« Gaulois réfractaires au changement »: en automobile aussi?
En qualifiant les Français de « Gaulois réfractaires au changement », Emmanuel Macron a signé LA petite phrase de la rentrée. Celle-ci se vérifie-t-elle en matière d’automobile ?
« Ce peuple luthérien, qui a vécu les transformations de ces dernières années, n’est pas exactement le Gaulois réfractaire au changement » : c’est peu dire que ces propos tenus par Emmanuel Macron durant son déplacement au Danemark provoquent une mini-déflagration à travers les médias français ce jeudi. Et quoi que l’on en pense sur le fond, ils constituent un très efficace contre-feu aux polémiques nées de la démission-surprise de Nicolas Hulot.
Chez Caradisiac, ils nous ont donné l’envie de nous pencher sur l’évolution des goûts des Gaulois en matière d’automobile. Pour ce faire, nous nous sommes plongés dans nos archives* pour y constater - ô surprise -que les goûts de nos compatriotes n’avaient rien de figé.
On y découvre notamment que :
- la part du diesel dans les immatriculations de voitures neuves est passée de 71% en 2010 à 55% en 2016 (merci le dieselgate)
- la part de marché des berlines est passée de 94% en 1990 à 61% en 2010, puis 51% en 2016
- les monospaces n’ont représenté que 13% des ventes de voitures neuves en 2016, contre 19% six ans plus tôt. Dans le même temps, la part des SUV passait de 9 à 28%
- 79% des ménages sont motorisés, contre 69% en 2000
- 74% des moins de 25 ans sont motorisés, contre 49% en 2000
- la location avec option d’achat (LOA) a représenté 73% du montant total des financements de voitures neuves en 2017, soit 30% de plus qu’en 2013, au détriment du bon vieux crédit
Ces quelques chiffres dessinent les contours d’un marché automobile en constant renouvellement, sous l’impulsion de constructeurs qui, à partir de plates-formes techniques communes à plusieurs modèles, ont profondément remodelé leurs gammes ces dernières années.
Certes, les Gaulois se montrent éminemment conservateurs au moment de choisir les couleurs de leurs voitures, avec une nette prédominance des gris, blanc et noir. Mais il s’agit de tendances qui s’observent à l’échelle de la planète entière.
En matière automobile, nous n'avons donc rien de « réfractaires au changement ». Ce que confirment les conclusions du dernier rapport de l'Observatoire Cetelem de l’automobile, qui soulignait que si 78% des personnes interrogées se déclarent fidèles à telle ou telle marque, seules 34% d’entre auront opté pour un véhicule du même constructeur que celui précédemment possédé. C’est en Europe du sud que les automobilistes se montrent les moins fidèles: (Italie, Espagne et Portugal oscillent entre 21 et 26%), quand cette valeur atteint 39% en France et Allemagne.
Selon l’Observatoire, « 72% des automobilistes pensent que la qualité des offres, la technologie des véhicules et les services des marques automobiles changent trop pour que l’on puisse rester fidèle dans le temps à une seule et même marque. Cet élément met en évidence l’impérieuse nécessité pour les marques d’innover et d’avoir un plan produit riche sous peine de perdre des parts de marché. » Sans surprise, la fiabilité est le critère déterminant pour la fidélité, puisque 83% des personnes interrogées estiment qu’une marque automobile qui les a déçus perd définitivement leur confiance. « Le droit à l’erreur pour les marques automobiles est nul », résument les auteurs de l’étude. Pour Emmanuel Macron, il en va manifestement de même pour le droit à l’humour…
*sources: CCFA, ASFA, Sofres, Observatoire Cetelem de l'automobile
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