Une fracture automobile se développe progressivement
Selon les résultats de l'Observatoire Cetelem, une fracture automobile s'installe progressivement dans le pays entre les citadins et les ruraux, entre les jeunes et les plus âgés. Autre enseignement intéressant de l'étude : une large majorité de Français se voit avec une voiture dans dix ans.
Ce n'est pas une découverte, mais c'est une confirmation. De la même manière qu'il y a une fracture sociale ou une fracture économique, il y a une fracture automobile qui s'installe progressivement dans le pays. C'est d'ailleurs le nom de l'édition 2020 de l'observatoire Cetelem, qui étudie depuis plus de 30 ans les évolutions dans le secteur de la mobilité. Plus de 10 000 personnes ont été sondées cette année dans le monde.
Le fossé se développe entre la ville et la campagne, mais aussi entre les générations. Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire, parle de "deux mondes qui ne vivent pas la même réalité quotidienne et qui ne se comprennent pas toujours. D’un côté celles et ceux pour lesquels la voiture est simplement vitale pour pouvoir se déplacer et donc pour pouvoir vivre, et de l’autre celles et ceux pour lesquels la voiture est un objet source de nuisances sonores, de pollution et de congestion urbaine".
Le sujet des carburants est un des exemples de l'observatoire. C'est la principale dépense liée à l'auto pour 85 % des Français. Mais moins d'un tiers des Français qui habitent une petite ville de moins de 20 000 habitants a déclaré avoir renoncé à faire certains trajets en auto à cause du prix du plein, contre deux tiers dans les métropoles (plus d'un million d'habitants). 75 % des sondés des petites villes veulent une baisse des taxes sur les carburants, contre 50 % dans les métropoles. Forcément, cela s'explique par l'accès plus facile aux transports en commun dans les grandes agglomérations.
Autre illustration, les nouvelles formes de mobilité : l'autopartage est plus courant dans les métropoles (12 % des Français y ont recours régulièrement) que dans les campagnes (3 %). L'offre n'est pas la même ! C'est d'ailleurs sur ce point qu'on peut voir une différence de génération, les jeunes étant moins attachés à l'idée de la voiture personnelle et individuelle que les plus âgés.
Les fractures ne sont pas seulement nationales, elles sont aussi mondiales. Exemple : en moyenne, 66 % des automobilistes sondés dans le monde considèrent que la voiture est la cause principale de la pollution, une part qui monte même à 71 % chez les 18/34 ans. Mais en France, c'est seulement 46 %.
Toutes ces différences montrent que le marché est en train de se complexifier, avec par exemple des politiques environnementales très différentes de chaque côté de l'Atlantique. L'Europe met en place des règles de plus en plus strictes, ce qui n'est pas le cas des États-Unis. Voilà qui complique la tâche des constructeurs aux stratégies pourtant de plus en plus globales.
Mais une donnée a de quoi les rassurer : dans l'ensemble des pays étudiés, une large majorité des sondés se dit attachée à la voiture. En France, c'est 81 %. Mieux, 82 % des Français estiment qu'ils posséderont encore leur propre auto dans 10 ans ! De quoi soulager un peu les constructeurs, alors que le marché automobile s'annonce en berne en 2020, avec une baisse attendue de 3 % en France et en Europe.
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