Inquiétude dans le clan Matra
Les trois Matra 670 s'emparent non seulement des trois premières places sur la grille, mais font preuve une telle supériorité en vitesse et en tenue de route que la cause semble entendue dès les essais. François Cevert, auteur de la pole a rejeté la première Alfa (Stommelen) à plus de 5 secondes et la première Lola (Larrousse) à près de 8 secondes ! Au départ, donné par le Président de la République Georges Pompidou, les trois Matra s'envolent comme prévu. Le train bleu est sur les rails, mais, àl'amorce du 2e tour, des flammes émergent du capot arrière de la voiture de Beltoise, qui se range, moteur cassé.
L'inquiétude de voir le phénomène se produire en chaîne sur les autres voitures tétanise tous les membres de l'équipe.
En plein doute, les Matra baissent légèrement de cadence, pour attendre, se rassurer. De Fierlant ne laisse pas passer l'occasion et prend le commandement. Le baroud d'honneur de la Lola durera une heure avant que la transmission ne cède. A partir de 18h30, les choses rentrent dans l'ordre. Les deux Matra de Pescarolo et Cevert devancent les deux Alfa de Vaccarella et Stommelen, mais nouveau coup de théâtre, la 660 ne passe plus. Elle est en panne d'essence et Jabouille perd cinq tours pourrejoindre son stand. A la tombée de la nuit, les positions se figent. Les Alfa n'offrent pas la résistance escomptée, lâchant même un tour à l'heure sur les Matra, alors que la Lola rescapée est ralentie par de multiples ennuis. Les choses ne s'arrangent pas pour les voitures italiennes qui connaissent de gros problèmes d'embrayage et Jabouille auteur d'une belle remontée complète le tiercé Matra de tête peu après la mi-course. A 8 h du matin, alors que Cevert et Pescarolocaracolent en tête dans le même tour, un drame se joue entre Mulsanne et Arnage. Jo Bonnier qui a adopté un rythme très soutenu au volant de sa Lola revenue à la 8e place, s'accroche avec une Ferrari Daytona. La frêle barquette s'envole dans les arbres ne laissant aucune chance de survie à son pilote.
Peu avant midi, alors que Pescarolo remonte sur Ganley, malgré le panneautage du stand Matra qui veut éviter une bagarre dangereuse entre équipiers, un violent orage éclate. Graham Hill qui a fait monter des pneus mixtes au moment de son relais revient très fort sous la pluie et lorsque Ganley s'arrête à son tour, pour changer de pneus, il prend la tête. Le retard de la seconde Matra va alors se creuser considérablement après que Ganley ait été heurté par la Corvette de Marie-Claude Beaumont sous le déluge. Désormais, Pescarolo - Hill comptent 9 tours d'avance sur Cevert - Ganley et 10 sur Jabouille - Hobbs. Matra manque toutefois le triplé. Boîte de vitesses bloquée, la 660 de Jabouille capitule à une heure de l'arrivée, mais qu'importe, en prenant les deux premières places, l'exploit est de taille et le pari est gagné. Merveilleuse de régularité, la Porsche 908 de Joest - Casoni - Weber prend la 3e place devant une Alfa Romeo à bout de souffle, qui ne devance que d'un tour la Ferrari Daytona de Ballot Léna - Andruet, victorieuse en GT, après un beau duel avec sa "cousine américaine".
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