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De l'électricité dans l'air entre Biden et Macron

Dans Economie / Politique / Politique

Michel Holtz , mis à jour

Actuellement en voyage officiel aux États-Unis, Emmanuel Macron a emporté avec lui le dossier du protectionnisme automobile, qui réserve les aides publiques américaines aux achats de VE made in US. Une pratique que le président français a jugée « super agressive » et qu’il aimerait voir abandonnée. Quelles sont les conséquences de cet IRA (Inflation reduction act) sur l’industrie auto ? Elles sont quasi nulles pour la France, mais importantes pour l’Europe en général et l’Allemagne en particulier

De l'électricité dans l'air entre Biden et Macron

Ils ont beaux s’échanger des cadeaux, dîner ensemble dans un resto italien de Washington ou à la Maison Blanche, l’unisson ne partage pas toujours la table de Joe Biden et Emmanuel Macron. Si les deux hommes sont d’accord sur le dossier ukrainien, sur l’aide à apporter au pays et sur l’issue du conflit, qui devra se régler à la table des négociations, ils sont moins au diapason sur la loi climat, le fameux IRA (Inflation reduction act) qui doit entrer en vigueur aux US dès le premier janvier prochain. Et pour cause : les subventions accordées aux Américains en matière d’achat de panneaux solaires, mais surtout de voitures électriques, doivent être réservés aux modèles produits sur le sol américain.

Vendre des Porsche Taycan fabriquées en Allemagne après le 1er janvier aux États-Unis ? Ce sera sans aides de l'État américain.
Vendre des Porsche Taycan fabriquées en Allemagne après le 1er janvier aux États-Unis ? Ce sera sans aides de l'État américain.

Un protectionnisme qui n’est pas du goût du président français qui l’a fait savoir devant un parterre de parlementaires américains, en qualifiant cette politique de « super agressive ». Un peu plus tard, dans une interview accordée à la chaîne ABC, il a déploré que l’IRA « n’a pas été coordonnée avec les économies européennes ». Soit, l’administration Biden n’a peut-être pas appelé Bruxelles ou Paris avant de prendre sa décision, ce qui peut vexer quelques hauts-commissaires de l’Union et quelques hauts fonctionnaires. Mais après tout, cette exclusion des autos électriques fabriquées dans l’Union est-elle si grave pour l’économie européenne, et surtout hexagonale, puisque c’est le président français qui la conspue ?

Les Allemands en première ligne

C’est un fait : les constructeurs allemands, du groupe VW en passant par Mercedes et BMW misent beaucoup sur le marché américain et l’IRA constitue une épine dans leurs pneus. En revanche, les Français ne sont pratiquement pas concernés. Bien sûr le groupe Renault envisage de faire voyager les futures Alpine électrique de l'autre côté de l'Atlantique un jour, mais riuen n'est fait. Quant à Stellantis s'il est présent sur le marché US, c'est ultra majoritairement grâce à ses marques locales, Chrysler, Dodge, Jeep et Ram et n’a donc aucun problème pour vendre des autos subventionnées outre-Atlantique.

D’ailleurs si Carlos Tavares est lui aussi pour un protectionnisme européen, c'est moins pour protéger ses billes que pour mettre des bâtons dans les roues de l'ennemi Tesla et des marques chinoises. Du coup, on peut s’interroger sur le curieux combat que mène Emmanuel Macron et de constater qu’il a plutôt endossé le costume d’ambassadeur de l’Europe à Washington, que celui de représentant français.

Margarethe Verstage ne veut pas d'une guerre commerciale avec les États-Unis.
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Un costume qui lui permet en fait de mener une double politique. Les relations au sein du couple franco-allemand sont quelque peu distendues ces temps-ci. Il y a comme un froid entre le chancelier allemand Olaf Sholz et Emmanuel Macron et, comme dans toutes les histoires d’amour qui durent et s’essoufflent, il faut de temps à autre relancer la flamme par de petites attentions. Plaider la cause de l’automobile allemande auprès de Joe Biden est peut-être l’un de ces petits cadeaux de rabibochage de la part du président français.

La politique de la main forcée

Mais ce dernier a une autre raison de s’en prendre à la politique protectionniste américaine : il souhaite appliquer la même en Europe. D’ailleurs son ministre des finances Bruno Le Maire l’a reconnu et s’est dit favorable à de telles mesures dans l’Union. Sauf que de nombreux pays européens ne sont pas d’accord et Bruxelles est plutôt timoré sur le sujet. Margarethe Verstager, la Commissaire européenne chargée de la concurrence a d’ailleurs expliqué, au moment même ou Emmanuel Macron s’envolait pour Washington, qu’il « fallait mener une seule guerre à la fois » en parlant de l’Ukraine.

La Chine dans le viseur français

Elle ne souhaite pas déclencher les hostilités avec l’Oncle Sam, alors que le président français est en train de la pousser à le faire en faisant passer les Américains pour les méchants et les Européens pour des pleutres, alors que son but ultime consiste surtout à empêcher les constructeurs de l'Empire du milieu de prendre trop de parts de marché dans l'Union en faisant du protectionnisme anti chinois qui ne dit pas son nom. Y parviendra-t-il ? Un forum transatlantique « trade and technology council » qui réunit l’Europe et les États-Unis doit se réunir la semaine prochaine sur le sujet et la Commissaire a prévu d’y assister. À l’issue de cette réunion, nous saurons si la politique de la main forcée du président français produit son effet.

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