Abarth Punto (2008-2014) : renaissance réussie, à partir de 6 500 €
Joliment présentée, mue par des blocs pétulants et nantie d’un châssis efficace, l’Abarth Punto reprend de la valeur sur le marché de l’occasion, les petites sportives étant vouées à disparaître.
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi l’Abarth Punto est-elle collectionnable ?
Seule et unique sportive du segment B badgée Abarth, la Punto bénéficie d’une préparation en bonne et due forme. Surtout dans ses variantes Essesse et Scorpione ! Celles-ci n’étaient d’ailleurs pas vendues en tant que telles mais sous forme de kit, soumis à homologation. Relativement peu répandues, ces Punto ne manquent pas de qualités et incarnent une catégorie envoie de disparition, à cause de l’électrification de l’offre. Par ailleurs, ce genre de petite bombe étant en Crit’air 1, elle ne sera pas interdite de circulation avant longtemps. À soigner sans plus tarder !
Après avoir galvaudé le blason Abarth, le Groupe Fiat, qui en est propriétaire, décide d’en refaire une marque à part entière. Fini les voitures ternes hâtivement frappées du scorpion, désormais il ne s’agira que de vraies sportives ! Refondée en 2007, Abarth sort son premier modèle à la fin de cette année-là. Évidemment, il ne s’agit pas d’une auto spécifiquement conçue, mais d’une Fiat Grande Punto en tenue de sport.
Et dûment préparée ! Sous le capot, la citadine joliment dessinée par Giugiaro récupère l’excellent bloc 1.4 T-Jet apparu un an auparavant, en 120 ch. Désormais, il développe 155 ch, tandis que la suspension est de la Punto adaptée : assiette abaissée de 10 mm, ressorts durcis de 20 % et voies élargies de 6 mm. Pour leur part, les freins bénéficient d’étriers fixes à deux pistons à l’avant.
Ce n’est pas une sportive radicale, comme peut l’être une Renault Clio RS (surtout à près de 1 200 kg !), mais une petite conciliant polyvalence et plaisir quand on a envie d’attaquer. De surcroît, l’Abarth Grande Punto est proposée à un tarif intéressant : 17 990 € (20 600 € actuels selon l’Insee). À ce prix, le look radical, les jantes alliage de 17, les sièges renforcés, la clim, la sono et l’ESP sont de série.
Pour ceux qui souhaitent une auto plus affûtée, Abarth propose deux kits. Le premier, facturé 4 000 €, l’Assetto Corsa, apporte une suspension affermie et abaissée, des freins renforcés Brembo, ainsi que des jantes blanches de 18 pouces. Le second, l’Esseesse, facturé 5 750 €, ajoute à tout ceci un nouveau turbo. Signé Garrett et non plus IHI, il souffle à 1,5 bar au lieu de 1,3, et se voit complété d’un filtre à air sport, de nouveaux injecteurs, d’un échappement de plus gros diamètre et d’une cartographie revue. Conséquence, la puissance passe de 155 à 180 ch, et le couple de 230 à 270 Nm. Les performances progressent : le 0 à 100 km/h est exécuté non plus en 8,2 s mais en 7,5 s pour un maxi porté de 208 km/h à 215 km/h.
L’Abarth Punto fait sa petite carrière, certes éclipsée dès 2008 par sa petite sœur plus charismatique Abarth 500. En 2009, en application des recommandations de Sergio Marchionne qui, s’il dirigeait le Groupe Fiat, ne comprenait pas forcément bien le produit, la Grande Punto est restylée, devenant Punto Evo.
Elle perd ainsi son principal argument de vente : son look craquant de petite Maserati… Dommage, car son habitacle est judicieusement redessiné, alors que sous le capot se glisse la nouvelle distribution Multiair, portant la puissance du 1.4 à 135 ch.
La déclinaison Abarth débarque en 2010, cette fois forte du bloc Multiair développant165 ch pour 250 Nm, cependant que les trains roulants sont revus. Malgré un équipement incluant désormais la clim auto bizone et le régulateur de vitesse, le prix demeure raisonnable, à 19 400 €. Un kit Essesse revient fin 2010, qui s’en tient à 180 ch et 270 Nm. En 2012, Fiat, ayant compris son erreur de restylage qui a fait plonger les ventes, remanie son ancien cheval de bataille et le renomme simplement Punto.
Curieusement, l’Abarth ne bénéficie de ces retouches esthétiques, mais une Supersport de 180 ch remplace la Esseesse en 2012 (sans en reprendre la suspension), accompagnée de la Scorpione, une série limitée à 199 unités dotée d’amortisseurs Koni FSD. La 165 ch disparaît à l’occasion, suivie de la Supersport en 2014, dans l’indifférence générale. La Punto, qu’elle se nomme Fiat ou Abarth, ne sera jamais renouvelée, alors qu’elle fut la meilleure vente d’un géant italien décidément clairvoyant…
Combien ça coûte ?
