2. Essai Regulator Kansas Motorcycles Works : Pur "home made"
Un préambule s'impose. Parce que nous sommes dans du plus pur artisanat, ne vous attendez pas à une dissection de détails techniques ou de comportement routier analysé au cordeau. Rien de tout cela dans cet essai. L'empattement, le couple max et la puissance max nous sont inconnues. Mais peu importe au final. En ces périodes estivales, il convenait juste de vous faire partager un moment rare et plein d'originalité.
De toute façon, certains véhicules vous obligent d'instinct à l'humilité en vous scotchant littéralement sur place. Et cette Kansas Motorcycle Regulator en fait partie. Longue comme un jour sans fin avec un empattement plus proche d'un camion que d'un deux roues, des guidons limite à la hauteur des yeux, un énorme pneu arrière de 250 mm, au départ, on se demande dans quelle galère on s'embarque.
Des chromes étincelants partout, des fourreaux de fourche à pointe, un 1800cm3 S&S préparé, on est a priori dans du très lourd. Avec en prime une finition incroyable, de l'art motocycliste puissance 10. Alors certes, niveau style et philosophie, on est dans l'extrême totale et on adhére direct à la bête ou pas du tout. Mais objectivement quel objet ! Quand l'artisanat rejoint l'art tout simplement.
Le cœur de la Regulator est un 1800cm3 (111 cubic inch) S&S qui fournit des performances et un son avec son pot supertrapp, qui ne peuvent être trouvés sur un traditionnel V-twin à 45 degrés. Selon le constructeur, l'alésage et la course ont été adaptés pour minimiser les vibrations tout en maximisant le couple et la fiabilité. On connait ce discours…. Niveau instrumentation, c'est de l'hyper-basique, compteur de vitesse à chiffre numérique rouge et uniquement cette info. La manque d'infos supplémentaires va d'ailleurs nous causer du tort à la fin de cet essai… Commodos chromés à la sauce Harley avec leur système de clignotants à retour automatique. Du traditionnel de ce côté-là.
En enjambant la bête et l'énorme roue arrière de 16 pouces chaussée d'un pneu Avon en 250, les appréhensions du départ s'estompent quelque peu. Avec une hauteur de selle de 660mm, la prise en jambe est facile, seule la position du long guidon cintré posé sur cette interminable fourche demande des efforts pour aller saisir les poignées si lointaines. 3 rotations de la poignée des gaz, histoire de bien gorger l'ensemble, et contact….
Le 1800 cm3 s'ébroue après les trois révolutions nécessaires à sa mise en route. Et au ralenti le 111inch se révèle effectivement très doux. Pas de vibration excessive, les dents du fond ne semblent pas bouger, tout a l'air sous contrôle. Pourtant, avec un périph totalement saturé, on a comme un doute entre les files avec un tel engin. Et bien non, la Regulator se manie à l'identique d'une Harley Davidson Breakout, alors certes la position est plus typée, plus extrême mais hormis une boite d'une dureté surprenante, qui vous oblige à jouer non pas du bout du pied mais bien plus du coup de pied pour passer chaque rapport (un réglage s'avérera sans doute nécessaire), la moto se révèle accessible même en ville, dès lors qu'il ne faut pas remonter au pas les files de voitures surchauffées. De toute façon, son terrain de jeu est ailleurs.
Jusqu'à 110 km/h, la moto reste super agréable portée par les deux énormes gamelles du 1800. Par contre, passé le cap de 115/120 km/h, un phénomène de louvoiement apparaît. Une combinaison sans doute induite par la prise aérodynamique de la moto et des réglages de suspension à peaufiner. Rien de dangereux, simplement une oscillation vers les 120 km/h qui ne vous mettra pas en confiance. Encore une fois, un simple réglage selon nous. D'autant que la Regulator adopte une suspension arrière dissimulée et entièrement réglable de sorte que le comportement de la moto peut être affiné pour s'adapter au style et préférences de chacun.
Il est vrai qu'en plus le 1800 cm3 S&S, fait merveille. Certes pas encore rodé, donc ménagé lors de cet essai, il nous a pourtant distillé ses vocalises de la plus belle façon. Plus vif dans les montées en régime, plus coupleux et disponible dès les premiers régimes, il se montre bien plus démonstratif que les 1640 de la Breakout ou de la Harley Fatbob essayées ultérieurement.
Niveau transmission, KMW adopte une boite à 6 vitesses, avec des engrenages forgées capables d'encaisser le couple du 1800cm3. Rien à dire hormis ses « clonks » de camion et la dureté des passages et rétrogradages façon « Arnold Schwarzenegger intense training ». Côté freinage, KMW a choisi un étrier avant/arrière 4 pistons « Performance Machine » sur disque flottant estampillé Brembo. Et ça freine comme dans la plus pure tradition des customs… rien à l'avant, tout à l'arrière. Sans l'un, l'autre est inutile. Coup à prendre. A défaut, c'est le tout droit qui vous guette.
Donc vous l'aurez compris, il ne sert à rien de disséquer les caractéristiques techniques, nous ne les possédons que partiellement, et il n'est même sûr que l'importateur en dispose en détails. De toute façon, c'est totalement superfétatoire. Par contre, vous parler, de la machine à sensations que cette Regulator incarne, on pourrait en faire une thèse. Rien qu'à voir, les pouces levés des automobilistes qui m'ont salué sur cette journée d'essai, les commentaires de tous les autres deux roues, tout cela vaut son pesant d'or. Cette Regulator interpelle, dérange et fascine tout en imposant le respect. Pas besoin d'aller vite à son bord, ce n'est pas le but. Juste enfiler les kilomètres à 110 km/h (au-delà cela demandera des réglages supplémentaires niveau tenue de cap), le nez au vent pour redécouvrir le plaisir de rouler autrement.
Par contre, et c'est finalement la plus grosse critique, et la plus sérieuse, le réservoir d'essence est petit…. 14,3 litres au total. Pas un centilitre de plus. Je vous le dis d'autant que pousser une Régulator en panne sèche sur la N4 est quasi impossible. Sans la solidarité motarde de Martial Bouzenie (que je remercie à l'infini et au-delà), je serais encore en train d'attendre la dépanneuse. Le passage en réserve ne vous laissant que 4 à 5 km d'autonomie, pour une autonomie totale de 140 km. Sans témoin de niveau, le jeu est quasiment impossible sauf à compter les kilomètres dans votre tête à défaut de tout odomètre. A revoir. Impérativement.
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