Boîte auto : c'est l'explosion !

Il ne faudra plus que treize heures de leçons de conduite, au lieu du minimum de vingt, pour se présenter à l'examen du permis de conduire option boite automatique.

Surtout, pour ensuite obtenir un permis "normal", il ne sera plus nécessaire de patienter un an avant de repasser devant le terrible inspecteur chargé de juger la bonne maîtrise de la boîte mécanique, maîtrise qu'il fallait acquérir en repassant par la case auto-école.

Désormais, pour décrocher le vrai "B", il suffit, six mois après, de suivre 7 heures de formation, sans le moindre examen.

Car saviez-vous que la maîtrise en circulation de ces subtils mouvements de pieds et de bras monopolise à lui seul huit à douze heures d'apprentissage ? Douze leçons d'auto-école évitées, c'est au minimum la moitié du surcoût d'une BVA ! Cette promesse d'un permis moins cher pourrait attirer de forts contingents de jeunes, ceux de plus en plus nombreux que l'auto ne passionne pas, et inciter les auto-écoles à enfin s'équiper.

La France se convertit au convertisseur

Cette réforme passée inaperçue ne fait qu'accompagner un mouvement de fond du marché automobile : les ventes de voitures à boîte automatique explosent. En 2016, elles ont fait un bond de 25 % et désormais un quart des voitures neuves en sont équipées contre un cinquième l'an passé. Il y a dix ans, la BVA représentait 8 % des ventes et 3 % il y a vingt ans…

Il est loin le temps où l'automatique, c'était pour les petits vieux, les handicapés et les maladroits, où on la jugeait fragile et émolliente, impossible à revendre et gourmande en carburant.

Est-ce Porsche et Ferrari qui ont changé son image en l'imposant à leurs clients ? Est-ce l'aura de sportivité et de haut de gamme ? Est-ce le progrès technique qui, avec l'avènement des boîtes robotisées et du double embrayage, a convaincu les réfractaires ? Toujours est-il que sans atteindre les taux des Etats-Unis et du Japon (96 et 98 % de BVA), la France s'automatise à grande vitesse. La Renault Espace est équipée à 90 %, la nouvelle Peugeot 3008 à 65 %, les Audi à 63 %…. Reste à convaincre les acheteurs de petites : la Clio n'est automatique qu'à 12 %.

L'essayer c'est l'adopter, l'adopter c'est contaminer…

Mais la contagion va faire son effet. La boîte automatique, c'est comme la gastro, plus il y a de malades… plus il y a de malades. Inutile de se serrer la main ou de se faire la bise, il suffit de l'essayer un peu longuement, à l'occasion d'un prêt ou d'une location, pour se regarder ensuite manier son embrayoir et son vitessoir comme on se verrait tourner la manivelle dans la calandre pour démarrer. Tout converti au convertisseur en devient l'indéfectible prosélyte.

Bref, on peut parier que dans 10 ans ou même avant, la boîte automatique se hissera à 50 % des ventes et deviendra ensuite largement majoritaire. Ne serait-ce qu'avec l'essor des hybrides et électriques…

L'histoire de la climatisation va-t-elle se répéter  ?

 Il faut juste espérer que d'ici là, elle soit devenue fiable. La semaine dernière, un voisin me confiait avoir envoyé à la casse sa Mercedes Classe B de 10 ans et à peine 100 000 km. Boite auto cassée et réparation supérieure à la valeur. Si une boîte mécanique dure généralement la vie de la voiture, les automatiques y mettent souvent un terme avant l'heure. Ce n'est pas seulement une question de fragilité intrinsèque, mais aussi et peut-être surtout d'entretien. Même histoire qu'avec le boom de la climatisation il y a 20 ans, quand aucun garagiste ne voulait purger un circuit faute de compétence et de matériel. A l'époque, le discours du mécano type c'était : "Ces trucs-là, le mieux c'est de ne pas y toucher. Vous ne purgez pas votre frigo ? Eh ben c'est pareil." Le résultat ne s'était pas fait attendre avec des casses de compresseur en pagaille.

Aujourd'hui faire vidanger une BVA à convertisseur est quasiment mission impossible en dehors des grosses concessions des grandes villes. Car l'opération requiert une procédure stricte, propre à chaque modèle, et de préférence une station de vidange programmable. Discours entendu récemment chez un concessionnaire Toyota d'une petite ville du Nord : "Je veux bien vous la vidanger, mais après, elle risque de moins bien marcher…"

Quant aux boîtes robotisées, puisqu'il s'agit de boîtes mécaniques, les propriétaires les croient toujours lubrifiées à vie comme le prétendent encore certains constructeurs. "Lubrifiées jusqu'à la mort" serait plus juste…

400 000 km avec une boîte auto ?

 Espérons que l'avènement de la boîte automatique ne soit pas celui de la bagnole jetable. Ces vingt dernières années, l'espérance de vie de nos voitures a tellement progressé qu'un compteur affichant 300 000 ou 400 000 km est devenu banal.

D'ailleurs, la prétendue statistique sur leur âge moyen ment en prétendant qu'il est de 9 ans. Le comptage excluant les véhicules de plus de 15 ans, la voiture française moyenne aurait plutôt 11 à 12 ans. Et 10 % du parc dépasserait même les 20 ans. Sachant qu'en 1996, 3 % des voitures avaient une BVA, essayez de retrouver ce pourcentage dans les petites annonces d'internet…