Essai - Audi A6 Avant 2,0 TDI 190 Ultra : supertanker

Sortie en début d'année 2011, l'Audi A6 de quatrième génération baptisée C7 est sortie en 2011 et a subi un léger restylage dont le groupe Volkswagen a le secret en fin d'année dernière. S'il faut un œil affuté pour distinguer les évolutions esthétiques, on ne peut nier par contre la refonte totale de son offre moteur, en essence comme en diesel. Parmi les nouveaux venus, on note l'arrivée d'un 2,0 l TDI délivrant 190 ch de 3 800 à 4 200 tr/min et 400 Nm de 1 750 à 3 000 tr/min permettant à l'imposante berline d'annoncer une consommation mixte de 4,3 l/100 km et 4,5 l/100 km (113 et 118 g/km de CO2) en version break Avant, et même respectivement 4,2 l et 4,4 l/100 km (109 et 114 g/km de CO2) en ajoutant la boîte double embrayage S tronic 7 contre 2 300 € supplémentaires. De tels chiffres lui permettent d'ailleurs de décrocher le label « Ultra » maison signalant les Audi les plus sobres. Rappelons enfin que, satisfaisant aux normes Euro 6, ce moteur n'est a priori pas concerné par ce qu'on appelle « l'affaire Volkswagen ».

Sur le papier, le plat favori de cette A6 ainsi motorisée, c'est donc une grande assiette d'autoroute avec juste une pincée de stations-service, et rien de mieux qu'un Paris/Strasbourg/Paris en une seule journée et en plein mois d'août pour en déterminer véritablement le confort et l'appétit. Notre modèle d'essai est en finition haut de gamme Avus s'échangeant contre la bagatelle de 59 240 € et reçoit de plus de nombreuses options dont les sièges ventilés (525 €). Audi Drive Select - le réglage de la direction, du moteur et de la transmission livré de série - sur « efficience », une playlist soigneusement choisie sur mon lecteur MP3 branché sur les 180 W du système audio, la navigation programmée et régulateur fixé sur la vitesse maximale autorisée, je m'élance donc sur l'interminable A4 en direction de l'est. À 130 km/h, le moteur est à 2 200 tr/min en septième et se fait totalement oublier. Le silence est en effet impressionnant, avec des bruits d'air et de roulement brillant par leur absence donnant l'impression de se déplacer dans un cocon doublé de coton. Cette isolation sonore semble toutefois filtrer parfaitement les fréquences les plus hautes mais un peu moins les basses, notamment les imperfections de la route transmises dans l'habitacle, qui, ainsi séparées des autres et au milieu du silence, sautent parfois aux oreilles. Gageons cependant qu'une monte pneumatique un peu moins extrême que celle de notre modèle d'essai en 255/40R19 pourrait nettement améliorer les choses.

190 ch paraissent juste suffisants pour emmener les 1 725 kg annoncés sur la balance mais les 400 Nm et la boîte S tronic toujours prête à dégringoler quelques rapports en cas de besoin assurent des reprises vigoureuses, le temps de combattre un soupçon d'inertie.

1 000 km plus tard, me voilà arrivé frais comme un gardon, ce qui est une première victoire pour l'A6, mais il reste encore le verdict de la dernière visite à la station-service. L'ordinateur de bord annonce un prometteur mais évidemment optimiste 5,0 l/100 km, puisque la pompe à essence révèle, elle, un 5,7 l/100 km de moyenne, ce qui reste tout de même diablement impressionnant pour un tel colosse.

Une fois sorti de l'autoroute cependant, une brève incartade sur le réseau secondaire montre les limites de cette A6 en conduite dynamique comme on pouvait s'en douter, avec une souplesse de suspension validant définitivement un compromis allant largement plus vers le confort que vers la précision et l'efficacité, et une direction ne remontant que très peu d'informations.

