2. Essai - Husqvarna Svartpilen 125 : Rigueur et rieur
La position de conduite, très agréable, place les pieds en arrière et assez haut, descendant naturellement les genoux sous la ligne du réservoir. Les bras se placent dès lors de manière idéale sur un guidon relevé et de bonne largeur pour favoriser aussi bien le maniement que la précision. Une inclinaison légèrement plus vers soi augmenterait cela dit encore plus un confort déjà très présent, notamment au travers d’une assise généreuse, à la mousse épaisse et moelleuse. Tout bon ! Si les sirènes du crampon ont imposé leur marque au niveau des jantes (à rayons, tubeless et superbes), elles n’ont heureusement pas contaminé le reste de la Svartpilen !
Allé, un petit appui sur le démarreur et… on sait à peine si l’on a démarré. Quelle discrétion ! Il faut dire que l’échappement voit ses gaz copieusement tranquillisés et catalysés au travers d’éléments certes très bien intégrés, mais imposants. De quoi offrir la possibilité de n’afficher qu’une petite cartouche du meilleur effet ! Par contre, pour ce qui est de chanter, on oublie : même dans les tours, cela reste discret. Pas mal pour voyager, très bien pour tordre le cou aux idées reçues.
En contrepartie de ce dispositif, le moteur se lance de manière très douce, obligeant à ouvrir les gaz plus qu’on ne l’imagine nécessaire. De quoi profiter par la suite d’une excellente santé et d’un agrément jamais démenti tout à long de cet essai des plus varié. Le premier rapport tire juste en dessous de 50 km/h, le second enchaîne sur un bon 60, le troisième atteint les alentours de 75 km/h, la 4 flirte avec le 90, la 5 permet de taquiner les 110 km/h. Nous n’avons par contre pas pu pousser la 6, faute de portion autoroutière, mais l’optimisme est de rigueur : le monocylindre est vigoureux, surtout une fois les 7 000 tr/min passés.
Sous les yeux, le compteur dont on peut se demander s’il résistera durablement aux affres du temps et des rayures, se voit souvent voler la vedette par le porte-paquet implémenté d’origine sur le réservoir. Celui-ci inclut 3 aimants maintenant la bagagerie propriétaire en place et permettant d’envisager le transport de marchandises ailleurs que sur la selle passager ou sur les flancs (sacoches cavalières). Si l’esthétique est discutable, le côté original et pratique, lui, est indéniable.
L’étagement de la boîte, légèrement sèche au passage des vitesses mais très agréable, nous est apparu judicieux, tandis que l’on peut au choix exploiter deux aspects de la personnalité de la Svartpilen 125. Calme, douce, coupleuse et surtout d’une souplesse moteur admirable, elle offre une sérénité appréciable en agglomération où l’on peut même évoluer sur les derniers rapports si l’on n’a besoin d’aucune nervosité. Par contre, dès que l’on opte pour la conduite sportive et que l’on souhaite une réactivité supérieure, il est possible d’exploiter le dernier tiers du compte-tours et de mettre la poignée à tirage long « dans le coin ». Jusqu’aux 11 000 tr/min, disons 10 000 pour profiter du meilleur, on découvre un tempérament plus sportif, plus nerveux, offrant de très bonnes reprises sans faire hurler pour autant le bloc-moteur. Tout simplement excellent pour une 125 de cette classe.
Quel que soit le style de conduite, on observe des performances maintenues en montée, et surtout la capacité à grimper fort, comme en témoigne notre ascension vers le Parc Naturel de la Serra de la Collserola. Légère, la Svartpilen est pourtant bien posée au sol, tenue en place contre bosses et trous par des suspensions de très haute qualité et aux caractéristiques aussi séduisantes sur le papier qu’elles le sont dans une réalité sans concession pour elles.
À ce jour, l’amortissement de la Svartpillen 125 impose ses suspensions comme les meilleures de la catégorie 125 que nous ayons pu tester. WP mérite donc les honneurs, même si la fourche inversée de diamètre 43 mm n’est pas réglable. Le mono amortisseur arrière, clairement sur dimensionné, officie avec brio en limitant tous les rebonds et en offrant un toucher de route excellent. Au point que l’on doit le provoquer pour décoller sur une bosse et profiter de l’absence totale de rebond. Là encore, la selle rappelle combien elle est capable d’encaisser les chocs et d’épargner le dos aussi bien que votre postérieur. Là encore, c’est rare dans cette catégorie moto, et d’autant plus apprécié !
À propos d’agrément, justement, impossible de passer sous silence le freinage. Là encore, la surprise est de taille et les éléments surpassent ce que l’on connaît par ailleurs, tant en matière d’aisance d’utilisation, de force, que d’attaque ou encore de possibilités. Résolument orienté vers la performance et vers un déclenchement très tardif, l’ABS profite de la qualité de la liaison au sol et fonctionne à la manière de ce que l’on retrouve sur les grosses cylindrées sportives. Mieux encore, la possibilité de désactiver l’anti blocage à l’arrière permet de repousser les limites et d’augmenter l’adrénaline des plus joueurs, tout en conservant un excellent contrôle. Ainsi, on inscrit la Svartpilen aussi naturellement en courbe que l’on corrige le tir, tout en profitant une fois encore d’un réglage neutralisant le relevé de fourche sur l’angle. Mais alors, où sont les défauts de cette moto ?
Dans les gommes, mon capitaine. Les pneumatiques Pirelli nuisent au comportement de la moto et limitent aussi bien la prise d’angle que le naturel de la direction. Certes, il est possible de s’habituer à la résistance de la direction lorsque l’on tourne à vitesse modérée, mais les mouvements provoqués par la structure du pneu plein angle, le bruit et le léger roulis induit par les crampons sur le bitume en ville ou encore le manque de retour quant aux limites d’adhérence lorsque l’on penche copieusement incitent à opter pour des pneumatiques plus routières si l’on cherche l’efficacité plutôt que le paraître.
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