La M6 est une Dream Car


C’est inédit, nous nous livrons aujourd’hui à un nouvel exercice : la prénostalgie. Cette expérience sera vécue à travers une virée qui a pour but de nous faire regretter un évènement annoncé mais pas encore réalisé, un passé futur en somme. La seconde génération de BMW Série 6, la E63, est née en 2004, 15 ans après l’extinction de la première. Ce coupé dessiné sous l’ère Bangle s’inspire très directement du concept Z9 dont l’auteur est Adrian Van Hooydonk, alors jeune designer chez BMW-Design Works en Californie. A l’époque, il ne le sait pas encore mais c’est lui qui succèdera à l’emblématique patron du style du groupe allemand.


Les Virées Caradisiac : BMW M6, Dinosaur King

Le Concept Z9 qui a inspiré la poupe à étage controversée de la Série 7 E65 est nettement plus à son avantage en configuration Coupé et même si cette Série 6 n’a pas la grâce de son prédécesseur tracé par Paul Bracq, elle a su imposer son style qui s’apprécie de loin comme de près dans les détails. Il y a de grandes chances pour que dans une quinzaine d’années, la Série 6 E63 devienne un collector recherché. Et peut être encore plus dans sa variante M.


La M6 est arrivée sur le marché en 2005 peu de temps après sa cousine M5 dont elle reprend les entrailles et notamment le V10 5.0l de 507 ch et 520 Nm de couple ainsi que la transmission SMG III robotisée. Si la M5 est la berline du quadra/quinqua père de famille n’ayant pas renié ses penchants pour la conduite musclée une fois la famille déposée, la M6 est le coupé du même quadra/quinqua mais qui aurait déposé sa famille pour toujours et qui, déchargé de ses engagements maritaux, repart en chasse. Une M5, c’est esthétiquement transparent et cela n’attire pas le regard de grand monde mis à part les aficionados intégristes et les chauffeurs de taxi alors qu’une M6 permet d’exprimer sa volonté de plaire et son goût pour le raffiné en même temps que l’importance de son compte en banque tout en laissant entendre qu’on est doté d’une virilité en rapport avec le loooong capot avant et ce qu’il est supposé abriter. Les grandes autos, c’est assez simple : quand il y a un grand capot, c’est pour un célibataire, quand il y a un grand coffre, c’est pour un père de famille ! Inconsciemment, nous le savons tous et toutes .


Reste que les marketeux du M ont bien travaillé en n’offrant pas à la M6 le côté un brin vulgaire de la M3 qui, il est vrai, s’adresse à une classe d’âge différente forcément plus exubérante.


La fin d'une époque


Les grandes autos, c’est assez simple : quand il y a un grand capot, c’est pour les célibataires, quand il y a un grand coffre, c’est pour les pères de famille.

Il est encore possible d’acheter une M6 V10 à ce jour (à partir de 125.150€) mais paradoxalement, elle appartient déjà au passé puisque sa production a cessé au cours de l’été, sa remplaçante étant prévue d’ici quelques mois avec un V8 Biturbo sous la pédale de droite. Plus que la M6 qui existera toujours, c’est l’ère des moteurs atmosphériques à haut rendement qui est révolue, tuée par les normes qui traquent exclusivement et assez aveuglément les seuls rejets CO2. Dans ces conditions, il est impossible de tirer plus de puissance de ces moteurs non suralimentés sans augmenter la consommation (donc les émissions) et comme il apparait que la course au cheval est toujours incontournable d’un point de vue marketing, il est temps de dire adieu au V10 atmosphérique qui a fait une part de la renommée de la Division M de BMW.


Nous virerons donc aujourd’hui avec un futur dinosaure répliqué à un peu plus de 9000 exemplaires en 5 ans pour la version Coupé et plus de 5000 en cabriolet. Le théâtre de cet essai hors norme est le circuit Paul Ricard du Castellet lors d’une session à succès des Pirelli P Zero Expérience.


Notre monture est un peu spéciale puisqu’il s’agit d’une rare (100 exemplaires au total) et exclusive Compétition Edition célébrant la fin de vie de la M6. Ce modèle particulier est couvert d’une teinte précieuse à tous les sens du terme puisqu’il s’agit du fameux Frozen Grey, un joli gris mat qui ne serait pas des plus faciles à entretenir mais qui s’assortit bien au noir du toit carbone spécifique aux M qu’on aime. La sellerie cuir bi-ton, les tapis de sol et les placages en laqué noir sont spécifiques, tout comme les réglages châssis qui cherchent à optimiser le comportement. Ainsi l’amortissement est repensé d’où un abaissement général (-10mm à l’avant et - 12 mm à l’arrière) alors que l’équipement pneumatique est confié à Pirelli qui chausse cette M6 de P Zero Corsa (285/35 ZR 19 AR et 255/40 ZR 19). Le tout est facturé la bagatelle de 146.000 euros, 5 exemplaires seulement sont réservés à la France.


Les Virées Caradisiac : BMW M6, Dinosaur King


Alors, la BMW M6 est-elle un gentil diplodocus ou un méchant T-Rex ?