A deux doigts du championnat du monde
Il recule ses limites pour tenter d’imposer un matériel inférieur à celui de ses maux et, incidents mécaniques ou non, il connaît une impressionnante série de sorties de route et d’accidents tant en F1 qu’au volant des prototypes 312 PR. Sa réputation de pilote dangereux le rattrape à nouveau. Fin 1972, Ferrari, au creux de la vague, le libère le temps d’une saison et il entre chez BRM. 1973, au volant d’une P160 a bout de souffle sera l’une des ses pures saisons, une pôle en Argentine et puis plus rien. Il enrichit cependant son expérience technique au contact de l’école anglaise en matière de réglages. Lorsqu’il revient chez Ferrari fin 1973 en compagnie de Niki Lauda, son jeune équipier de chez BRM, tous deux tentent de convaincre l’ingénieur Forghieri de travailler à l’anglaise sur la nouvelle B3. Pour la première fois depuis longtemps la Ferrari F1 n’est plus seulement qu’un moteur monté sur quatre roues ! Superbement efficace, la B3 ramène Ferrari sur la voie du succès. Regazzoni menace Emerson Fittipaldi pour le titre mondial mais perd toutes ses chances lors de l’ultime GP à Watkins Glen par la faute d’amortisseurs défaillants.
Le rêve passe mais n’empêche pas Clay de dormir. Il est heureux. Il a réalisé un vieux rêve de gosse en triomphant sur le Nürburgring ! A une époque où la F1 se professionnalise. Regazzoni ne change en rien ses habitudes. Il fait son métier avec le sérieux requis, mais les séances d’essais privés l’ennuient comme les contraintes exigées par les sponsors. Il ne veut cultiver que l’esprit plaisant de son sport. Alors les victoires se font plus rares et lorsqu’il voit arriver Routemann XXX chez Ferrari, il sait bien qu’il y a un pilote de trop.
Un vrai pilote court toujours !
Clay Regazzoni a 37 ans. Il a passé sept saisons en F1 et sa passion est intacte. Alors, il n’hésite pas en quittant Ferrari à signer pour Ensign, une minuscule équipe britannique où l’enthousiasme remplace l’argent. Il se bat désormais pour une qualification une place d’honneur ou terminer simplement. Des temps forts que lui seul sait apprécier, qui lui valent l’estime du public et son retour dans une équipe compétitive en 1979. Ainsi, il a 40 ans lorsqu’il offre à Williams sa première victoire en F1 au GP d’Angleterre. Derrière sa grosse moustache, il savoure son triomphe sur le podium. Le "vieux Rega" sait encore gagner et aller vite en signant des records du tour. A la fin de saison, Frank Williams ne renouvelle pourtant pas son contrat. Clay accepte sans sourciller de repartir avec une équipe de second plan mais ne veut pas simplement faire acte de présence. Il retrouve Ensign dont les finances autorisent cette fois un travail de développement et surtout la fourniture de bons moteurs Cosworth. L’équipage ne fait effectivement pas de la figuration. A Long Beach, Clay et son Ensign font une bonne course lorsque soudain sa pédale de frein casse Comble de malheur, l’échappatoire est déjà encombrée par la Brabham de Zumino qui vient d’abandonner. Le choc est effroyable. L’avant de l’Ensign est désintégré, Clay est vivant mais la colonne vertébrale est touchée. Opéré d’urgence et sauvé, il est ensuite victime d’erreurs et d’incompétences qui l’empêcheront à jamais de remarcher. Quelques années plus tard. On le revoit piloter grâce à un ensemble électronique de commandes manuelles. Le handicap et l’immobilité ne sont pas pour lui. Il ouvre une école de pilotage pour handicapés, participe à deux éditions du Paris-Dakar et aux 12 heures de Sebring en 1995– Un vrai pilote court toujours se plaît-il aujourd’hui à répéter.
GRANDES DATES
1939 : naissance le 5 septembre de Gian-Claudio Regazzoni à Lugano
1967 : pilote officiel Tecno F3, 1er à Jarama
1970 : champion d’Europe de F2 sur Tecno (4 victoires). Débuts en F1 (Ferrari) au GP de Hollande. Vainqueur du GP d’Italie. 3e du championnat du monde de F1
1971 : 1er de la Course des champions F1 (hors championnat). 1er des 9 heures de Kyalami et 2er des 1 000 km de Brands Hatch (Ferrari 312 PB)
1972 : 1er 9 heures de Kyalami, 1 000 km de Monza (Ferrari 312 PB), Champion du monde de Sport-Protos avec Ferrari 2e du GP d’Allemagne
1973 : entre chez BRM en F1… 17e du championnat du monde
1974 : 2e du championnat du monde (Ferrari) 1er du GP d’Allemagne.
1975 : 1er du GP d’Italie et du GP de Suisse (hors Championnat)
1976 : 1er du GP des USA-West,
1979 : entre chez Williams 1er du GP d’Angleterre
1980 : accident à Long Beach (Ensign). Bilan F1 : 132 GP disputés, 5 victoires, 15 meilleurs tours en course, 5 pole position.
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