L'hydrogène, une catastrophe pour l'environnement à cause des fuites ?
Cédric Pinatel , mis à jour
Les voitures à hydrogène risquent-elles d'empoisonner l'environnement à cause des fuites ? D'après une ONG américaine, ce problème lié aux propriétés du dihydrogène pourrait annuler totalement ses bienfaits.
Si le marché automobile mondial file tout droit vers la technologie 100% électrique, la piste de la pile à combustible et de l'hydrogène est toujours explorée par certains constructeurs automobiles comme BMW et Toyota. En France, la nouvelle marque Hopium veut s'imposer sur le marché des voitures de luxe avec une auto équipée d'une pile à combustible. Et l'industrie des transports lourds doit embrasser cette technologie dans les prochaines décennies pour limiter la pollution. Mais a-t-on surestimé les bienfaits de cette source d'énergie ? C'est la crainte de l'ONG américaine Environmental Defense Fund, qui vient de dévoiler une étude inquiétante à ce sujet.
Le problème tient aux propriétés du dihydrogène, cette molécule servant de carburant aux autos dotées de piles à combustibles pour produire de l'électricité (ou utilisée à la place de l'essence dans un moteur thermique adapté comme ce prototype de Toyota Yaris GR). Beaucoup plus petite que les molécules comme celle du méthane, elle est très difficile à stocker de manière totalement étanche dans un réservoir. Surtout lorsqu'il est comprimé à haute pression, comme c'est le cas dans la plupart des voitures à hydrogène, à l'état gazeux. Or une fois libéré dans l'atmosphère, le dihydrogène a de graves effets sur le climat. Il serait en effet « onze fois plus puissant que le CO2 sur une période d'un siècle et 33 fois plus puissant sur une période de 20 ans ».
Plus de mal que de bien ?
Les chercheurs d'Environmental Defense Fund affirment ainsi que le contrôle de ces fuites de dihydrogène constitue un vrai défi pour la viabilité de cette technologie. Il serait actuellement difficile d'estimer avec précision le taux de fuite mais si il se situait entre 5 et 10%, cela pourrait entraîner d'ici 2050 une hausse de la température moyenne de la planète comprise entre 0,1 et 0,4 degrés Celsius. L'ONG préconise des études plus poussées sur la quantification de ces fuites et leurs impacts négatifs sur le climat. Même avec du dihydrogène produit de manière « verte », il y aurait un véritable risque de faire plus de mal que de bien à la planète à cause de ce problème de fuites si elles ne sont pas suffisamment contenues. A moins de développer des solutions techniques bien meilleures ? Il y a quelques jours, des chercheurs de l'université australienne de Deakin affirmaient en effet avoir réussi à conditionner l'hydrogène sous forme de poudre. Un état qui permettrait potentiellement de résoudre totalement ces problèmes liés au stockage, à condition d'arriver à industrialiser le procédé.
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