Essai longue durée - 3000 km en Skoda Kodiaq: l'Orient-express
Les Skoda sont souvent des voitures très appréciées des essayeurs de Caradisiac, mais tiennent-elles toutes leurs promesses sur une semaine de voyage dans des conditions difficiles? Pour le savoir, nous avons organisé un road-trip géant à travers l'Europe, de Paris à Prague, en plein coeur de l'hiver, avec (presque) tous les modèles de la gamme. Après le Karoq, nous nous intéressons aujourd'hui au cas du grand SUV de la gamme, le Kodiaq, ici équipé d'un bloc 2.0 TDI 150 ch.
Sommaire
Note
des propriétaires
Le lundi au soleil est une notion assez abstraite pour la rédaction de Caradisiac. Pour ce grand road-trip Skoda à destination de la République tchèque, quelques mois après celui qui nous a menés en Roumanie sur les traces de Dacia, rendez-vous a été donné à 6h30 ce 3 décembre en haut de la Butte Montmartre, devant le Sacré-cœur.
La dream team se composait d’une Fabia (citadine), d’une Octavia (familiale), d’un Karoq (SUV compact), d’une Superb (routière) et du Kodiaq, le grand SUV familial qui fait l’objet de cet essai. Et parce que la maison Skoda avait décidé de voir les choses en grand, c’est la version la plus huppée qui a été confiée à nos bons soins : il est ici question d’un Kodiaq Laurin & Klement (du nom des deux hommes à l’origine de la création de la marque), caractérisé par une impressionnante liste d’équipements de confort et de sécurité. Sous le capot, un bloc 2.0 TDI 150 ch, accouplé à une boîte auto DSG à 7 rapports et une transmission intégrale.
Des sièges en cuir au régulateur de vitesse adaptatif, en passant par la surveillance d’angles morts et le digital cockpit, l’auto réunit tous les ingrédients pour voyager dans des conditions optimales. Ce qui tombait bien, sachant que j’allais passer les quatorze heures suivantes au volant (chauffant) de cette voiture lors du premier jour ce road trip, en direction de Karlovy Vary, ville thermale de République tchèque située 950 km plus à l’est. (Notez que pour des raisons pratiques, nous avons tourné la partie introductive de la vidéo accompagnant cet essai deux jours avant, face à la Tour Eiffel)
Si vous avez vu Casino Royale, qui marque la première apparition de Daniel Craig dans la peau de James Bond, vous connaissez l'endroit où l’équipe Caradisiac s’est retrouvée le soir. Dans le film, le Grandhotel Pupp où nous avons dormi est renommé Hôtel Splendide et se trouve au Montenegro, et c’est là que 007 fait la connaissance du Chiffre, accompagné de l’incendiaire Vesper (Eva Green).
Mais revenons à notre auto. Bon, on entend déjà les commentaires : « 14 heures pour 950 kilomètres, ils roulent pépère chez Caradisiac ! ». En réalité, c’est tout le contraire : entre les pauses, les haltes nécessaires aux séquences photos et vidéo, les ravitaillements et les conditions de circulation assez dantesques auxquelles nous avons été confrontés en Allemagne, cette première partie du voyage aura constitué une rude première épreuve...dont le Kodiaq se sera sorti avec les honneurs.
Sur les autoroutes françaises, la bête déroule tranquillement sa foulée aux allures réglementaires. Raisonnables, nous ne profitons pas du fait que les gilets jaunes ont rendu inopérants tous les radars fixes de notre trajet. L’insonorisation s’avère quasi-parfaite, même dans les phases d’accélération, et la tenue de cap absolument imperturbable...tant que le vent n'est pas de la partie. Quand celui-ci souffle trop fort, de fréquentes corrections au volant sont requises.
Pendant tout notre voyage, je pesterai en revanche contre un régulateur de vitesse à l’implantation peu pratique (derrière le volant à gauche) et qui incrémente les vitesses par tranche de 10 km/h quand on actionne le levier vers le haut. Il faut ensuite rabaisser celui-ci pour réduire la vitesse km/h par km/h. Même après six jours de trajet, difficile de s'y faire.
C’est d’autant plus regrettable que son ergonomie constitue l’un des points forts de l’auto. Entre le digital cockpit qui permet un affichage variable des informations délivrées au conducteur (GPS, vitesse, radio, données relatives au véhicule…) et une console centrale sur laquelle à chaque bouton correspond une fonction, on trouve très facilement ses marques à bord. S’ajoute à cela une position de conduite ajustable en tous sens, dont la surélévation participe d’une parfaite vision périphérique.
La traversée de la frontière allemande sonne normalement comme une récréation pour l'automobiliste français, impatient qu'il est de retrouver ces délicieuses Autobahn où, sur certaines portions, les 130 km/h ne sont qu’une vitesse conseillée… Las ! La combinaison d’un trafic particulièrement dense, de nombreuses zones de travaux et de très fortes pluies rendra cette partie de trajet particulièrement pénible pour l'équipe Caradisiac.
Dans les rares portions dégagées, notre Kodiaq fera toutefois montre d’un souffle suffisant pour adopter sans forcer une vitesse de croisière inavouable de ce côté-ci du Rhin, et même accrocher 196 km/h au compteur. Difficile d’espérer mieux avec un engin de 150 ch à l’aérodynamique d’armoire normande et pesant près de 1,7 tonne à vide.