L’Abarth Grande Punto débute à 6 500 € en bel état, mais à plus de 150 000 km. À moins de 100 000 km, comptez plutôt 9 000 €, et encore 2 000 € supplémentaires à 50 000 km. L’Abarth Evo réclame au minimum 2 000 € supplémentaires.
Quant aux variantes Essesse/Supersport, elles sont environ 3 000 € plus onéreuses que les versions standard. Pour sa part, la Scorpione ne se déniche pas à moins de 15 000 €.
Quelle version choisir ?
Toutes sont intéressantes, mais de par sa judicieuse actualisation et son prix encore raisonnable, la 165 ch semble la plus homogène.
Les versions collector
Entre toutes, ce sont les Essesse et Scorpione, plus rares et radicales que les autres. Mais il faut qu’elles aient un kilométrage modéré et se présentent dans un état parfait. Pas courant.
Que surveiller ?
Mécaniquement, les Abarth Punto sont très robustes à condition d’avoir été bien entretenues. On note toutefois quelques défaillances du système Multiair sur les premières Evo : en cas de ratés ou d’hésitations du moteur, méfiez-vous et préparez-vous à payer 1 000 € de réfection au bas mot. L’emploi d’une huile très fluide limite la probabilité d’avarie.
En revanche, la boîte semble plus solide sur les Evo que sur les Grande Punto (leur unité M32 a des soucis de roulements, sauf si on la vidange à temps). Contrairement à ce que veut la réputation affectant les italiennes, ni l’électricité ni l’électronique ne posent de gros problèmes. Par ailleurs, les pannes d’assistance de direction, assez fréquentes sur les premières Fiat Grande Punto, ne semble pas affecter les Abarth.
Évidemment, comme pour toute petite sportive, examinez bien l’état des pneus, silentblocs de suspension, jantes et freins, ces derniers coûtant cher sur les Essesse.
Au volant
L’Abarth Punto Evo semble moins défigurée par le restylage que les Fiat, grâce à ses boucliers spéciaux. Dans l’habitacle, on apprécie la belle habitabilité, la finition très convenable et surtout l’excellente position de conduite. Dès les premiers tours de roue, la direction semble trop légère et affectée d’un rendu assez artificiel. La pédale de frein s’avère molle et le moteur, souple mais paisible. Pas très sportif. Mais, à la base du levier de vitesse se trouve une sorte de Manettino. Je sélectionne le mode ‘Sport’ : le moteur se réveille, la direction s’affermit et l’emprise de l’ESP (non déconnectable) se relâche.
Moins linéaire que dans la Mito, le bloc sonne sympathiquement, dévoile un sacré punch dès 2 200 tr/min et monte jusqu’à 6 500 tr/min dans une sonorité plaisante. Joli caractère !
Surprise, le train avant se montre mordant, et si on lève le pied en appui, l’arrière se place. Du surcroît, dans les épingles, l’Abarth accepte de pivoter au frein à main. En sortie, le TTC (le différentiel à glissement limité artificiel) bonifie la motricité et réduit presque à néant les effets de couple. De son côté, l’amortissement plutôt sautillant à allure modérée augmente sa qualité de filtration avec la vitesse, tout en contenant bien les mouvements de caisse. Du bon travail !
L’adhérence abonde, même sur le mouillé, du coup, l’Abarth transforme le ruban sinueux en partir de plaisir, même si son châssis ne rivalise pas avec celui d’une Clio III RS. En somme, une petite sportive étonnamment plaisante, et au moins aussi à l’aise en conduite sportive qu’au quotidien. Elle boit toutefois un peu trop : de 7,0 l/100 km en conduite normale à près de 20 l/100 km quand on y va fort (sur circuit).
L’alternative youngtimer
Fiat Uno Turbo ie (1985-1993)
En 1985, la Uno affronte la 205 GTI, nantie d’un 1,3 l d’un turbo extrêmement bien adapté. Ce bloc de 105 ch se montre performant, progressif et fiable. Malheureusement, insuffisamment développé, le châssis n’encaisse pas une conduite vraiment sportive, hésitant trop entre sport et confort, alors que la motricité part vite en fumée. Dommage, car l’italienne en remontre à la française, surtout en reprises. Elle pousse son avantage en 1989. Restylée dans le style de la Tipo, la Uno adopte, dans sa version Turbo ie, un 1,4 l de 118 ch particulièrement virulent. Les performances confinent à l’exceptionnel, la suralimentation étant toujours aussi réussie, mais le comportement routier, faute d’améliorations probantes, perd toute forme d’homogénéité ! Perdant quelques chevaux lors du passage au catalyseur en 1992, la Uno Turbo ie termine sa carrière sans recevoir les évolutions qu’elle méritait. À partir de 8 500 €.
Abarth Punto Evo (2011), la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 368 cm3
- Alimentation : injection, Multiair, turbo
- Suspension : jambes Mcpherson, triangles, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AV), essieu de torsion, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 6 manuelle, traction
- Puissance : 165 ch à 5 500 tr/min
- Couple : 250 Nm à 2 250 tr/min
- Poids : 1 185 kg
- Vitesse maxi : 213 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 7,9 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des Abarth Punto d'occasion, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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