Bentley Continental GT (2003 – 2010), osez l’hyperluxe, dès 25 000 €
Pour le prix d’une Clio de milieu de gamme, on peut s’offrir un des sommets du luxe, de la technologie et de la puissance d’il y a vingt ans. C’est tentant, mais avant de craquer pour une Bentley Continental GT, mieux vaut prendre ses précautions…
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Bentley Continental GT est-elle collectionnable ?
Rarement un modèle a-t-il joué un rôle aussi crucial que celui de la Continental GT dans la relance d'une marque. Enorme succès commercial, ce coupé aussi sophistiqué que luxueux est devenu l'icône des stars hollywoodiennes, un peu comme la Mercedes SL R107 trente ans avant elle. Elle a donc imprimé toutes les rétines, de sorte qu'elle profite d'une demande constante, et donc ne perd pas de valeur. En somme, c'est une auto historique qui constitue un bon placement, pour peu qu'elle soit bien achetée. La disparition programmée du thermique ne fait que renforcer l'attrait pour les gros moteurs comme celui de cette anglaise de sang allemand.
La bataille a fait rage entre BMW et Volkswagen quand il s’est agi de racheter Rolls-Royce/Bentley à Vickers à la fin des années 90. Le groupe de Wolfsburg, sous la férule du redoutable Ferdinand Piëch, a fini par arracher la marque Bentley en 1998. Dans sa rage faire monter en gamme les marques qu’il contrôle, Piëch a besoin du blason anglais, à l’aura incomparable. Il a son plan pour le raviver, un plan simple : le partage de plateformes. Ça fonctionne très bien pour toutes les autres voitures de son groupe, alors pourquoi pas pour l’hyperluxe ?
Car en ce domaine, Piëch nourrit des ambitions démesurées pour VW : doter cette marque d’une limousine capable de défier Mercedes et BMW. Ce sera la Phaeton, présentée en 2002. Puis il y aura le Touareg et, sur la même base, la Bentley Continental GT. Comme les VW, cette dernière bénéficie d’un énorme moteur W12 de 6,0 l, en fait l’assemblage de deux VR6.
Mais, dans la Bentley, il se voit suralimenté par deux turbos, portant la puissance au chiffre monstrueux de 560 ch. Toujours comme sur les VW, la transmission se fait aux quatre roues, via un différentiel central Torsen, alors que la boîte auto à six rapports provient de chez ZF. Le tout se drape d’une carrosserie à deux portes dessinée sous la férule du Belge Dirk van Braeckel, qui s’est inspiré du superbe coupé Continental de 1952.
Présentée au salon de Paris 2002, la GT stupéfie les observateurs, de par sa combinaison savoureuse de haute technologie et de luxe traditionnel. Cette 2+2 de 2,4 tonnes dépassant les 300 km/h rencontre d’emblée un succès inattendu, surtout que la politique de partage des organes a permis de réduire ses frais de développement à 500 millions de livres Sterling.
En conséquence, la Continental GT est proposée bien moins cher que les autres Bentley, tout en offrant des prestations plus avancées. 172 300 €, soit 228 400 € actuels selon l’Insee, cela reste certes énorme, mais les bons de commande affluent.
La Continental GT évolue une première fois fin 2004, en se dotant du pack Mulliner apportant des jantes de 20 pouces, ainsi qu’un cockpit présenté différemment. Des versions plus puissantes apparaissent, d’abord la Speed (610 ch), fin 2007, à l’occasion d’une mise à niveau (allègement de 35 kg, suspension et direction revues, calandre modifiée), ensuite la Supersports fin 2008 (630 ch). Fin 2010, la Continental GT de première génération tire sa révérence, produite à près de 23 000 exemplaires, sa remplaçante étant révélée au Mondial de Paris.
Combien ça coûte ?
En cherchant bien, on se dégotte une Continental GT à 25 000 € en bel état. Evidemment, elle approchera les 200 000 km. A 29 000 €, on peut en trouver qui s’en tiennent à 150 000 km et à 32 000 €, des autos de moins de 100 000 km s’offrent à vous. En augmentant la mise à 40 000 €, le kilométrage peut chuter aux alentours de 50 000 km.
En ajoutant 20 000 €, vous accédez à une Speed, la Supersports exigeant encore 15 000 € supplémentaires. Des prix sujets à grandes variations en fonction de l’état et de la configuration de l’auto. Ah, léger détail : la puissance fiscale s’élève à 51 cv, à prendre en compte au moment d’établir la carte grise…
Quelle version choisir ?
Une 560 ch suffit largement, tant par son luxe que sa puissance. On préférera les modèles post-2005, à la fiabilité améliorée.
Les versions collector
Toute Continental GT (ou CGT en abrégé, c’est assez amusant…) en parfait état d’origine est un collector, surtout à faible kilométrage. Mais dans le genre, les rares Supersports s’imposent, à un tarif toujours prohibitif…
Que surveiller ?
