De plus en plus de difficultés à se garer en ville pour les utilitaires
Pour les petites et moyennes entreprises, et plus particulièrement celles du BTP, la circulation urbaine vire au casse-tête. Les autos et camionnettes subissent embouteillages, hausse des PV, parkings hors de prix ou encore places de stationnement trop rares. Pour ces véhicules, la rue n’est pas un long fleuve tranquille.
Globalement, les grandes villes accordent de moins en moins de place à l’automobile. A Paris, c’est haro sur l’auto depuis que la maire Anne Hidalgo a lancé un plan de réduction de l’espace qui leur est alloué. Mais la situation est tout aussi problématique à Lyon, Bordeaux, Nantes ou Marseille. Et la tendance n’est pas spécifique à la France.
Londres ou Rome pour ne citer qu’elles ont établi des politiques très dures, avec notamment une circulation dans les centres-villes fortement réglementée, voire payante. Ainsi Londres a-t-elle instauré un péage électronique, pour réduire la circulation au cœur de la City. Il faut désormais s’acquitter de 7,50 euros pour entrer dans le périmètre préservé.
Certaines grandes métropoles (Paris ou Strasbourg notamment) étudient en outre la possibilité d’interdire la circulation de certains véhicules thermiques dans leur hyper-centre.
Si cette tendance se révèle difficile à gérer pour les particuliers, elle l’est encore plus pour les TPE/PME ou les artisans qui ne peuvent se passer de leurs autos. Nombre de professionnels et notamment ceux du BTP, menuisiers, peintres ou encore plombiers, subissent de gros préjudices notamment financiers, avec des coûts de déplacement qui augmentent.
La voirie qui rétrécit occasionne d’inextricables bouchons
En ville, entre les couloirs de bus et les pistes cyclables qui fleurissent et les trottoirs qui s’élargissent, il reste de moins en moins de place pour les autos.
Les embouteillages s’amplifient. Paris très “en avance” sur ce plan réussit le curieux paradoxe de faire régresser la circulation automobile sans que les embouteillages ne s’amenuisent. La capitale fait sienne la formule : “autant de bouchons avec moins d’autos”.
Le stationnement vire au casse-tête
Trouver une place pour se garer est devenu un exercice de haute voltige. Il n’en reste presque plus. Certaines ont été remplacées par des stations de vélos en libre-service, d’autres tout bonnement supprimées. « En outre, elles ne sont pas toujours implantées à proximité des chantiers, regrette un menuisier travaillant principalement en région parisienne. Pas évident dans ces conditions d’apporter outils et matériaux nécessaires de son véhicule jusqu'au chantier ». La durée de présence est par ailleurs souvent limitée à deux heures au même endroit. Pas assez, dans le cas d’un chantier de BTP.
Quant aux nouveaux systèmes “pay by phone” (qui s’ajoutent aux moyens de paiement plus traditionnels), ils imposent d’équiper tous les employés en smartphones professionnels. Ces programmes permettent en théorie de payer sans se déplacer au parcmètre, à la condition qu’Internet soit présent sur le chantier… A Lyon, le système est onéreux. Il faut s’abonner au programme de stationnement de la ville pour un montant annuel de 200 euros. Les professionnels demandent à ce qu’il soit ramené à 50 euros. A cela s’ajoute le paiement du stationnement.
Les parkings souterrains quant à eux sont souvent hors de prix, 2,50 euros minimum l’heure à Paris comme à Lyon. Ils sont en outre souvent inaccessibles aux utilitaires surélevés. A Lyon, un seul parking souterrain accueille ce type de véhicules.
Le contrôle du stationnement accordé à des sociétés privées
Depuis le 1er janvier 2018, les grandes villes ont sauté sur l’autorisation qui leur était donnée de déléguer le service des PV, renommés forfaits post-stationnement (FPS), à des entreprises privées. Depuis lors, les employés des entreprises prestataires verbalisent plusieurs fois par jour. Mieux, la modernisation technologique a permis une semi-industrialisation qui frise la science-fiction. A Paris, des voitures-radars capables de lire les plaques d’immatriculation détectent informatiquement les véhicules sans quittance. D’une redoutable efficacité, ces mouchards sur pneus peuvent contrôler jusqu’à 1500 véhicules par heure !
