Elle ne fut ni la plus belle, ni la plus prestigieuse des Ferrari lancées à l'assaut du Championnat du monde des marques. Conçue trop vite, arrivée trop tard et abandonnée trop tôt, la 512 a laissé une image un peu floue et des souvenirs doux-amers. Face à la toute puissance de Porsche, Ferrari eut au moins le mérite de relever le défi et de se poser en véritable challenger. Même si l'issue de ce combat était trop rarement incertaine, le spectacle tint toutes ses promesses et les performances connurent une escalade sans précédent. Ainsi malgré un destin contraire, les Ferrari 512 restent liées à jamais à la gloire des Porsche 917 et à la magie d'une époque.
A l'aube de l'année 1969, un vent nouveau souffle sur le Championnat du monde des marques.
Après avoir mis les constructeurs au pied du mur fin 1967 en condamnant les "gros" prototypes, la CSI joue la carte de l'apaisement. Certaines contraintes mesquines datant d'un autre âge sont abrogées pour les prototypes et désormais, il suffira de construire 25 exemplaires (au lieu de 50) pour homologuer un modèle en catégorie Sport. Porsche s'engouffre immédiatement dans la brèche et s'empresse de développer sa 917 qui surclasse en puissance toutes ses rivales de l'époque.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, Ferrari décide à son tour de franchir le pas. Tout en continuant à dénoncer l'ineptie et les contradictions de la réglementation, le "Commendatore" s'est vu pratiquement dans l'obligation de riposter. Fiat qui a pris une participation majoritaire dans le capital de la firme de Maranello au printemps 1969, ne peut laisser le champ libre à son grand rival Volkswagen qui entretient alors des rapports très étroits avec Porsche. Tout va aller très vite. Le projet 512 (5 litres/12 cylindres) reçoit le feu vert en avril 1969 et une première voiture apparaît en novembre de la même année ! Dans un laps de temps aussi bref, les ingénieurs italiens travaillant sous la direction de Mauro Forghieri ne se lancent pas dans des recherches d'avant-garde et le mot d'ordre qui prévaut à la conception de la 512 est la simplicité. Gage de rapidité, c'est également une qualité qui compte aux yeux des clients... Le châssis sera donc réalisé selon la technique "aéro" combinant un châssis tubulaire avec des panneaux d'aluminium rivetés et habillé d'une carrosserie fermée dont le dessin s'inspire largement de celui du prototype 312 P de 1969. Côté moteur, c'est le gros V12 de 6,2 litres utilisé sur la barquette 612 Canam de 1968 qui va servir de base à la réalisation du bloc 5 litres.
Développant d'emblée 550 ch, le V12 Ferrari à double ACT et culasse à 48 soupapes est nettement plus moderne que le flat 12 Porsche, mais il accuse un handicap en matière de poids comme en encombrement. Malgré les traditionnelles grèves dans l'industrie italienne qui retardent la production, les 25 exemplaires sont néanmoins achevés juste à temps pour être homologuer le jour même du départ des 24 heures de Daytona, première épreuve du Championnat 1970.
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