Fondamentalement, la Bentley Continental GT est une auto très robuste. Le moteur et la boîte ne connaissent pas de faiblesse particulière, non plus que la carrosserie, le châssis ou encore la sellerie, réalisée avec des cuirs de haute qualité. RAS donc ?
Pas vraiment. Durant les premières années, ces coupés ont souffert de nombreux problèmes électriques, touchant au frein à main automatique, à la fermeture du coffre, aux divers capteurs (mécanique, suspension). Et, bien sûr, tout coûte cher à réparer ! Certains exemplaires ont pâti d’infiltrations d’eau dans l’habitacle, et là, ce sont les boîtiers électroniques qui prennent. Le risque est alors de se retrouver avec une facture de plus de 10 000 €…
La suspension souffre du poids de la belle : vérifiez l’état des silentblocs et surtout des jambes de force pneumatiques. Si elles fuient (ce qui est heureusement rare), attention, chacune coûte près de 1 300 €.... Les énormes disques de frein coûtent, eux aussi fort cher, tout comme les bobines, au nombre de 12, tout comme les bougies, à changer tous les 4 ans. Tous les 5 ans, ce sont les capteurs de pression des pneus qui rendent souvent l’âme, voire les deux batteries.
On l’aura compris, l’entretien courant est lui aussi très onéreux, et ne doit absolument pas être négligé. En clair, mieux vaut, et de très loin, acheter une Continental très kilométrée mais à l’historique limpide, plutôt qu’un exemplaire ayant peu roulé mais ne disposant pas de preuves de maintenance, tout en sachant que la moindre pétouille coûte une fortune.
Sur la route
L’habitacle de la Bentley Continental GT est une pure merveille de luxe, de qualité et d’élégance. Tout ce qu’on touche est chic, à l’image des somptueux aérateurs chromés, ou des peausseries soigneusement choisies. Les sièges, réglables électriquement en tous sens, procurent un confort exceptionnel, et on n’a pas assez d’une journée pour décrire tout l’équipement. Au démarrage, grondement lointain : c’est le W12, pas si mélodieux. Dès qu’on roule, on se réjouit de l’excellente filtration de la suspension, de la douceur de la mécanique et de cette sensation d’être isolé de la plèbe en Porsche. Car on a beau se trouver dans un coupé, on est assis plus haut que dans la moyenne des berlines.
Sur route, le moteur coupe le souffle par sa puissance, alors que le comportement routier donne l’impression que rien ne peut vous arriver. On peut même augmenter la garde au sol grâce à la suspension pneumatique, au cas où, ou à l’inverse rabaisser et affûter la voiture si on veut rouler un peu sportivement.
L’auto est pataude, mais rassure comme aucune autre, et se moque complètement de l’état de la chaussée, voire de la météo. Un confort total, une sécurité totale, bref une voyageuse fabuleuse. En revanche, la Bentley, lourde et encombrante, n’est pas à son aise sur petite route sinueuse, et n’accueillera pas les passagers arrière avec beaucoup d’espace. De surcroît, elle est bien incapable de tomber sous les 15 l/100 km, même en conduite tranquille…
L’alternative youngtimer
Bentley Turbo R (1985 – 1997)
Apparue comme sa jumelle, la Rolls-Royce Silver Spirit, en 1981, la Bentley Mulsanne a droit, contrairement à elle à un turbo dès 1982. Mais le châssis n’a pas été adapté au surcroît de puissance. Pour cela, il faut attendre la Turbo R (pour Roadholding, tenue de route), en 1985. Bien plus efficace et freinant plus fort, la R permet d’exploiter une puissance estimée à 300 ch et un couple d’au moins 50 mKg. Elle se signale par ses jantes en alliage et son spoiler avant. Du jamais-vu chez Bentley !
En 1986, elle reçoit l’ABS et en 1988, adopte des doubles projecteurs circulaires. Fin 1991, la boîte auto gagne un 4e rapport, et deux ans plus tard, les jantes passent de 15 à 16 pouces, cependant qu’un double airbag est installé. D’autres modifications interviennent en 1995 : calandre abaissée, aux jantes de 17, boucliers avant et arrière redessinés, montage d’un antipatinage, puissance en hausse officielle : 385 ch D’ultimes retouches sont apportées en 1996, puis la Turbo R est retirée en 1997. En tout, 4 458 unités ont été produites en châssis court et 1 524 en châssis long. A partir de 17 000 €.
Bentley Continental GT (2003), la fiche technique
- Moteur : 12 cylindres en W, 5 998 cm3, deux turbos
- Alimentation : injection électronique
- Suspension : jambes McPherson, double triangulation, ressorts pneumatiques pilotés, barre antiroulis (AV) ; multibras, ressorts pneumatiques pilotés, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 6 automatique, quatre roues motrices
- Puissance : 560 ch à 6 100 tr/min
- Couple : 650 Nm à 1 600 tr/min
- Poids : 2 350 kg
- Vitesse maxi : 318 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 4,8 s (données constructeur)
> Pour trouver des annonces de Bentley Continental GT, rendez-vous sur le site de La Centrale.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération