Volvo peut-il un jour aller titiller Audi ?
Un pays aussi fier de ses racines que la Suède doit certainement sourire à la vue des résultats de ventes de son joyau automobile : Volvo. La marque a largement dépassé les 600 000 ventes en 2018, et est parfaitement dans les temps pour atteindre son objectif de 800 000 ventes annuelles dès 2020. A ce rythme, Volvo pourrait presque se voir pousser des ailes… et titiller Audi ? Nous en sommes encore très (très) loin, mais qui sait, un jour peut-être.
"Bra gjort" (bien joué), doivent se dire en ce moment les équipes de Volvo qui célèbrent une année 2018 particulièrement florissante. Avec 642 253 véhicules commercialisés, la croissance des ventes mondiales a été forte, à 12,4 %. Certes, c'est encore loin du trio allemand Mercedes/BMW/Audi, qui est à près de deux millions de ventes, mais Volvo vise rapidement les 800 000 ventes annuelles. Il s'agit même d'un objectif de longue date, qui ne devrait poser aucun problème à Volvo. Vu la faible croissance des marques allemandes ces derniers temps, Volvo a tout à y gagner : grappiller des parts de marché, et pourquoi pas rêver de podium.
Aujourd'hui, Volvo est le quatrième acteur mondial en matière de premium, et jamais la marque n'avait atteint un tel niveau dans son histoire. A vrai dire, il y a eu un moment clé dans le passé de Volvo : l'arrivée de Thomas Ingenlath à la tête du design en 2010 et la refonte des modèles. Mais est-ce qu'un constructeur relativement "récent" (1927) venant d'un pays d'à peine 9 millions d'habitants peut rivaliser avec les rois, les historiques, les établis ?
Une histoire de culture et d'identité
Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, la Suède a une vraie culture automobile. Et souvent, très éloignée de l'image "policée" que renvoie Volvo, qui communique sans arrêt sur la sécurité. Au pays de l'enfant roi (la fessée y est interdite depuis bien longtemps) et de la zenitude sévissent les "raggare" (rouler les "r", et prononcer le "e" final quasiment comme un "a"). Un mouvement populaire très porté sur le rock'n'roll et la voiture ancienne, principalement américaine, très répandue en Suède.
Folkrace, Raggare et Koenigsegg, les autres visages de la Suède et son amour pour l'automobile
Cela dénote déjà beaucoup avec l'image assez calme et plate que l'on se fait d'un Suédois. Ajoutez à cela les grands noms suédois du rallye ou encore les folkrace (courses ouvertes à tout le monde, où l'objectif est de participer avec une auto valant moins de 1000 €) et l'on comprend vite que ce pays relativement peu peuplé aime l'automobile, qui est l'affaire de toutes les couches sociales. Un Mais un pays qui aime surtout SON automobile : Volvo, évidemment, le défunt Saab, aussi, et puis le "Bugatti" local, Koenigsegg. Ça commence à faire pour un pays comme la Suède, alors que bien d'autres en Europe (Suisse, Belgique, Danemark…) n'ont pas de marque automobile majeure.
Intégrer le podium du premium ?
Volvo aura beau faire, la croissance à deux chiffres ne durera pas éternellement. Surtout avec une gamme aussi "faible" en comparaison des Allemands. Mais tout de même : Volvo a encore affiché 12,4 % de hausse en 2018 avec une gamme compacte en attente de renouvellement. Le XC40 est un excellent modèle, mais il ne suffit pas, et la V40 a terriblement besoin d'une descendance. Et malheureusement pour Volvo, c'est sur ce segment que les plus gros chiffres de ventes se font : Classe A, Série 1 et A3 sont des best-sellers cruciaux pour Mercedes, BMW et Audi. D'ailleurs, l'an dernier, encore, la meilleure vente de Volvo reste le XC60. Très bien pour la rentabilité, mais c'est aussi un signe que Volvo doit absolument faire mieux dans les compactes.
Est-ce impossible que Volvo aille chercher Audi à la troisième place du podium ? Pour l'instant, très clairement, oui. Mais Volvo aura cent ans en 2027, et ce serait un joli cadeau d'anniversaire que de tenter, au moins, d'approcher et d'inquiéter les Allemands. Encore faudra-t-il étoffer le réseau de concessionnaire, miser gros sur les compactes, et améliorer les ventes aux Etats-Unis, en particulier, mais aussi en Chine (Volvo reste relativement dépendant de l'Europe, même si ce n'est pas catastrophique). Bref, beaucoup de travail en perspective.
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