France: ce parc automobile qui inquiète
Le marché français s'électrifie et fait la part belle aux SUV, ce qui se traduit par une forte hausse du prix des voitures neuves...ainsi que par une inquiétante baisse des commandes.
"La transition écologique confrontée à la réalité du quotidien" : tel était le thème de l'intéressante table ronde organisée ce mercredi par la Plateforme automobile, organisme qui veille aux intérêts de la filière auto tricolore, et qui a permis d’évoquer les différentes difficultés que posent l’essor des SUV et l’électrification du parc.
Il en ressort plusieurs phénomènes, au premier rang desquels, comme souligné récemment par Caradisiac, une augmentation spectaculaire du prix des voitures neuves ces dernières années.
Pour mémoire, celle-ci s’établit par exemple à +23% entre une Peugeot 3008 de 2010 et son équivalent actuel, à puissance et niveau de gamme identique.
Cela n’empêche certes pas ces modèles de se vendre, grâce notamment aux formules de leasing (LOA ou LLD) qui sont désormais choisies par plus de la moitié des acheteurs de voitures neuves. Mais "les acheteurs de véhicules neufs se tournent vers les SUV, ce qui amorce la "premiumisation" du marché", observe Marie-Laure Nivot, chef analyste chez AAA Data.
Dans le même temps, le différentiel de prix entre les modèles thermiques et électriques équivalents ne cesse de se creuser, et n’est que partiellement comblé par les aides à l’achat telles que les primes à la conversion et autres bonus écologiques.
Sont ainsi mis en circulation des modèles certes plus « propres », mais aussi extrêmement onéreux.
Résultat, ceux qui n’en ont pas les moyens n’ont d’autre choix que de conserver leurs voitures plus longtemps : la durée moyenne de possession d’un véhicule acheté neuf s’établissait en 2022 à 7,1 ans, soit 7 mois de plus qu’en 2018. "La conservation des véhicules est une des réponses directes à la hausse des prix automobiles observée ces dernières années", observe Marie-Laure Nivot.
Cette situation profite directement au marché de l’occasion, qui progresse depuis 2020. Le "record" a été battu en 2021, avec 8 modèles d’occasion achetés pour 1 voiture neuve. Cela semble un peu ralentir en 2023 (rapport de 6 à 1), dans un contexte de reprise de la production automobile après la pénurie de semi-conducteurs.
Le leasing évoqué plus haut soutient cette reprise, mais attention : AAA Data observe en effet que cette formule est surtout choisi par des individus à pouvoir d’achat élevé, avec un pic des LOA pour les véhicules entre 20 et 35 000 €, tandis que la LLD prend une part importante pour les modèles facturés au-delà de 40 000 €.
Tout ceci s’inscrit dans un contexte assez morose : si les immatriculations progressent depuis le début de l’année, les commandes de véhicules neufs baissent de 9% par rapport à 2022.
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