Nés en 1959, les essais préliminaires se sont hissés rapidement au niveau des rites incontournables précédant la cérémonie des 24 Heures. Véritables institutions comme le fameux pesage, ces journées marquaient souvent l'entrée en lice de nouvelles voitures et instituaient déjà une première hiérarchie.
Disputés quelques fois sous les premiers rayons de soleil du printemps ou le plus souvent sous une pluie froide d'avril, les essais préliminaires ont été institués en 1959 par l'ACO. Ils devaient permettre aux constructeurs d'adapter leur matériel aux contraintes spécifiques du tracé, de faciliter la connaissance du circuit aux pilotes débutants et d'offrir à l'organisateur l'opportunité de rôder ses structures d'accueil ou d'apprécier les modifications du tracé. Ces essais organisés en avril, soit près de deux mois après la traditionnelle ouverture de la saison d'endurance à Sebring, puis Daytona, donnaient ainsi lieu à la première véritable confrontation sur le continent européen entre les principaux protagonistes du Championnat du monde. Assez inégales, ces séances ont connu leur âge d'or entre 1963 et 1971.
1959/63 : Ferrari à la parade
Organisée le 26 avril 1959, la première séance d'essais préliminaires de l'histoire se déroule en deux mi-temps de 3 h et 3 h 30 et attire 19 voitures. Sous des averses fréquentes, Phil Hill parvient tout de même à approcher le record établi par Hawthorn (3'58''7) en tournant en 3'59''3 avec une Ferrari Testa Rossa. Mêmes scénarios les quatre années suivantes avec Ferrari qui affirme chaque fois sa suprématie et son rôle de favori aussi bien avec ses prototypes que ses GT, face à une opposition en ordre dispersée. En 1963, 8 des 11 meilleurs temps seront réalisés par des Ferrari et Mike Parkes sur une 330 Lm sera le premier à franchir la barre mythique des 300 km/h sur les Hunaudières.
1964/67 : Ford arrive
En 1964, les essais prennent soudain une toute autre dimension. Public et observateurs spécialisés se pressent pour assister aux débuts des Ford GT 40. La logistique Ford est déjà impressionnante, les voitures inspirent le respect mais elles sont bien trop neuves pour troubler la sérénité des prototypes Ferrari qui établissent un nouveau record. L'année suivante, Ford a gagné à Daytona et de débutant devient outsider. Le duel avec Ferrari monte en régime et déjà chaque confrontation, même lors d'essais, fait figure d'événement. Une séance endeuillée par l'accident de Lucky Cassner au volant d'une Maserati, marque aussi la fin de la présence de la marque au trident. En 1966, Ford vient pour gagner Le Mans et ses moyens semblent illimités. Paralysée par des grèves, l'équipe Ferrari est absente et pour la première fois, le meilleur temps des essais préliminaires échappe à une voiture rouge. Chris Amon bat le record avec la nouvelle Ford J mais l'ambiance est lourde dans le clan américain après l'accident mortel de Walt Hansgen sur une Mark II. Ferrari reprendra son bien en 1967 avec une superbe P4, mais ce ne sera qu'un simple baroud d'honneur face aux surpuissantes Ford MkIV pendant la course.
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