Cinq ans après le "krach" boursier de 1929, la crise économique poursuit ses ravages et le monde ressemble de plus en plus à une poudrière. Une année noire pendant laquelle la France n'est guère épargnée. récession, chômage, scandales politico-financiers et montée des ligues factieuses. Dans ce climat empoisonné, un homme usé par les soucis financiers et miné par la maladie va tenter son dernier pari industriel.
André Citroën est un joueur. Un joueur redoutable capable d'accepter tous les bancos avec autant d'audace que décontraction, de rafler la mise sans triomphalisme ou de tout perdre avec panache. En moins d'une décennie, il s'est bâti un empire industriel en osant les solutions techniques les plus ambitieuses et les plus hardies mais n'a jamais su lui donner des assises financières solides. Toujours sur le fil du rasoir auprès de ses créanciers, la société Citroën est encore plus durement touchée par la crise que ses concurrents directs, Renault et Peugeot. Pour inverser la tendance, Citroën décide de frapper un grand coup et de lancer un modèle révolutionnaire qui relèguera ses rivaux à plusieurs longueurs. Pressé par le temps, il donne 18 mois à son bureau d'étude pour concevoir la voiture la plus innovante de son histoire. Le projet "PV" (petite voiture) réalisé sous la direction de l'ingénieur André Lefebvre doit couper tous les ponts avec le passé. Ce sera une traction avant à carrosserie tout acier monocoque autoporteuse dotée de suspensions à quatre roues indépendantes et animée par un moteur quatre cylindres à souspapes en tête. Légère et basse, elle va afficher une tenue de route inédite et exemplaire sur laquelle s'échafaudera sa réputation. La Traction a 20 ans d'avance mais elle arrive trop tard pour sauver la société de la liquidation financière d'autant que les premiers modèles commercialisés vont souffrir d'innombrables problèmes de jeunesse. Deux ans plus tard, la Traction connait le succès mais André Citroën n'est plus là pour savourer son triomphe. La maladie l'a emporté en juillet 1935.
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