Normalement, vous devez avoir lu le pitch de départ alléchant sur la page précédente et je préfère vous le dire tout de suite : rien dans cette journée ne sera parvenu à me décevoir ! Il faut simplement oublier l'idée qui a émergé dans la tête de certains (dont moi) d'utiliser le 'Grand' Circuit du Paul Ricard car le stage se déroule sur le tracé de l'ancien Circuit École où quelques générations de pilotes ont usé leur semelle de bottines au sein de l'école Winfield attribuant le volant Elf. Donc, pas de Signes, ni de double droite du Beausset au programme, il faudra se contenter de ce que l'on a à disposition et qui finalement n'est pas si mal.
Pour préserver la santé physique des pilotes et le parc automobile d'Audi, les vitesses atteintes sur ce tracé assez varié ne dépassent qu'une seule fois les 200 km/h. C'est suffisant pour casser du petit bois me direz-vous mais finalement, les run offs et dégagement asphaltés du circuit réduisent grandement les risques. C'est d'ailleurs ce qui permet à ce stage d'être exceptionnel puisque durant toute la journée, jamais vous n'aurez un moniteur à votre droite. Il n'y a qu'en fin de journée qu'il s'assiéra avec vous mais à votre gauche cette fois-ci, pour un baptême classique où il aura le volant entre les mains (oui enfin pas toujours)
Comme dans un rêve
Mais avant tout ça, la journée débute sur le coup de 8h en plein cœur de la ZI de Signes, dans les locaux d'Oreca qui organise les stages Audi Driving Expérience.
Les 2 moniteurs à la tonalité joviale et bon enfant sont franchement moins stressés que la majorité des participants. Leur bonne humeur va vite devenir contagieuse. Les stages accueillent entre 10 et 15 personnes par session pour 5 autos disponibles. Les autos sont régulièrement renouvelées, ce qui nous vaut le droit de nous glisser au volant d' Audi R8 V10 flambantes remplaçant les V8 utilisées jusque là. Je n'ai trouvé personne pour s'en plaindre...
Après un briefing envoyé un peu moins vite que le café croissant qui le précède, tout le monde grimpe dans les autos alignées devant la salle de réunion pour rejoindre le circuit par la route (5 mn pas plus). Juste le temps de se rendre compte qu'une Audi R8 en mode confort avale pas mal de nids de poule et autres racines sans vous pilonner la colonne, ce qui, combiné avec l'espace intérieur généreux, en fait une auto largement utilisable au quotidien. Pas le votre (pour la majorité), ni le mien malheureusement.
La journée s'annonce typiquement varoise (ensoleillée), l'arrivée et l'entrée sur le site du HTTT est presque solennelle. Les V10 ronronnent calmement au passage des barrières, les plus impatients tentent une première accélération vite stoppée par l'ouvreur qui roule à une allure de sénateur. Avec 34 caméras de contrôle, ce n'est pas le moment d'énerver la direction de piste. Arrivés au Satellite One situé au bout du circuit, les groupes formés quelques minutes plus tôt embarquent dans un minibus pour reconnaître les lieux qui dans le silence et la lumière rasante du matin sont à couper le souffle. L'alignement d'Audi R8 V10 fait aussi son petit effet et nous partons ensuite pour un premier atelier : freinage en bout de ligne droite.
Les cônes sont disposés pour donner les repères, les conseils sont prodigués à la volée et nous engageons chacun notre tour des séries de 3 ou 4 passages jugés en live via les talkie-walkie par les 2 moniteurs placés à la corde (même pas peur). C'est le moment où tout le monde se jauge, tout le monde se catalogue. Les apprentis pilote émergent tandis que les fans sans expérience cherchent à mettre tous les conseils dans l'ordre avant d'arriver à signer un bon passage. Chez certains les sourires se crispent, chez d'autres ça s'étire jusqu'aux oreilles.
Pris au Radar
C'est quand la tension est montée d'un bon cran que les moniteurs décident d'en rajouter une couche en sortant les cellules radar. Là, pas question de ralentir au contraire. L'objectif est de vous faire comprendre que pour aller vite, il faut savoir sacrifier une entrée de courbe pour s'offrir une bonne vitesse de sortie surtout lorsqu'une longue ligne droite suit. Etonnamment, je réussirai mes meilleurs passages en boîte manuelle. L'âge peut-être ... Reste qu'avec le radar, vos sensations sont confirmées où au contraire vos certitudes s'effilochent à chaque affichage. Pour bien faire, je pense qu'une deuxième cellule placée en bout de freinage rendrait le verdict totalement juste. Mais ne boudons pas notre plaisir, ceci est extrêmement rare dans le domaine du stage de pilotage.
Tout ça n'était pourtant qu'un début.
La matinée s'achève avec une série qui annonce le programme de l'après midi : Tours libres ! Le circuit comportant 4 ou 5 virages différents, on pouvait s'inquiéter de la suite des évènements en imaginant des ateliers pour chaque courbe. Sympa mais frustrant. Mais ce que personne n'osait espérer se produit alors qu'il n'est pas encore midi : le reste de la journée sera constitué de tours libres. Au total, 4 séries de 7 tours du circuit avec pour seul compagnon, son courage, son savoir, ses maladresses, le talkie et surtout une Audi R8 V10 de 525 ch et plus de 146.000 euros entre les mains ...
Autant dire que le repas de midi au Panoramic Club ne traîne pas en longueur. L'après-midi se déroule bien sûr beaucoup trop vite. Les tours de piste libres reprennent et on se rend compte que la digestion n'aide pas à la performance. Puis petit à petit on (re)prend ses marques grâce aux quelques séances de débriefings avec les moniteurs postés sur le circuit et notant nos travers. Les tours s'enchainant, l'ESP devient de plus en plus castrateur à mesure que les passages s'améliorent. Même avec le Magnetic Ride activé et le mode Sport enclenché qui autorise une dérive plus marquée, les entrées en courbe rapide sont régulièrement freinées, les réaccélérations sont jugulées et ne permettent pas de profiter de l'équilibre assez joueur de cette diablesse d'Audi R8.
On en vient alors à vouloir entièrement déconnecter le barda électronique, ce qui est possible techniquement mais interdit par les moniteurs. L'envie est grande mais les seuls à avoir bravé l'interdiction étant partis en tête à queue au premier virage venu, je resterai avec mes frustrations et ne tenterai pas le diable. La journée s'achèvera classiquement par un baptême qui, comme d'habitude, a le mérite de recadrer les optimistes en leur montrant que pilote ça ne s'improvise pas en une journée aussi bonne soit la voiture. Et pour être bonne, l'Audi R8 V10 est réellement bonne ...
Le retour sur la ZI de Signes bien après 17h vous laisse un goût amer car vous savez maintenant que l'époque des supersportives inconduisibles, inconfortables, intimidantes et réservées aux vrais pilotes n'existe plus et qu'il est désormais possible de prendre un pied énorme au volant d'une auto extraordinaire en une seule petite journée sans être pour autant Jenson Button. Vous n'êtes peut-être pas devenu un pilote mais le plaisir était au rendez-vous. C'était un bonheur palpable, une vraie émotion, concrète et physique, pas seulement psychologique comme c'est trop souvent le cas dans les stages de pilotages traditionnels. C'est d'ailleurs ce qui fait l'attrait de cet Audi Driving Expérience.
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