L’augmentation du nombre des PV ne date pas d’hier. L’Agence nationale du traitement des infractions « Antai », avait déjà relevé une forte augmentation des verbalisations annuelles dressées en France ces dernières années. Elles étaient déjà passées d’environ 12 millions en 2014 à 27 millions en 2017, et c'était avant même que les entreprises privées ne prennent les “choses en main”.
Des PV de plus en plus onéreux
A Paris comme dans un grand nombre de villes de France, le montant des amendes a explosé. Auparavant, un stationnement non payé coûtait 17 euros sur tout le territoire. Depuis 2018, les villes décident du montant de la punition qui a globalement décollé. A Paris, le PV est désormais fixé à 35 euros et même 50 euros dans les arrondissements du centre. A Lyon c’est pire encore. Le PV peut atteindre jusqu’à 60 euros. Violent !
La Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) a calculé que les nouvelles règles de stationnement en vigueur à Lyon occasionnent une hausse de près de 10 000 euros du budget auto par an et par véhicule ! Dans ces conditions, nombre de professionnels, notamment du BTP, refusent les chantiers en centre-ville. « J’ai laissé tomber les travaux dans le IVe arrondissement de Lyon depuis 2 ans. Entre le parcmètre, les PV et les difficultés à trouver une place, ce n’était plus rentable », regrette un entrepreneur lyonnais.
Des remèdes ?
Les instances professionnelles du BTP demandent que la profession bénéficie :
- D’un tarif de stationnement préférentiel… Pourquoi pas le tarif résident ? Ou au moins d’une demi-heure gratuite, histoire d’avoir le temps de décharger avant d’aller se garer plus loin.
- De pouvoir rester 4 heures d’affilée au même endroit et non deux, comme c’est souvent le cas aujourd’hui.
- La possibilité de réserver une place sur plusieurs jours pour toute la durée d’un chantier.
S’adapter pour survivre…
On voit naître des plombiers à vélo, parisiens notamment, qui proposent leurs services sur Internet. Ils disposent de “deux-roues ateliers”, dotés d’un coffre pour remiser outils et matériaux. C’est une vraie tendance. Volkswagen a ainsi présenté au salon de Hanovre 2018 le Cargo e-Bike, un tricycle cargo à assistance électrique. L’engin n’est pas encore en vente mais de nombreux constructeurs spécialisés comme Bullit Cargo Bike, Douze Cycles ou encore Babboe proposent déjà toutes sortes de modèles de ce type. La bicyclette à des fins professionnelles semble avoir un bel avenir…
Enfin, certaines entreprises du bâtiment ont choisi de modifier leur politique de transport. Elles demandent à leurs employés de venir sur les chantiers en transports en commun. C’est le cas de Hamelin SARL, entreprise de peinture installée à Médan (Yvelines) et disposant d’une flotte d’une dizaine de VUL. Un seul ouvrier achemine par camionnette les outils et matériaux indispensables, les autres arrivent par leurs propres moyens. Avantage pour l’entreprise : les trajets en métro ou en bus ne sont pas comptabilisés dans le temps de travail, contrairement aux déplacements en auto. Désormais 35 heures, c’est 35 heures sur site et non dans les embouteillages. Les dirigeants ont en outre constaté une baisse du niveau de fatigue et de stress chez leurs employés. Dans ce cas, l’écologie se met au service de la santé au travail…
Le véhicule électrique est-il la solution au problème de stationnement ?
En matière d’utilitaires, le diesel reste le choix rationnel. Mais le prix au litre a tellement augmenté que certains gestionnaires testent des VUL électriques. Cette énergie permet dans une bonne partie des villes et notamment à Paris (dans la limite de 6 heures d’affilée), de bénéficier du stationnement gratuit… Pas mal ! A distance parcourue identique, l’électricité revient en outre près de trois fois moins cher que le diesel. En revanche, le prix d’achat d’un véhicule branché reste en moyenne 30 % plus élevé. De plus, en matière de VUL électrifiés notamment, l’offre est encore embryonnaire. Reste une grande question : comment les taxes vont évoluer à l’avenir, concernant cette nouvelle énergie. Si les véhicules électriques envahissent les rues, le risque est grand que le législateur soit tenté de revenir sur les avantages dont bénéficient ces véhicules.
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