Bornes de recharge: pourquoi Paris choisit Total
C'est presque officiel: la compagnie pétrolière va opérer le parc de bornes électriques de la ville de Paris, lequel sera amené à croître de 56% dans les quatre ans à venir. Enjeux et décryptage.
La mobilité électrique n’est pas à un paradoxe près, à commencer par la difficulté que pose la recharge, par manque de bornes disponibles, dans les grandes villes où elle est justement la plus adaptée. Mais les choses évoluent peu à peu, et notamment à Paris.
La mairie s’apprête en effet à attribuer à Total - et plus précisément l’entité Total Marketing France - la reprise des bornes électriques du réseau Autolib’ (ce sera acté lors de la prochaine session du conseil de Paris qui se tiendra du 17 au 19 novembre), à laquelle s’ajoutera le déploiement de nouveaux points de charge.
Le groupe prévoit ainsi d’opérer 1830 bornes de 7 kW en surface (recharge lente) et 80 bornes de recharge rapide (50 kW) en parc de stationnement souterrain, à quoi s’ajouteront 140 bornes (70 modules à double entrée) de 3 kW pour les deux roues.
Les délais sont assez courts du fait de la récupération de nombre de bornes existantes : celles en charge lente seront mises en service entre mai et décembre 2021, et celles dédiées à la charge rapide entre novembre 2021 et septembre 2024. Cela portera le réseau parisien à 2329 points de charge, contre 1489 en fonctionnement aujourd’hui (+840 bornes, ou +56 %).
Cette bonne nouvelle s’inscrit dans la dynamique du déploiement de 100 000 bornes électriques (contre un peu plus de 38 000 aujourd’hui) dans le pays à l’horizon 2021. Elle illustre aussi la déclaration choc de Patrick Pouyanné, patron de la major de l’énergie, qui déclarait au printemps dans une interview au Monde que « le marché qui va croître, ce n’est pas celui du pétrole, mais celui de l’électricité. » L’homme estime en effet que la demande mondiale d’or noir fléchira fortement à partir de 2030, et que « la question de la pérennité des compagnies pétrolières est posée ».
Fort de son objectif d’opérer 150 000 points de recharge en Europe d’ici 2025, le pétrolier est en train d’effectuer sa mue en major « généraliste » de l’énergie, ce qui lui permettra peut-être au passage de revenir dans le jeu dans le cadre du sponsoring des JO 2024.
On se souvient en effet qu’au printemps 2019, la maire de Paris Anne Hidalgo s’était élevée contre le fait d’avoir des sponsors actifs dans les énergies fossiles dans le cadre des Jeux olympiques, et Total avait dû y renoncer dans la foulée.
Aujourd’hui, le discours est tout autre. Interrogé par l’AFP, David Belliard, adjoint écologiste aux Transports, assure que Total était « la mieux-disante » parmi les sociétés ayant répondu à l’appel d’offres, avantage auquel s’ajoute le fait qu’aucune autre entreprise sollicitée ne jouait la carte du 100% renouvelable. Et le même d’ajouter que cela garantissait « une redevance minimum garantie pour la Ville de l'ordre de 2,9 millions d'euros en année pleine.» Si avec tout ça la compagnie reste interdite de JO…
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