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Accident de Pierre Palmade : une loi aurait-elle pu l’empêcher ?

Dans Faits divers & Insolite / Justice

Jean Savary

Ce drame doit-il déboucher sur un nouvel article du Code de la route ? Ou inciter à se poser d’autres questions. Pourquoi la consommation de cocaïne augmente-t-elle ? 

Accident de Pierre Palmade : une loi aurait-elle pu l’empêcher ?

Une semaine après l’accident, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est déclaré dans une interview du Journal du dimanche d’hier, favorable au retrait des 12 points du permis de conduire « pour toute personne qui conduit alors qu’elle a consommé de la drogue ». Une sanction qui n’intervient actuellement qu’en cas de récidive.

Permettez que je vous raconte une autre histoire
Vendredi soir, Muriel Robin quitte son domicile des Yvelines pour se rendre avec deux copines à un dîner. Dans une ligne droite, le pneu arrière droit éclate, elle perd le contrôle de sa voiture et en percute une autre arrivant en face. Bilan, trois blessés graves. On découvre que la comédienne circulait depuis une bonne semaine avec une roue galette, vraisemblablement sous gonflée.
Gérald Darmanin propose que ce type de roue soit désormais interdit en France, devienne un motif de contre-visite au contrôle technique et que la gendarmerie soit autorisée à fouiller les coffres pour constater sa présence. Qui deviendrait une contravention de quatrième classe.

Ou encore une autre.
Vendredi soir, Michelle Laroque quitte son domicile de l’Yonne avec deux copines pour assister à un concert. Dans une ligne droite, elle fait un gros écart et percute un véhicule arrivant en face. Bilan, trois blessés graves. Sa passagère raconte que la comédienne, fortement enrhumée et à la recherche d’un kleenex, s’était retournée pour attraper son sac à main, posé sur la banquette arrière.
Gérald Darmanin se montre hésitant. Sur BFM TV, il envisage d’abord que l’on interdise la conduite sous l’emprise d’un rhume. Le lendemain, dans une interview au Figaro, il propose qu’il soit désormais prohibé de poser des effets personnels « susceptibles d’être utilisés quand on est au volant » sur la banquette arrière. Et demande aux services d’homologation européens d’étudier l’obligation d’un crochet à sac aux places avant « pour que ces dames aient tout ce qu’il leur faut à portée de main », déclenchant par ces mots une énorme vague de protestation de la communauté LGBTQ+ et les moqueries de ses collègues ministre.

600 morts par an sur la route à cause des stupéfiants

Accident de Pierre Palmade : une loi aurait-elle pu l’empêcher ?

À chaque drame sa loi, ainsi va la législation française.
Attention, je ne veux pas exonérer Pierre Palmade de son écrasante responsabilité ni minimiser la tragédie vécue par ses victimes. Et encore moins relativiser la gravité de l’acte de conduire sous l’emprise d’une quelconque cochonnerie.
Juste dire que l’émotion est mauvaise conseillère, l’indignation parfaitement vaine et le plaisir de s’essuyer les pieds sur le destin d’une célébrité assez dégoûtant.
Et me demander si l’affaire aurait fait un tel bruit si un parfait anonyme tout aussi encocaïné avait été au volant.

La réponse, évidemment négative, est fournie par Gérald Darmanin dans le JDD : « environ 600 personnes meurent chaque année dans des accidents de la route liés aux stupéfiants ». Et aucun de ces décès n’a jamais occupé des soirées entières sur les chaînes d’info.
La question n’est donc pas « comment a-t-on pu laisser conduire Pierre Palmade notoirement accro à la cocaïne et autres produits licites ou illicites ? ». Des artistes notoirement camés ou poivrots au volant, il y en a toujours eu et cela n’a jamais fait d’ombre à leur succès. La question est pourquoi de plus en plus de gens s’en mettent dans la narine ? Pourquoi est-ce en France que ce fléau est le plus répandu ?
En France, on dénombrerait 600 000 consommateurs réguliers de cocaïne, soit plus de 1 % de la population adulte, loin derrière le cannabis consommé lui par 11 % des Français adultes, plus de dix fois par mois pour un quart d’entre eux.
En Europe, le nombre de personnes déclarant ayant expérimenté la fameuse poudre blanche a été multiplié par quatre en vingt ans. Comme ceux du cannabis, ses prix, de 50 à 70 euros le gramme, sont fortement orientés à la baisse – preuve que le produit traverse de plus en plus facilement nos frontières - et sa pureté et donc sa puissance, nettement à la hausse. Sans parler de la facilité d’achat : la livraison s’effectue désormais à domicile, aussi simplement que pour une Pizza.

Plus que l’impuissance de tous les pays occidentaux à l’endiguer, c’est cette explosion de la consommation qui est choquante, ce qu’elle dit de nos sociétés et solidarités.

L’échec de la guerre à la drogue

En attendant, que fait la police ? De l’avis de tous les experts et de nombre de fonctionnaires eux-mêmes, elle écope à la petite cuiller ce déluge de coco et de chichon.
Les tonnages produits ne cessent d’augmenter : l’Afghanistan est redevenu une immense plantation de pavot et le Maroc n’a jamais pu empêcher les paysans du Rif de faire du haschisch leur culture de prédilection. En Colombie, premier producteur mondial de cocaïne, le président récemment élu vient de dresser un accablant constat d’échec de la « guerre à la drogue » qui aurait fait un million de morts en Amérique latine en cinquante ans. Au point qu’il envisage d’y renoncer.
Quant aux trafiquants, ils semblent avoir toujours un coup d’avance sur les pandores et douaniers qui n’interceptent qu’une portion dérisoire du flux.

Accident de Pierre Palmade : une loi aurait-elle pu l’empêcher ?

Impuissante à freiner la hausse de la consommation, la police ne peut que tempérer son usage sur la route.
Toujours selon Gérald Darmanin, le nombre de tests salivaires aurait doublé en 2022, soit 800 000 qui se sont avérés positifs dans 16 % des cas, cinq fois plus souvent que pour les dix à douze millions de tests d’alcoolémie qui « seraient » pratiqués chaque année et ne débouchent sur un PV que dans 3 % des cas.
J’emploie le conditionnel, car je doute de ce chiffre. Personnellement, avec un kilométrage annuel très au-dessus de la moyenne je n’ai, en 40 ans au volant ou au guidon, soufflé que trois fois dans le ballon puis l’éthylomètre et jamais déposé une goutte de salive sur une quelconque bandelette.

Bref, on pourra bien monter cette année le nombre de tests salivaires au million comme le promet le ministre, et retirer leur permis à des gus ayant partagé un joint trois ou quatre jours plus tôt, cela n’empêchera pas que se renouvelle ce genre de drame, un people en moins et des victimes en plus.
S’il y a quelque chose à faire pour réduire la casse, dans la société comme sur la route, je crois qu’il est plus urgent de soigner ceux qui s’y adonnent et d’abord de communiquer sur ce qu’est vraiment la cocaïne, ses ravages en termes de santé et son caractère hautement addictif à rebours de l’idée reçue.
Et pour cela, point besoin d’un nouvel article du Code de la route, il suffit d’une ligne dans un budget.

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