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80 ou 90 km/h : vers un pays à deux vitesses ?

Quelques départements sont revenus au 90 km/h mais la plupart resteront au 80 km/h. Peut-on concevoir un pays à deux vitesses ? Comment assurer le respect de limitations fluctuantes et imprévisibles ?

80 ou 90 km/h : vers un pays à deux vitesses ?

En juin, quand le Premier ministre a annoncé que les départements qui le souhaiteraient pourraient revenir au 90 km/h, quarante-huit d’entre eux avaient déclaré leur intention d’abroger le 80 km/h. Seuls quatre affichaient la volonté de le conserver, les quarante-trois autres se donnant le temps de la réflexion.

Six mois plus tard, alors que la loi LOM autorise officiellement le retour au 90 km/h, vingt-deux départements ont déclaré y renoncer.

Ce qui refroidit les élus, ce sont les conditions mises par le gouvernement au relèvement de la vitesse.

D’abord, les tronçons en question doivent faire au moins dix kilomètres de long, être dépourvus d’arrêts de transport en commun, de croisements, de traversées de chemin de randonnée ou d’engins agricoles.

80 ou 90 km/h : vers un pays à deux vitesses ?

Ceci établi, il ne suffit pas de remettre les anciens panneaux – beaucoup de départements les ont conservés – il faut aussi retirer ou protéger tous les obstacles latéraux (arbres, poteaux…) dans les quatre mètres du bord de chaussée, implanter, dans les portions où le dépassement est interdit, des doubles bandes blanches sonores, aménager des ilots centraux pour sécuriser les « tourne à gauche ». Enfin, chaque route à 90 devra faire l’objet d’une étude d’accidentologie.

En fait, il ne s’agit pas d’obligations, mais de recommandations, ou plus exactement d’ « éléments d’aide à la décision » transmis par le Conseil national de la Sécurité routière aux élus locaux invités ainsi à « prendre leurs responsabilités » dixit Emmanuel Barbe, le délégué interministériel à la Sécurité routière.

Des « éléments » qui dissuadent de nombreux présidents de conseils généraux, car au-delà du coût énorme de ces aménagements, ils craignent de voir leur responsabilité pénale engagée en cas d’accident mortel.

 

L’aiguille du compteur dans le flou

Résultat de ces hésitations, on ne sait plus où caler l’aiguille du compteur. A la Toussaint, j’ai passé deux semaines dans le Sud-Ouest, entre Haute-Garonne, Aude, Tarn et Ariège.

En Haute-Garonne, ayant lu en août que le département allait revenir au 90 et  ne voyant plus aucun panneau 80 sur les grandes départementales, j’ai roulé à 90. Mais je ne suis pas certain d’avoir été en règle.

Dans le Tarn, sachant que le président du conseil général s’était déclaré chaud bouillant pour revenir au 90, j’ai roulé à 90 et j’apprends aujourd’hui en fouillant le web qu’il a finalement renoncé à la reconversion…

Dans l’Aude, au vu de quelques panneaux 80, j’ai joué le jeu quelques dizaines de kilomètres en étant sans cesse dépassé, avec la nette impression de gêner.

Après quelques jours, comme je n’étais jamais bien sûr du département où je me trouvais et en l’absence de panneaux – les Gilets jaunes en font-ils collection ? -, j’ai fait à Rome comme les Romains, en roulant à la même allure que les autres conducteurs, plus souvent près des 100 « compteur » que des 80 km/h, avec en permanence Waze connecté sur la planche de bord. Pour les alertes de radar, et non pour connaître la limitation en vigueur, le machin n’étant visiblement pas à jour entre les anciennes limites à 70 toujours en vigueur, le 80 ou le 90.

80 ou 90 km/h : vers un pays à deux vitesses ?

Quant aux panneaux de rappel de la limitation, ils sont rares, aussi rares que jadis les panneaux 90 : on connaissait la limite réglementaire sur route, nul besoin de la rappeler sans cesse. Sauf que ce n’est plus le cas…

Depuis que je tiens un volant, je n’avais jamais éprouvé à ce point la sensation de ne pas savoir à quelle vitesse conduire.

 

« Si c’est inégal, les départements reprendront la main »

Et il est peu probable que l’on sorte un jour du flou.

Dans six mois, à l’été 2020, viendra, comme promis par le président Macron, le moment de faire le bilan des 80 km/h, deux ans après son entrée en vigueur.

Cent ou deux cents vies gagnées par an ? Aucune ? On s’écharpera sur la méthodologie de comptage, sur ce qui a faussé le résultat, les radars neutralisés par les gilets jaunes pour les uns, l’arrivée de nouveaux radars mobiles ou tourelles pour les autres et personne ne tombera d’accord.

Déjà, on sait que certains départements ont enregistré des progrès, d’autres aucun changement notable, d’autres encore une aggravation. On se remémorera alors la promesse du président : « On rendra transparents les résultats. Si ça ne marche pas, on ne continuera pas. Si c’est inégal, les départements reprendront la main. »

Bref, on s’achemine vers un pays à deux vitesses. Car il est certain que les départements revenus au 90 km/h ne changeront pas une troisième fois leurs panneaux. Il est certain également que la plupart des autres resteront à 80 km/h au vu des conditions – pardon, des « éléments d’aide à la décision » - posées au changement.

 

80 ou 90 km/h : vers un pays à deux vitesses ?

 

Un régime unique et universel… pour les limitations

 Comment peut-on imaginer un pays où la limitation de vitesse change d’un département à l’autre ? Il suffit d’observer une carte, de voir les méandres que dessinent leurs frontières, les routes qui les traversent une fois, deux fois, trois fois, pour comprendre l’absurdité de la situation.

Comme le panneau est cher, on ne saura jamais trop, à 10 km/h près, à quelle vitesse rouler et les PV tomberont dru. Avec pour résultat de décrédibiliser encore plus les limitations, le contrôle sanction, les radars, etc.

Une autre voie était envisageable et elle l’est peut-être encore : un retour généralisé au 90 km/h avec une multiplication des zones à 70 km/h : à l’approche des intersections, des arrêts de car, sur les portions étroites, dépourvues de ligne centrale ou sans visibilité, les routes bombées ou bordées d’arbres, partout ou 90 – et même souvent 80 km/h - c’est trop… Une politique déjà en œuvre bien avant le 80 km/h sur tout le littoral breton et dans bien des régions densément peuplées et qui s’était avérée payante.

 

A l’heure où le gouvernement se targue d’instaurer un « régime de retraite unique et universel » pour tous les Français, on peut réclamer que soit appliqué le même principe sur la route.

 

 

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