Touristes néerlandais, français, routiers, motards, des dizaines d’automobilistes vont défiler devant notre camion affublé d’une grande banderole «promo carburants». Dès le matin, les affaires commencent bien, puisque nous avons nos premiers clients peu après notre installation : des touristes néerlandais, ravis de l’aubaine. Ils ne parlent pas français mais qu’importe, ils ont bien vu les chiffres annoncés, et cela leur suffit. Trop heureux, ils avisent leurs collègues, qui ne se font pas prier non plus. À ce rythme, nous n’aurons jamais assez d’essence pour tenir jusqu’au soir... Il est dix heures du matin.
Le trafic automobile est composé principalement d'automobilistes étrangers ; cela n’empêche pas quelques autochtones de s’arrêter. Bientôt arrivent nos premiers Français. Loin de s’offusquer de notre offre, ils nous encouragent : “Vous avez raison, y en a marre d’être les vaches à lait de l’État !” Un point de vue partagé par des chauffeurs-routiers, intrigués par notre semi-remorque affublé de sa banderole “Promo carburants”. Ils nous apportent leur soutien moral, faute de pouvoir se ravitailler en totalité chez nous.
Plusieurs encouragements viendront même de gens qui ne feront pas le plein chez nous. Ainsi, un conducteur de 206 Hdi nous dira : “C’est trop bête, j’ai déjà fait le plein ! si j’avais su...” Une phrase que nous aurons l’occasion d’entendre deux ou trois fois dans la journée.
Il n’y a pas de profil type parmi nos clients. Il y en a de tous les âges. Il a également toutes sortes de véhicule, du familial au monospace sans oublier les petites citadines. Des hommes chargés de l’entretien des espaces verts viendront même nous aborder, pour avoir leur part du précieux liquide. Il nous arrivera aussi, au cours de cette journée, de renseigner des conducteurs sur un itinéraire sans embouteillages. Certains vacanciers étaient même prêts à nous laisser un pourboire non négligeable ! De quoi nous mettre dans l’embarras, mais aussi nous prouver que le pompiste a encore la cote d’amour dans le public ! Un motard, le seul de la journée, viendra faire son plein sur notre emplacement, très sympa et visiblement heureux de pouvoir se ravitailler à si bas prix.
Bien sûr, le but de notre opération n’était pas de vendre de l’essence, même à prix bradé (nous avons offert à chacun quelques litres de carburant).Mais bien d’offrir à la vue des automobilistes notre drôle de banderole et de discuter avec eux des prix des carburants. Le temps de l’amusement passé, tous nous ont montré combien les carburants constituaient une part importante de leur budget vacance. On comptabilise au plus près ses dépenses de carburant de son lieu de départ à son lieu de villégiature et pas question de faire des détours. Ah, si on ne payait pas la TIPP…
Quelques grincheux
Paradoxalement, et contre toute attente, nous avons eu aussi affaire à quelques sceptiques. Ainsi, parmi les centaines de gens qui se sont arrêtés sur l’aire ce jour-là, quelques uns ont bien vu notre installation et sa banderole, mais ne se sont pas arrêtés. Qu’est-ce qui a pu motiver cette crainte ?
Deux exemples nous donneront un début d’explications.
Le premier est un homme d’une cinquantaine d’années, dans une 406. Il s'approche et engage la conversation : “Elle n’est pas frelatée, votre essence ?” Voilà ! le mot est lâché. Dans l’esprit de nos interlocuteurs, si c’est aussi peu cher, c’est qu’il y a un Quelques grincheuxpiège quelque part.
Plus tard, un jeune couple nous aborde et nous pose plein de questions : “Mais comment faites-vous ? Vous êtes sûrs de la qualité de votre essence ? On ne risque rien ?” Nous leur donnons toutes les garanties, allant même jusqu’à leur faire renifler le carburant. S'ils semblent convaincus, ils ne se laisseront pas tenter pour autant !
Autre situation, celle de cette dame respectable qui nous demande de façon très digne :
– “Je ne risque rien ?”
– “Non, non, c’est de la bonne essence !”
– “Ce n’est pas ce que je voulais dire. Je ne risque rien avec le fisc ?”
Là, nous nous contentons de lui répondre : “Pas vu, pas pris, une fois dans le réservoir, comment reconnaître notre sans-plomb de celui que vous allez payer à plein tarif ?” L’argument a porté, la dame conclura sobrement : “C’est parfait !”
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