Surréalisme
Ne nous emballons pas, quand j'écris « elle flingue » c'est pour être raccord avec le film d'Audiard mais dans la réalité, rien n'est aussi violent. Et d'ailleurs au ralenti ou aux allures usuelles, cette Wraith a tout d'une Rolls Royce et étonne par son silence. Pourtant son V12 6,6l ne manque pas de coffre et lorsqu'on lui demande d'ouvrir les vannes, il le fait sans faire semblant et dans un râle étonnamment sonore. Le 0 à 100 km/h est annoncé en 4,6s, ce qui ne signifie plus grand chose aujourd'hui si ce n'est qu'elle accélère très suffisamment pour déborder 85% de la production automobile. Une Aston Martin DB9 ou une Audi R8 V8 font le même chrono, une BMW 650i Gran Coupé et une Mercedes A45 AMG également. La Ghost qui n'offre « que » 570 ch est battue mais pas larguée quand même (4,9s). L'intérêt réel de ce type de chrono est de s'imaginer pouvoir coller aux basques de toutes ces « sportives » confortablement installé dans son cocon précieux à hauteur respectable (l'assise reste haute pour coller aux principes du « sans effort » cher à la marque). Dans les faits, l'accélération est assez fascinante car on atteint très vite des vitesses hallucinantes sans en avoir jamais conscience. Sauf peut-être au moment où le limiteur coupe l'injection à 250 km/h et aussi quelques dizaines de km/h plus tôt, lorsque la direction durcit de façon assez peu naturelle.
Cette direction a été calibrée plus directe, ce qui n'était pas compliqué à faire tant la démultiplication et l'assistance sont énormes sur une Ghost et encore plus sur une Phantom. Il y a encore du travail à faire pour connecter le conducteur à la route mais dans les grandes enfilades rapides, grâce à son train avant qui accepte enfin d'infléchir le cap de ce gros paquebot, la Wraith peut maintenir un rythme surprenant. Hors autoroute, c'est aussi bluffant et même si on a gagné en précision de placement, c'est finalement l'étroitesse des routes secondaires qui va vous obliger à ralentir le rythme. Par contre, les gros freinages suivis d'une épingle ne sont pas son fort, le poids prend assez vite le dessus sur les capacités des disques et étriers avant et sur le pouvoir d'adhérence des gommes. Notez quand même que contrairement aux autres Rolls Royce, cette Wraith accepte d'être libérée de ses chaperons électroniques et que les plus audacieux arriveront même à faire un peu de fumée avec. Pour notre part, nous nous sommes contentés de jauger sa philosophie de suspension assez étonnante.
Dynamic Carpet
Bien qu'elle soit pneumatique et potentiellement « pilotable », la suspension de la Wraith n'offre pas de mode Sport, ni aucun réglage d'ailleurs. Tout le monde n'est pas d'accord sur le sujet mais pour ma part, j'y vois un bien, celui de devoir calibrer pour les metteurs au point une suspension efficace sur toute la large plage de vitesse atteinte qui offre un ressenti plus progressif, plus naturel que les équivalents pilotés trop souvent caricaturaux. Je trouve par exemple une Bentley moins « fignolée » sur ce plan. Ici, la Wraith conserve à basse vitesse tout le confort que l'on attend d'une telle auto tout en offrant un pouvoir directionnel jusqu'à un rythme très soutenu. La prise de roulis est conséquente mais on ne ressent pas de transition marquée dans la compression, on perçoit ainsi bien mieux la limite à ne pas dépasser. Bref, la Wraith répond là aussi à une philosophie, je dirais même à un idéal que la concurrence n'approche pas. En extrapolant, on pourrait presque dire que là où une Bentley à tendance à dévoiler légèrement ses origines, la Rolls Royce reste indiscutablement « british ». Jamais brutale, toujours souple, toujours forte et surtout sans sans aucune goutte de transpiration. C'est d'ailleurs pour respecter ce concept du « sans effort » que la boîte de vitesse ne fonctionne qu'en mode automatique pur. Impossible de jouer avec des palettes au volant ou même avec le levier, s'il existe bien une adaptation de la gestion de boîte au parcours, elle se fait de façon invisible grâce au système SAT (Satellite Aided Transmission) couplant boîte et GPS, un système inédit que je détaille à la page suivante.
En parlant de « gouttes », on notera que la consommation de ce V12 6,6l n'explose pas malgré l'embonpoint et les performances délivrées puisque en réclamant très souvent le maximum de puissance (pas de compte-tours dans une Rolls mais un indicateur de réserve de puissance), nous avons consommé autour de 16 à 17l/100 km, ce qui n'est pas très éloigné des 14l/100km homologués en cycle combiné.
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