Octobre 2003. Les automobilistes connaissent déjà les radars et les craignent, mais ils vont découvrir ce mois-là une nouvelle race de matériel qui, à raison, va les faire frémir : les radars automatiques. Implantés sur le bord des routes de manière permanente (ce qui n’était pas le cas auparavant), ils se déclenchent à toute heure du jour et de la nuit. Imparable en théorie, imparable dans les faits. En dix ans, des centaines de milliers d’automobilistes vont se faire radariser.
Quatre générations déjà…
Rarement une entreprise d’état avait été développée aussi rapidement, avec des innovations et des inventions répressives quasi annuelles. Pas le temps d’installer un modèle qu’un autre plus performant est à l'étude. Une véritable industrie qui en fait travailler du monde : nous en sommes à la quatrième génération de radars déjà… Le message est clair : la vitesse, c’est terminé. Vous ne comprenez pas ? C'est clair, il n’y aura plus une route en France où vous ne risquez pas d’être pris en photo.
Voici une petite liste de ce que nous trouvons actuellement sur le bord de nos routes :
- D’octobre 2003 à décembre 2004 : 166 radars de première génération.
- De décembre 2004 à octobre 2006 : 609 de deuxième génération.
- Depuis octobre 2006 : 1 400 de troisième génération.
- Depuis début 2013 : 169 radars discriminant de quatrième génération.
Auxquels s’ajoutent :
- 712 radars feu rouge
- 889 radars embarqués dits « radars mobiles »
- 45 radars passages à niveau
- 50 radars mobiles nouvelle génération dits « radars mobiles mobiles »
Ce sont au total et en dix ans plus de 4 000 appareils photos qui ont été installés sur notre territoire (ça fait un radar à 70 000 € pièce en moyenne installé toutes les 20 heures !).
Un premier bilan qui évidemment va énerver plus d’un internaute automobiliste. On vous entend vociférer : « Radars, pompes à fric », « Automobilistes, vaches à lait ». Et nous nous rangeons bien sûr à vos côtés pour regretter cette épidémie, cet espionnage incessant et ce qui peut sembler un racket.
En dix ans, ce sont plus de 4 000 radars automatiques qui ont été installés en France.
700 millions d’euros par an…
Flasher à partir de quelques kilomètres heures seulement au-delà de la vitesse autorisée et récupérer de l’argent pour ça… Le gouvernement se doutait bien que ce serait lucratif, mais c’est une véritable manne financière de centaines de millions d’euros qui se déverse dans les caisses de l’État. Une industrie en soi qui fait travailler 450 personnes au sein de l’administration du CNT (Centre National de Traitement) et même 17 entreprises satellites qui vivent grâce aux flashs (maintenance, innovation, normes…)
Alors, l’Etat a-t-il mis en place cette répression pour réellement engranger de l’argent ? Le positionnement d’un certain nombre de radars piégeurs peut le laisser penser. Mais en réalité, ce n’est pas si simple et il faut bien prendre en compte la problématique de l’insécurité routière si l’on veut appréhender objectivement le sujet.
Oui, les Français roulaient vite. Faut-il le rappeler : avant 1974, il n’y avait pas de limitation de vitesse sur les routes françaises. Résultat : entre 16 000 et 18 000 morts par an au début des années 70… En 74, les fameux Mesta 206 dits « barbecue » font leur apparition. Le permis à points naît en 1992. L’arrivée des radars automatiques n’a fait que prolonger cette politique répressive. Un arsenal qui fait baisser le nombre de victimes à 7 655 en 2002, puis à moins de 4000 en 2012. Bien sûr, il faudrait ne pas oublier l’amélioration des infrastructures routières, la progression des voitures sur le plan de la sécurité active et passive. Bien sûr, d’aucuns rappelleront encore une fois qu’il y a de nombreux tronçons en Allemagne où la vitesse est libre et qu’il y a moins d’accidents. Toutefois, qui oserait réellement affirmer aujourd’hui que ce n’est pas à cause des radars que nous roulons moins vite, et notamment à cause de ces satanés radars automatiques ?
Il y a une corrélation évidente entre les mesures de sécurité routière prises depuis 40 ans et la baisse de la mortalité en France. Il faudrait cependant également prendre en compte l'amélioration des infrastructures et les évolutions techniques des voitures.
Des statistiques éloquentes
Les radars ont manifestement rempli leur job. Et ce n’est pas tant que cela une source de revenus supplémentaires pour l’Etat, car le produit de ces revenus ne couvre pas le coût de l’insécurité routière. Le prix des accidents de la route atteint la somme (accrochez-vous) de 23 milliards d’euros en moyenne par an, (2 % du PIB), cela si l'on tient compte du prix de l’intervention des secours, de l’hospitalisation pour les blessés (entre 400 000 et 500 000 par an), du coût d'une personne si elle doit être prise en charge par l’État.
En conclusion, deux évidences. Une, il y avait trop d’accidents en France et il fallait bien trouver un moyen pour tenter de les limiter, d’où le contrôle de la vitesse et les sanctions qui s’ensuivent. Deux, le produit des infractions ne couvre pas le coût de l’insécurité routière.
Alors, pourquoi dans ce cas les automobilistes continuent-ils de pester contre les radars automatiques, les plus traîtres de l’appareil répressif. Sans doute en raison des choix qui ont présidé à leur implantation. En effet, pendant longtemps et c’est encore trop souvent le cas, les radars automatiques ont été installés sur des portions de routes non accidentogènes, en bas d'une descente par exemple. En revanche, on ne voit que très rarement un radar automatique placé cinquante mètres avant une école dans une petite rue. Pourtant, là, le danger est réel. Mais, tout simplement, cette rue étant peu empruntée, le radar flashera peu et donc sera peu rentable. Autre constat qui fait que l’on s’interroge sur les véritables intentions de l’Etat : la majorité des radars automatiques sont encore sur les autoroutes alors que ce sont les routes les plus sûres de France.
Les pouvoirs publics avaient à leur disposition un outil éducatif qu’ils ont transformé en un objet de sanction, punissant aveuglement souvent des automobilistes qui ne mettent la vie de personne en danger. On estime à près de 500 000 les automobilistes qui continuent de conduire en France après avoir perdu leur permis pour des successions de petits excès de vitesse…
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