Si le 2.0 TDI assume pleinement sa tâche avec ses 150 ch, relevons tout de même qu’en configuration 190 ch, facturée 1 200 € de plus à équipement égal, les performances font un bond en avant (8,9 s pour passer de 0 à 100 km/h, contre 10,2 s pour le 150 ch) sans que la consommation ne s’envole, avec 5,7 l en moyenne dans les deux cas d’après les données officielles. Puisqu’il est question de consommation, notre Kodiaq se sera contenté de 7l/100 km de gasoil lors de notre première journée de voyage, valeur des plus raisonnables compte tenu des sollicitations dont il aura parfois fait l'objet.
Boîte d’ennui
Le reste de la semaine sera consacré à arpenter la République tchèque en tous sens, de Mlada Boleslav (siège de Skoda) à Slavkov u Brna , site de la bataille d’Austerlitz, en passant par le mythique circuit de Brno, haut lieu de la compétition motocycliste, ou bien encore Kopřivnice, où se trouve un musée consacré aux extraodinaires créations de la marque Tatra. Ce qui signifie que nous avons passé de longues, trèèès longues heures sur un réseau secondaire d’une qualité comparable (voire supérieure !) à celle des routes françaises, où le Kodiaq a pu déployer l’étendue de ses talents. Confortablement suspendu, même avec des roues de 19 pouces, le Kodiaq fait aussi apprécier la précision de sa direction et le mordant de son freinage. Sans aller jusqu’à dire qu’on s’amuse à son volant sur les petites routes montagneuses, au moins apprécie-t-on le caractère toujours très sécurisant de son comportement. Ainsi, même en accélérant plus que de raison à la sortie de virages serrés, les éventuelles dérobades du train arrière sont maîtrisées par un ESP qui veille au grain sans brutalité.
Le plus important grief concernera finalement la boîte DSG trop longue à la détente quand il s’agit d'accélérer. Ainsi, il y a toujours un « temps mort » entre le moment où le pied droit enfonce l’accélérateur et celui où la transmission répond aux sollicitations. Les choses s’arrangent sur ce point en mode sport, mais sans atteindre la fluidité de fonctionnement d’une boîte auto 8 rapports BMW.
Même si là n’est pas son terrain de prédilection, notre Kodiaq aura également pratiqué une incursion sur le circuit de Brno, haut lieu de la compétition motocycliste dont le tracé rapide et vallonné (73 mètres de différence entre le point haut et le point bas) s’étend sur 5,4 km. Loin du record de la piste, détenu depuis 2017 par une F1 Toro Rosso en 1:36.065 avec l’autrichien Ingo Gerstl aux commandes, votre serviteur s’attachera à affiner ses trajectoires et retarder ses freinages pour établir un chrono qui, pour des raisons évidentes relatives à sa dignité de journaliste-essayeur, devra rester confidentiel à jamais… Pour autant, notre Kodiaq surprendra par son allant dans un exercice inédit pour lui. Les qualités de comportement constatées sur route se trouvent ici confirmées. Tout juste notera-t-on une tendance du train avant à élargir ses trajectoires, à mettre en partie sur le compte d’une piste particulièrement glissante par endroits.
Les meilleures choses ont hélas une fin, et nous reprenons un rythme plus posé pour mettre le cap sur les destinations suivantes, à savoir les villes de Zlin, Velke Karlovice, Koprivnice, Olomouc (belle cité fortifiée!) puis Prague, avant un retour à la région parisienne effectué d’une seule traite, soit près de 1 100 km. Nous achèverons ce road trip sur une encourageante moyenne globale de 7,3 l/km, malgré une traversée rapide de l'Allemagne au retour, avec le vent soufflant de face qui plus est.
Ce temps passé à bord du Kodiaq, devenu en quelque sorte mon deuxième "chez moi" durant cette semaine, m’aura permis d’apprécier le soin apporté aux aspects pratiques: parapluies intégrés aux portières, poubelle de bord dans le vide-poche avant, protections d'arêtes de portières à déploiement automatique, banquette arrière coulissante qui permet d’augmenter le volume de coffre et compartiment à gratte-givre dans la trappe à carburant constituent autant de petites attentions qui font de ce véhicule un excellent compagnon de voyage. Ainsi, je ne suis pas certain que l'automobiliste qui m'a doublé à bord de son Bentley Bentayga en Allemagne puisse se vanter de voyager des conditions beaucoup plus confortables... Dans un monde parfait, le Kodiaq disposerait toutefois de trois sièges arrières indépendants et amovibles, à l’image du Peugeot 5008, et d’une lunette arrière qui s’ouvrirait indépendamment du hayon. Et de « simply clever », il pourrait commencer à prétendre au titre de « simply meilleur ».
Tous les reportages du road-trip Skoda
-Essai longue durée en Skoda Karoq
-Essai longue durée en Skoda Kodiaq
-Essai longue durée en Skoda Fabia
-Essai longue durée en Skoda Octavia Combi
-Essai longue durée en Skoda Superb
-Essai du Trekka, le premier SUV Skoda
-Essais longue durée Skoda - La chevauchée en République Tchèque
Chiffres clés *
- Longueur : 4,69 m
- Largeur : 1,88 m
- Hauteur : 1,68 m
- Nombre de places : 7 places
- Volume du coffre : 630 l / 2005 l
- Boite de vitesse : Auto. à 7 rapports
- Carburant : Diesel
- Taux d'émission de CO2 : 136 g/km
- Bonus / Malus : NC
- Date de commercialisation du modèle : Juin 2018
* pour la version 2.0 TDI 150 SCR 4X4 LAURIN & KLEMENT DSG7 7PL.
Le bonus / malus affiché est celui en vigueur au moment de la publication de l'article.
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