Nous avons interrogé à ce sujet, le Docteur Jean-Jacques Issermann, médecin fédéral de la Fédération Française du Sport Automobile.
"Un pilote qui a fumé du haschich prend un trou de souris pour une ouverture de tunnel". Docteur Jean-Jacques Issermann
Caradisiac : Existe-t-il vraiment un dopage dans le sport automobile ?
Dr Issermann : Oui et non car il y a deux niveaux. Dans le haut niveau comme la F1, on n’a jamais eu réellement de cas positif, si ce n’est des bêtises comme trop de café. En revanche, au niveau national, le danger réside dans l’habitude des jeunes, surtout dans le kart, de fumer un joint de temps en temps.
Dans la vie quotidienne, chacun fait ce qu’il veut, mais dans le sport automobile, le cannabis provoque par exemple des réactions violentes et de l’agressivité. La personne peut donc être dangereuse pour elle-même et pour les autres.
Néanmoins, je ne pense pas que l’on prenne du haschich pour se doper au sens premier du terme, mais peut-être pour se donner un peu de courage.
Caradisiac : Que se passe-t-il quand on est malade et qu’on doit prendre un produit interdit ?
Dr Issermann : Dans la mesure où la santé l’exige, il n’y a aucun problème. Pour des problèmes de fond comme l’asthme, il n’y a aucun souci. Il faut juste prévenir sa fédération nationale. Si c’est épisodique, il faut informer les autorités avec une ordonnance avant la course. En revanche, le dire le jour du contrôle n’est pas normal.
Caradisiac : Le cas de Tomas Enge est-il significatif ?
Dr Issermann : Il est vrai que cela est plus courant aujourd’hui qu’avant car il s’agit d’un phénomène de société. Le cannabis est beaucoup plus répandu et tout dépend de la législation du pays. Ainsi, c’est autorisé aux Pays-Bas et interdit en France.
Vu qu’il y a de plus en plus de personnes qui fument du cannabis quotidiennement, il est donc logique de retrouver cette substance dans nos disciplines.
Caradisiac : Quels sont les dangers du cannabis ?
Dr Issermann : Avant tout, il faut savoir que le cannabis est un produit qui laisse des traces très longtemps dans le sang. Ainsi, si vous fumez un joint par exemple le 31 décembre, vous serez encore positif le 20 janvier.
Au niveau des effets, le cannabis provoque une hyper agressivité et une perte du contrôle de ses limites. Concrètement, le pilote qui est sous son emprise prendra un trou de souris pour une ouverture de tunnel. Un comportement très dangereux.
Caradisiac : Le cannabis est donc un "vrai" dopant ?
Dr Issermann : Effectivement, il est considéré comme une matière interdite par les instances dirigeantes du sport ; néanmoins, il ne faut pas le comparer avec des drogues plus dures comme la cocaïne ou l’héroïne. Ces dernières entraînent souvent l’onirisme, un sentiment de surpuissance, de facilité et de calme. On prend donc de la cocaïne pour améliorer ses capacités, ce qui n’est pas forcément le cas du cannabis.
Caradisiac : Le dopage qui est peut-être présent dans le sport auto n’a donc rien à voir avec celui pratiqué dans les autres sports ?
Dr Issermann : Absolument rien. Se doper en sport automobile, c’est dangereux et idiot car cela ne sert à rien. Ce n’est pas une question de force physique pure. Il est donc inutile de modifier ses globules rouges ou d’ingurgiter des hormones. Le vrai dopage en sport auto, c’est au niveau de la voiture qu’il a lieu avec des essences additivées ou des irrégularités mécaniques.
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