Confort et consommation validés, le postulat de départ est donc satisfait. Cependant, ce n'est pas la seule à recevoir cette sobre mécanique, puisque sues cousines Volkswagen Passat et Skoda Superb en profitent notamment aussi, ce qui soulève un premier problème. L'Audi A6 est en effet développée sur la plate-forme MLB destinée aux modèles à moteur longitudinal tandis que ces cousines de Wolfsburg et de République Tchèque le sont sur la MQB, faite pour accueillir des mécaniques en position transversale. Ces choix ne sont pas des problèmes en soi, mais ont une importante influence sur le poids final, en plus des éléments de confort supplémentaires ajouté à l'Audi. Ainsi, avec le même moteur et une transmission double embrayage, l'A6 Avant démarre à 1 660 kg contre 1 506 kg pour la Passat SW et 1 555 kg pour la Superb Combi, ce qui impacte directement les performances comme vous pouvez le voir dans le tableau ci-dessous. La berline aux anneaux se rattrape cependant avec des consommations malgré tout sensiblement inférieures grâce à sa boîte présentant un rapport supplémentaire.

Second problème, l'A6 Avant a beau faire 4 943 mm de long, son volume de coffre, que ce soit en configuration cinq places ou banquette arrière rabattue, est notablement inférieure à ceux de la Volkswagen (4 767 mm) et de la Skoda (4 861 mm). Enfin, et c'était prévisible, elle fait payer ses services 5 000 € plus cher que la première et 10 000 € plus cher que la seconde.

Comparaison des modèles du groupe Volkswagen de taille similaire dotés du moteur 2,0 l TDI 190

Il y a aussi la question de l'équipement. L'A6 Avant 2,0 TDI 190 Ultra démarre donc à 47 740 € avec la boîte S tronic 7 et en finition Ambiente qui comprend entre autres sellerie tissu, jantes en 17 pouces, régulateur de vitesse, radar de proximité avant et arrière, climatisation automatique, système audio CD MP3 avec 10 haut-parleurs et Bluetooth, projecteurs Xenon, feux de jour à LED et rétroviseurs électriques et dégivrants. Une dotation respectable, mais le tarif de l'entrée de gamme d'Audi est déjà supérieur à ceux des hauts de gamme Carat Edition (46 110 €) et L&K (42 690 €) de chez Volkswagen et Skoda, avec notamment de série sellerie cuir, jantes de 18 pouces, caméra de recul, climatisation trizone, navigation, sièges avant électriques et chauffants et phares directionnels. La tchèque embarque de plus suspensions pilotées et toit ouvrant panoramique tandis que la Passat profite d'un régulateur de vitesse adaptatif et d'un combiné d'instruments entièrement digital.

Cependant, la Passat et la Skoda ont certes fait d'énormes progrès en matière de qualité perçue, de raffinement et de silence par rapport aux générations précédentes, mais elles restent cependant un large cran en dessous de l'Audi comme on pouvait s'y attendre et comme on imagine bien que le groupe Volkswagen l'a soigneusement calculé. Dans les finitions supérieures, l'A6 peut de plus bénéficier d'équipements de série ou en option auxquels n'ont pas droit les deux autres, comme par exemple les feux Matrix ou la vision nocturne. Enfin, si son volume de coffre est inférieur, c'est parce que dans le compromis qui doit être fait avec l'habitabilité, c'est cette dernière qui a eu ici la priorité, comme le montre l'empattement de 2 912 mm, contre 2 791 mm pour la Volkswagen et 2 841 pour la Superb.

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Une fois qu'elle a rejoint son monde plus huppé du premium, l'Audi A6 Avant 2,0 TDI 190 S tronic 7 Ultra se montre alors tout à fait compétitive. Si elle ne peut lutter avec le dynamisme supplémentaire et les performances de la BMW 520d Touring Steptronic 8, sa concurrente la plus proche, elle est cependant un léger cran au dessus en termes de confort, de consommations et de volume de coffre, le tout à un tarif inférieur à équipement équivalent.

Comparaison de l'Audi A6 Avant 2,0 l TDI 190 S Tronic à la concurrence directe