Les malheurs de la Ford J
Exploitant toutes les possibilités offertes par la nouvelle annexe J du code sportif international, cette dernière fait appel aux matériaux les plus sophistiqués du moment, employés notamment dans le domaine aérospatial. Construit en totalité dans l'usine Kar Kraft de Dearborn, le châssis monocoque est composé d'un "sandwich" aluminium/nid d'abeille, aussi rigide que la coque acier de la Mk II, mais ne pesant que 47 kg. Propulsée par le V8 "427" (7 litres) vu sur la MK II développant 480 ch, la "J", qui dispose dans un premier temps d'une boîte automatique à deux rapports, débute aux essais du Mans en avril 1966. Elle réalise le meilleur temps, mais jugée instable à haute vitesse et manquant visiblement de mise au point, elle est remisée au profit des Mk II. Modifié pendant l'été, le modèle "J" se montre cette fois supérieure à la Mk II, mais elle manque toujours d'appui et les pilotes la juge dangereuse. L'accident mortel dont sera victime Ken Miles à Riverside met un terme provisoire au programme, d'autant que les raisons de l'accident ne seront jamais élucidées.
En janvier 1967, c'est donc une troisième version de la "J" qui réapparaît dans les mains de Mario Andretti et de Bruce McLaren. En dépit du talent de metteur au point de ce dernier, la "J" affiche non seulement une grande instabilité, mais également un net déficit en vitesse de pointe sur l'anneau. Dans ce contexte, les impressionnants chronos réalisés par la Ferrari P4 ne sont approchés et le programme "J" est à nouveau suspendu. L'état major de Ford n'est pourtant pas vraiment inquiet et pense refaire tout simplement le "coup du Mans" lors des prochaines 24 heures du Daytona : jouer en surnombre et essouffler les Ferrari. Cette fois, ce sont les MkII qui vont manquer de souffle et avec 6 des 7 voitures contraintes à l'abandon, la prestation des Ford tourne à la débâcle. En dépit d'une puissance portée de 485 à plus de 500 ch, les Mk II commencent à avouer leur âge et souffrent d'un net excédent de poids après le montage d'un "arceau-cage" de sécurité et de protections contre l'incendie. Elles sont désormais surclassées par les Ferrari et si le réveil est difficile pour Ford, l'analyse est lucide et objective. Tirant les conséquences de son échec, Ford décide de réactiver dans l'urgence le programme "J" et une nouvelle fois, l'intervention de l'équipe de Carroll Shelby va se montrer décisive. Sous la direction de Phil Remington, la "J" subit pendant cinq jours des essais intensifs en soufflerie et après avoir testé 25 configurations différentes, elle reçoit une nouvelle forme de carrosserie qui est aussitôt moulée.
Début mars, la nouvelle "J" affronte la Mk II et prend cette fois nettement l'avantage. Les principales différences portent sur la ligne : le museau est abaissé et allongé, les flancs affinés, le capot moteur allongé et mieux profilé reçoit une lunette arrière conventionnelle et les grosse prises d'air latérales sont désormais intégrées aux portières. Le châssis J-04 modifié à son tour pour débuter à Sebring prend alors l'appellation Mk IV, par un simple raccourci phonétique, mais aussi pour oublier tous les mauvais souvenirs liés à la "J".
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