Voiture électrique, enfin du progrès
La voiture électrique commence enfin à ressembler à quelque chose… de nouveau. À chaque semaine, sa liste d’innovations pour lui faire changer de forme, la rendre moins chère, plus écologique ou intelligente.
Est-ce un effet de la grande peur de la voiture électrique chinoise ? J’ai la nette impression que depuis un mois ou deux, les nouvelles du renouveau de l’industrie automobile européenne s’enchaînent à un rythme accéléré.
D’abord, dans la foulée de la voiture à 100 €/mois dont le dispositif entrera en vigueur le mois prochain, les annonces de modèles plus abordables se multiplient, entre la nouvelle Citroën ë-C3 à 23 300 € et la future petite Renault Twingo promise en 2026 à moins de 20 000 €.
La nouvelle grenouille du losange arrive avec une promesse choc : moins de 10 kWh aux 100 kilomètres, c’est un tiers de moins que les électriques les plus sobres, moins même que la petite Dacia Spring. De quoi passer sous les deux euros aux 100 km en recharge aux heures creuses, autrement dit, voici la voiture à un litre aux cent.
Mais ce qui m’a le plus frappé, ce sont les annonces, la semaine dernière, de trois innovations qui vont enfin faire passer la voiture électrique au stade supérieur, dont deux qui vont lui permettre d’abandonner le moule de nos bagnoles à capot imposé depuis plus d’un siècle par le moteur à explosion.
Il aura fallu 40 ans à l’automobile pour s’affranchir du format et des formes hippomobiles, espérons que la voiture électrique prendra moins de temps pour inventer les siennes.
Ferrari tire le premier
La première, c’est le fameux moteur-roue qui est depuis plus de vingt ans, la grande promesse qui doit révolutionner l’automobile. C’est Ferrari qui tire le premier en annonçant que toutes ses électriques en seront équipées.
Pour Maranello, il s’agit d’abord de retrouver les caractéristiques dynamiques d’une voiture à moteur central, avec le poids de la batterie au centre et les moteurs aux quatre coins. Et aussi, de permettre de gérer le couple transmis à chaque roue sans complication mécanique. Antipatinage, antidérapage, contrôle de la dérive ou de la motricité, plus besoin de différentiel sophistiqué, d’intervention sur les freins, tout passera par une centrale électronique commandant chaque moteur séparément.
Pour nos voitures à nous, cela signifie autre chose : toutes les révolutions architecturales sont désormais permises par la disparition de cette pièce maîtresse à l’avant, lourde, bruyante et incompressible. De quoi améliorer considérablement la sécurité passive, repenser totalement l’habitacle, rendre les voitures plus compactes ou plus spacieuses, plus aérodynamiques, plus légères…
Et plus sobres car le moteur roue, c’est aussi la fin des réducteurs, renvois d’angles, cardans et autres machins énergivores.
La fin des freins
La seconde innovation est le corollaire de la première : le moteur frein. On le connaît déjà sur les voitures électriques qui disposent du mode « one pedal » qui permet l’arrêt sans toucher à la pédale de gauche et, sauf urgence, de ne jamais avoir recours aux freins.
Le système présenté par l’équipementier ZF va plus loin, permettant de se passer complètement du système de freinage, de ses circuits hydrauliques, disques, étriers, maître-cylindre, ce qui permettrait une simplification radicale de la conception et de la fabrication de nos voitures.
Ce sont les moteurs électriques – donc forcément des moteurs-roue – qui assureront la décélération, promettant même, grâce à une régulation plus fine et directe de l’ABS, de raccourcir les distances de freinage. Et au passage d’améliorer la régénération de la batterie. Plus aucun liquide à purger périodiquement ni de risque de vapor-lock, mais aussi bien moins de pollution sachant que depuis la norme euro 6, les particules de frein, avec celles résultant de l’usure des pneus et du bitume, dépassent désormais, en quantité et en toxicité, celles issues du moteur.
S’affranchir des métaux rares
Troisième innovation, celle d’une start-up dans laquelle viennent d’investir Stellantis et General Motors et qui permet de fabriquer des moteurs électriques sans recours aux terres rares. Niron Magnetic, issue de l’université du Minnesota, a inventé un moteur où le néodyme et le dysprosium seront remplacés par du nitrure de fer, une matière première abondante puisque constituée de fer et d’azote. Cette découverte est importante à deux titres. D’abord, cela réduirait notre dépendance à la Chine qui contrôle l’accès aux terres rares. Et sur le plan environnemental, ce serait autant de mines que l’on n’aura pas besoin d’ouvrir.
Cette annonce fait suite à bien d’autres comme les moteurs où un bobinage remplace les aimants ou encore les batteries LFP (lithium-fer-phosphate) qui commencent à rattraper la densité énergétique des batteries NMC (nickel-manganèse-cobalt).
Huit bateaux en vue…
Une autre innovation rend celles que je viens de citer assez urgente : BYD, le plus gros des constructeurs chinois, vient de commander huit bateaux destinés au transport de ses voitures. Des bateaux géants longs de 200 mètres, large de 38 et capables chacun de transporter 7 700 voitures de Chine en Europe en un temps record. Les deux premiers seront livrés en 2025…
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