Il aurait dû être en 1982 le premier champion du monde français. A la veille du Grand Prix d'Allemagne, cinq courses avant l'échéance, il a fait le vide autour de lui et semble plus solide que jamais. Le 2 août, sous le déluge, la Ferrari 28 n'est plus qu'une carcasse disloquée. Et Didier Pironi, les traits ravagés par une intolérable douleur sait que son rêve vient de se briser.
Jamais encore, un pilote n'avait aussi intensément programmé sa vie, son mental et sa carrière vers cet objectif suprême. A 30 ans, il respire la force de l'âge et la maturité. Voilà dix ans exactement qu'il se forge ce destin avec une tranquille assurance mais au prix d'une détermination inouïe. Sous son aspect d'éternel adolescent au visage tacheté de son, timide et réfléchi, se cache un tempérament de bagarreur et de fonceur. Un curieux mélange de force et de sensibilité, d'intelligence et de rêve fous, d'orgueil et de lucidité. De ce dédoublement, il se forgera un extraordinaire équilibre qui canalisera sa fascination pour la vitesse en métier et son goût de vaincre en ambition suprême. Très jeune, cette volonté s'exprime dans la pratique du sport. Il se façonne ainsi un physique d'athlète et complète son éducation par l'apprentissage de la rigueur et de l'effort plutôt que par des études qui ne l'intéressent guère. Dans cette famille aisée d'entrepreneurs en travaux publics, son avenir semble tout tracé, bac technique en poche. Pourtant, si Didier est fils unique, il a été élevé sous le même toit que son cousin José Dolhem. De six ans son aîné, celui-ci a commencé a courir dès 1964 sur une Lotus Seven aligné dans la Coupe des Provinces. Didier est alors de tous les déplacements, rencontre d'autres apprentis pilotes comme Patrick Depailler ou Jean-Pierre Jarier et contracte logiquement le virus de la compétition. Ce sera d'abord la moto, dès 16 ans, mais le projet de disputer le Bol d'Or sur une Kawasaki avec Jean-Claude Guénard, se voit opposer un véto maternel. Pour la voiture, le climat familial sera plus propice. José a déjà essuyé les plâtres et ses premiers succès ont éveillé l'intérêt du "clan". Guidé autant par son sens des responsabilités que par fierté, Didier ne conçoit de courir pour le seul plaisir et encore moins de payer. A l'instar de José, lauréat du Volant Shell en 1969, il décide de suivre les cours de pilotage du circuit Paul Ricard. Pour lui, la réussite au Volant Elf constitue la condition sin qua non pour accéder à la compétition, au même titre que le diplôme d'ingénieur en travaux publiques qu'il s'est imposé de réussir avant d'assurer la succession dans l'entreprise familiale. Plus sérieux, plus motivé et sans doute mieux préparé par son environnement que les autres candidats, Didier enlève haut la main le second Volant Elf en novembre 1972.
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