2. Essai Yamaha MT-09 2017 : heureux Euro4 !
Qui dit présentation hivernale, dit aussi destination chaude pour tester la moto dans les meilleures conditions. Direction Palma de Majorque, aux Baléares, pour profiter de la douceur de la saison hivernale. 23° en arrivant, des panoramas somptueux ainsi que des routes impressionnantes de variété et au tracé probablement réalisé par un architecte de circuit... Voici qui a tout l'air d'un paradis. A l'intérieur des terres, les tracés bordés de murets en pierre contrastent avec les virages hallucinants sans grand garde fou rencontrés un peu plus haut, en montagne ou sur la route des crêtes bordant les à pics vertigineux. Idyllique ? Par temps sec, sûrement. Mais avec la bruine et la pluie fine qui se sont invitées à notre « launch party » dès ces portions intéressantes abordées, l'expression rouler sur des œufs a pris un nouveau sens.
La journée avait pourtant bien commencé. Grand soleil et températures douces, boucle de 200 kilomètres environ : un peu de ville et d'autoroute pour quitter les zones urbaines et profiter d'un bel équilibre de la moto et de sa maniabilité affirmée avant de s'enfoncer dans la montagne. Le programme était en tout cas des plus séduisants. Mode moteur A enclenché, TCS sur la très permissive position 1, la MT09 affiche en ville une onctuosité inhabituelle par rapport au modèle précédent. Une réponse aux gaz légèrement différée à bas régimes donne un élément de réponse : le défaut d'à-coups et d'hyper réactivité du mode A a été gommé de belle manière. Le ride by wire œuvre. La force couve cependant derrière cette apparente docilité à mesure que l'on « met du gaz », donnant un sentiment de facilité et offrant une sérénité nouvelle à cette excitée de la poignée. La force tranquille, vous connaissez ? Tourner la poignée en coin sur le premier ou le second rapport conforte dans l'impression : la MT09 n'a rien perdu de son entrain ni de sa fougue ils sont par contre bien plus exploitables. Dès 6 0000 tr/min, on l'entend respirer fort tandis que change sa sonorité vers une tonalité plus métallique et le sifflement caractéristique des 3 cylindres se renforce. Elle pointe ainsi rapidement la roue avant au ciel de manière très progressive tout en offrant un bien meilleur sentiment de sécurité. Attention toutefois.
Une portion rapide, un virage serré et une remise des gaz prononcée et la MT09 fait une mise au point : l'avant, même chargé à 50,2 % des masses de la moto, s'allège et reste en contact tout relatif avec le sol, tandis que les pneumatiques comme la géométrie incisive prennent le relais pour garder tout le monde dans l'axe. Tandis que le guidon danse et que la direction s'allège copieusement, on se prend à louer les qualités du Bridgestone S20 monté à l'avant tout en se disant que cette vivacité risque de créer quelques surprises/chaleurs aux sportifs brouillons. La MT09 en mode A, c'est ça : une roue avant des plus volages, voir volantes , ce petit quelque chose de réjouissant qui échappe au contrôle absolu. L'incitation à charger la direction faisant de n'importe quel démarrage au feu ou relief une occasion de jouer et d'apprécier les changements opérés, mais aussi une occasion de se méfier incitant :
a) à mettre un amortisseur de direction, dernier équipement sportif manquant
b) ne surtout pas lésiner sur les pneumatiques et opter pour de la gomme glue !!
c) trouver le bon réglage de suspensions au plus vite.... si possible.
Que d'améliorations niveau suspensions !! Réglé sur un compromis sport routier, l'accord absorbe les chocs avec moelleux et efficacité avant d'offrir bien plus de fermeté. Restera à vérifier, gérer ou régler le rebond et l'enfoncement de l'arrière pour aborder au mieux les successions de bosses. La pluie arrivant et rendant le grip des routes imprévisible ne nous a pas permis de pousser plus avant l'investigation sur le rapport amortissement/rythme. Par contre, l'occasion a été idéale pour tester l'anti patinage et passer le moteur en mode standard (STD) et en mode B. Le premier apporte une modification sensible du nouveau comportement, en le rapprochant de celui du moteur « Euro 3 » : légèrement plus douces, les montées en régime sont marquées par des renforcements aux alentours de 4 500 tr/min, de 6 puis 8 et 10000 tr/min, là où le mode A offre un comportement bien plus sportif, gommant le premier palier avant de « fulminer » aux alentours de 6 000 et de « ré-exploser » quelques 2000 tr/min avant la zone rouge. Et le mode B ? Il serait injuste de le qualifier de simple mode pluie, l'onctuosité étant sa priorité, il propose une réponse adoucie à la rotation des gaz, tandis que les montées en régime sont lissées pour privilégier le couple utile. Un mode à utiliser sans modération. Les plus prudents passeront le TCS en mode 2, qui continue à ne se déclencher que rarement et toujours à bon escient, tandis que le mode 1, très sportif dans l'âme, est à réserver aux conditions optimales et aux amateurs de roue avant. Le freinage perpétue la réputation de Yamaha et propose un feeling des plus agréables. L'attaque est à la fois douce et forte, le levier réglable en écartement permettant de choisir au mieux le dosage entre les deux paramètres, et l'ABS, sportif lui aussi, se montre très discret, y compris à l'arrière. Veillant et surveillant, il n'est au final perceptible qu'à de très rares occasions à l'arrière, tandis que nous n'avons en aucune occasion déclenché l'avant, malgré les conditions de route.
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