023 de la plateforme de données Fluctuo.
Sur l’ensemble des 115 villes européennes analysées par Fluctuo, il apparaît que la trottinette en libre-service est le moyen de transport le plus privilégié en Europe. Non seulement, elle constitue la majorité des véhicules (56 %) des 930 véhicules free-floating, mais représente également près de la moitié (47 %) des 600 millions de trajets effectués annuellement. Malgré tout le nombre de trottinettes en service reste quasi stable (+1 %) pour un nombre de trajets en légère progression (+3 %). La trottinette devance ainsi le vélo (34 % des véhicules et 42 % des déplacements), la voiture (7 % des trajets) et le scooter (4 % trajets). À noter que ce dernier est le seul moyen de déplacement libre-service à connaître une baisse de son utilisation en Europe sur l’année 2023 avec une baisse de 27 % de sa flotte et une diminution de 28 % des trajets effectués avec ces deux-roues motorisés. À l'opposé, la voiture est le mode de transport partagé qui a le plus progressé en 2023. Non seulement les flottes mises à disposition ont augmenté de 25 %, mais le nombre de trajets effectué en auto a crû de 39 %. Soit la plus forte progression annuelle, tous modes de déplacement partagé inclus. Parmis toutes les villes européennes, Paris est la seconde ville derrière Berlin, où la mobilité partagée est la plus utilisée. Avec une spécificité locale.
L’exception parisienne
À rebours des grandes tendances européennes, et même françaises, Paris tient une place singulière. D’abord, parce qu’il s’agit de la seule ville européenne à avoir interdit l’utilisation des trottinettes électriques en libre-service.
« De quoi jeter un froid sur marché » explique Julien Chamussy, CEO de Fluctuo. « Mais finalement, aucune autre ville n'a suivi l’exemple de Paris. Ailleurs, on a assisté à un durcissement des conditions imposées par les villes sans interdire. À Bruxelles, Berlin et Madrid, ils ont décidé de réduire le nombre de véhicules. » La capitale française se distingue également, après le retrait du service d'autopartage Zity, par la baisse de l’autopartage, alors que bruxellois et berlinois, à l’image de l’ensemble de l’Europe, plébiscitent ce mode de transport.
Retour du vélo en station
Enfin, il est à noter qu’à Paris la place du vélo en free-floating (26 vélos pour 10 000 habitants) cède du terrain au vélo en station (30 véhicules pour 10 000 habitants). Un changement de tendance dont Julien Chamussy, CEO de Fluctuo entrevoit la durabilité.
(1) UE27 + Royaume-Uni, Norvège & Suisse
Trois questions à
Julien Chamussy, CEO Fluctuo
Quelle perspective pour la mobilité partagée en 2024 ?
" Sur 2023, on constate que ça se calme. Il y a une rationalisation, une consolidation du marché. Les opérateurs privés ne peuvent plus se permettre de se lancer partout, n'importe comment. Ils doivent choisir leur marché avec soin pour obtenir une rentabilité. Après avoir levé des centaines de millions d’euros entre 2018 et 2021 les opérateurs ont plus de mal à se financer dans de bonnes conditions, il va y avoir regroupements de sociétés, certaines vont disparaître, mais on va voir émerger des leaders dans chaque catégorie de mobilité partagée. Encore une fois, le vélo progresse plutôt bien, les trottinettes ont atteint un plateau, les scooters sont en chute assez marquée et les voitures ont repris du poil de la bête et se développent plutôt pas mal. "
Faut-il s’attendre à voir l’aide publique venir en aide à la mobilité partagée ?
" Je pense que les opérateurs vont devoir faire évoluer leur business model dans les années à venir. Et t peut-être de demander des subventions. Mais ils ne sont pas encore tout à fait prêts."
À Paris, le vélo en station connaît un regain d’intérêt. Est-ce conjoncturel ou structurel ?
" Le vélo en station a été fortement remis en question par les acteurs du free-floating. Finalement, on se rend compte que permet d’organiser l’espace public et ça résout le problème du rechargement des batteries. Les sociétés de floating doivent envoyer des équipes patrouiller les villes, en vélos-cargos ou camionnettes, pour changer les batteries, ça coûte très cher. Et puis je pense qu’on va voir évoluer les stations à la Vélib’. Elles vont s'ouvrir à d'autres types de services, à d'autres mobilités avec la mise à disposition de prises pour trottinettes électriques, voire des scooters. Idem en ce qui concerne les bornes de recharges auto, elles vont devenir des stations d’électrification multi-véhicules. C’est à mon avis, le prochain grand challenge de ce secteur."
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