2. Essai - Portnawak’ : «Je n’reconnais plus personne en Massey Ferguson»

Combarde, gants et bottes enfilés, casque visé sur la tête… rien et personne ne peut entraver ma concentration. Au préalable, dans le box, j'ai procède aux vérifications d'usage. Tout semble être prêt pour que cette séance de tonte se passe à merveille. Les nouvelles gommes Turf-Saver de chez Carlisle en 5 pouces à l'avant et 8 pouces à l'arrière sortent tout juste des couvertures chauffantes. On va pouvoir faire parler la poudre d'entrée de jeu.

Je ferai les premiers tours sur le mode tortue (courageux mais pas téméraire), histoire de prendre en main cette tondeuse de compét', aussi stock soit-elle. On n'est jamais trop prudent surtout que les bacs à graviers sont aux abonnés absents et ressemblent d'avantage à des bacs à fleurs et un ravin, vu sur mer (s'il vous plaît !!)… Pour ces premiers tours de pelouse, on retrouve une assise confortable loin des standards des vraies tondeuses auto-portées de piste. En même temps, je débute, j'ai déjà mis pas mal de budget dans l'équipement du pilote. Si les secondes tombent comme des pâquerettes sur des coups de lames (102 cm de coupe ici, ça commence à causer !!), j'envisagerai une préparation en règle de l'engin. En attendant, on se console avec ce que l'on a…

Ze very fast rabbit…

Après avoir apprivoisé toute la puissance de mon engin de guerre en mode «Tortue», c'est non sans une certaine appréhension que je m'apprête à enclencher celui estampillé par un lièvre en pleine bourre. Pour ne rien vous cacher, c'est un peu les fois… même si on est loin des 180 pur-sang d'une Aprilia RSV-4 Factory ou des 200 chevaux d'une BMW S 1000RR.

Volant en main, on est en contact direct avec le sol. Un peu comme on le serait avec un karting. J'ai bien fait de régler l'amortisseur de direction au plus dur parce que la puissance de l'engin a tendance à soulager l'avant de ma pistard. Les retours de volant ne sont pas rares, il faut rester vigilant pour ne pas se faire désarçonner et finir les quatre fers en l'air à faire un brin de causette avec nos amies les taupes…

Pleine courbe, je ne lâche rien. Pas l'ombre d'un battement de cil ne vient perturber ce point de corde que je ne quitte pas des yeux. Bien suspendu sur son châssis rigide (aïe…), Öhlins n'ayant pas voulu me suivre dans cette aventure, les aspérités du terrain font virevolter la tondeuse dans tous les sens mais je ne lâche rien. J'ai la rage mec. Il me reste 50 m² à rectifier, ce n'est pas maintenant que je vais rendre la main.

Les tours se suivent et ne se ressemblent pas. Plus on avance, plus on se rend compte du travail accompli par la belle paire de lames prêtes à zigouiller tout ce qui dépasse. D'une pelouse ressemblant à un champ de mine, on se retrouve quasiment sur un billard. On aurait presque envi de se rouler dedans tellement elle est moelleuse. Ça c'est mon coté proche de la nature qui ressort…

BIIIIIIIIiiiiiiiiiippppppppppp. Coup d'œil rapide sur le tableau de bord, tous les indicateurs sont au vert, les manomètres de pression de n'affolent pas. Alors la tête dans le volant, je me redresse pour jeter un coup d'œil derrière. Du vent, j'en prends plein la quiche !! De grosses touffes d'herbe s'échappent du bac de ramassage me signifiant que celui-ci est plein à craquer… Sans perdre une seule seconde, je désactive la rotation des lames, je coupe les gaz passant du mode «Very Fast Rabbit» à «Tortue Géniale» et file sur la quatrième vitesse vers les paddocks pour faire le vide avant de repartir vers la dernière ligne droite.

Photos : Marion