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Enquête - Diesel: la résistance silencieuse

Il faut se rendre à l’évidence : malgré une image en berne et des ventes qui plongent, le diesel restera une valeur sûre du paysage automobile pour de nombreuses années encore, entravant au passage le déploiement des Zones à faibles émissions. Voici pourquoi.

Enquête - Diesel: la résistance silencieuse

Mardi matin, en visite à Rungis auprès de « la France qui se lève tôt », pour reprendre une célèbre formule, Emmanuel Macron a exhorté les pétroliers à rogner sur les confortables marges opérées sur les carburants.
A un salarié qui lui faisait observer que « c'est très dur pour les jeunes, très très dur », le chef de l’Etat a répondu ceci : « On a les aides pour les gros rouleurs. Et là, on va essayer de faire un petit geste diesel, vous allez voir. »
La solution, selon Emmanuel Macron, consiste à faire appel à «l'esprit de responsabilité de nos grands producteurs et revendeurs». Et d’ajouter son souhait « que le dialogue puisse se finaliser entre le ministère et les entreprises concernées comme ça avait été fait l'année dernière sur les carburants avec des ristournes à la pompe qui avaient été faites par les entreprises comme Total. [...] C'est important, dans une période où on a besoin d'accompagner nos compatriotes, en particulier ceux qui travaillent. »

Un message parfaitement entendu par Total, qui moins de 48 heures plus tard annonçait qu'il plafonnait le litre de carburant, sans plomb comme gazole, à 1,99 € le litre dans toutes ses stations jusqu'à la fin de l'année.

55% du parc automobile

Même si le premier responsable des tarifs élevés du carburant est l’Etat, qui perçoit environ 60% de taxes sur chaque litre distribué et pourrait donc commencer par montrer l’exemple, cet échange illustre parfaitement la position inconfortable des pouvoirs publics vis-à-vis d’un gazole qu’ils ont longtemps promu et vouent maintenant aux gémonies...tout en continuant à le soutenir!

Les cicatrices du mouvement des Gilets jaunes, qui trouve son origine dans les prix élevés du carburant, sont encore douloureuses.

Le gazole représente encore près des trois quarts des volumes de carburants routiers.
Le gazole représente encore près des trois quarts des volumes de carburants routiers.

Il faut dire que le gazole a représenté l'an dernier 73,5% du volume de carburant distribué à la pompe, tandis que les modèles diesel ont assuré l’an dernier plus de 52% des transactions de modèles d’occasion.
Affichés à des tarifs souvent inférieurs à ceux de l’essence, plus demandés (quel retournement de situation, d’ailleurs !), ils présentent aussi l’avantage d’une consommation moindre et d’un agrément de conduite supérieur, grâce à leur souplesse à bas régime.
Et si l’on considère les seules émissions de CO2, critère fondamental pour les pouvoirs publics qui y indexent leur barème de bonus/malus, le diesel l’emporte largement grâce à son appétit modéré en carburant. Diesel not dead, comme dirait l’autre.
Sachant que l’âge moyen du parc automobile français s’établit à 11 ans (chiffres AAA Data), et que les diesels - 21,3 millions de voitures particulières sur un parc total de 38,7 millions, soit 55% du parc, d’après les chiffres du ministère du développement durable - sont des véhicules affichant souvent une durée de vie supérieure à la moyenne, on n’a pas fini de humer les douces volutes de gazole, même en ville.

Deux ans de sursis à Lyon

En ville, justement, où le diesel est en train de tordre le bras des élus qui ne parviennent pas à mettre en place les fameuses Zones à Faibles Emissions (ZFE) dans les conditions espérées. 
Dernier exemple en date à Lyon, où Bruno Bernard, président écologiste de la métropole, a récemment dû se résoudre à prolonger de deux ans (jusqu’à 2028, donc) l’autorisation des moteurs diesel : « les décisions doivent être prises, mais aussi partagées par le plus grand nombre. Il faut une maturation collective. On n’y était pas encore. Pour être efficace, une politique doit être acceptée », a-t-il concédé dans un entretien à l’hebdomadaire Tribune de Lyon.

Dans la métropole du Grand Paris, le calendrier d’interdiction des véhicules dits polluants, au premier rang desquels le diesel, apparaît absolument intenable d’un point de vue pratique et explosif d’un point de vue politique.
Dans la métropole du Grand Paris, le calendrier d’interdiction des véhicules dits polluants, au premier rang desquels le diesel, apparaît absolument intenable d’un point de vue pratique et explosif d’un point de vue politique.

En Ile-de-France aussi, les élus sont rattrapés par le principe de réalité. La mise en place d’une ZFE à l’échelle du Grand Paris - 77 communes dans le périmètre de l’A86 - suppose théoriquement la mise à l’écart de quelques 490 806 voitures classées Crit’air 3 au 1er juillet 2023, puis de 852 804 modèles Crit’Air 2 (vignette qui correspond aux modèles diesel les plus récents) au 1er janvier 2024. Un objectif parfaitement intenable.
Qui peut imaginer que ces 1,34 million de voitures particulières, en grande partie diesel, n’ayant plus l’heur de satisfaire aux oukases écologistes resteront bien au garage en semaine de 8 à 20 heures ?

Et ce, d’autant que les verbalisations de 135 € sont encore bien rares. « Le fait que les ventes de diesels se poursuivent est le fruit de la confusion ambiante d’une ZFE qui existe sans vraiment exister», concède Daniel Guiraud, Vice-Président de la Métropole du Grand Paris, interrogé par nos confrères du Parisien. « Il aurait fallu, en corollaire de son instauration, une campagne massive de communication de l’Etat et pédagogique. Mais l’Etat a tiré le frein à main à la suite des Gilets jaunes et, depuis, il ne s’est rien passé. »
La France qui se lève tôt (et pas seulement elle), la France qui bosse à Rungis (entre autres), n’a donc pas trop de soucis à se faire à court terme concernant son diesel. On en a encore trop besoin pour faire tourner la société.

 

 

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