La publicité n’a probablement jamais autant fait le nid de la vitesse que dans les années 70 et 80. Rappelez-vous par exemple de cette incroyable publicité qui met en scène une Peugeot 205 qui, accrochée à un parachute, tombe sur un lac glacé. La vitesse est alors aux premières loges des films d’action et des publicités. Il y en a pour tous publics, même pour les enfants. Il semble bien que ce message subliminal porte encore aujourd’hui ses fruits. Lorsque l’on vous interroge via un sondage sur Caradisiac, 1 % seulement d'entre vous pensent au mot « accident » quand on évoque la vitesse, 14 à la compétition, 28 à la rapidité. Pourtant, au cours de ces fameuses années où la vitesse était reine, on dénombrait plus de 10 000 morts sur les routes chaque année contre moins de 5 000 aujourd’hui !


Jean pascal Assailly, docteur en psychologie à l’Institut National de Recherche sur la Sécurité Routière, pointe une certaine hypocrisie qui explique pourquoi la vitesse séduit encore alors qu’on la sait dangereuse : « C’est un paradoxe. Le monde de la sécurité routière diabolise la vitesse sur la route alors que partout ailleurs elle est valorisée. Dans les transports même, où l’on se réjouit par exemple qu’un TGV se déplace à 300 km/h, mais également dans le monde du travail où il est demandé de produire toujours plus vite ». Les constructeurs ont beau avoir fait évoluer leur discours - en témoigne notre interview dans la vidéo ci-dessus de Jean-Michel Juchet, directeur de la communication de BMW en France – rien n’y fait, la vitesse reste une tentation, même si nous sommes tous contraints de lever le pied au regard des sanctions mises en place.

Selon Emmanuel Pages, docteur en psychologie à l’Université d'Albi, il ne peut d’ailleurs en être autrement. En montant dans sa voiture, on revêt un masque selon le type de voiture que l’on conduit. Dans une sportive par exemple, on endossera le costume d’un homme rapide, vif, gommant ainsi les différences sociales.

Finalement, on ne serait peut-être pas forcément coupables de nos inavouables désirs de vitesse, ce qui pour autant ne doit pas nous conduire à être des automobilistes irresponsables sur la route.

Enquête vidéo exclusive - La vitesse fait-elle encore débat ?

En ce qui concerne la notion de vitesse illégale dans les publicités, Jacques Chirac et François Mittterrand, candidats à l'élection présidentielle de 1988 préfèrent la concertation avec les constructeurs. Ni l'un ni l'autre n'interdiront ce type de publicité.



Enquête vidéo exclusive - La vitesse fait-elle encore débat ?

Jean-Michel Juchet, directeur de la communication de BMW – France :

«La vitesse est passée au deuxième voire troisième rang des préoccupations des développements d'une voiture, au profit du confort et de la sécurité ».



Enquête vidéo exclusive - La vitesse fait-elle encore débat ?

Jean-Pascal Assailly, docteur en psychologie à l’Institut National de Recherche sur la Sécurité Routière : « La sécurité routière diabolise la notion de vitesse alors que quasiment dans tout le reste de nos vies, la vitesse est extrêmement valorisée ».



Enquête vidéo exclusive - La vitesse fait-elle encore débat ?

Emmanuel Pagès, docteur en sociologie à l’Université d'Albi: 

« La voiture est un prolongement de l'automobiliste tel qu'il est dans la société. Il choisit la voiture qui correspond à sa hiérarchie sociale, à ses ambitions, à ce qu'il veut montrer. On le voit avec les marques premium qui permettent aux conducteurs de se distinguer ».