Ukraine : la guerre menace l'Alliance Renault/Nissan
Décidément la vie de l'Alliance Renault/Nissan est loin d'être un long fleuve tranquille. Après les déboires liés à l'affaire Carlos Ghosn et les difficultés liés à la crise des micro-processeurs, c'est au tour de la guerre en Ukraine de mettre en danger l'Alliance
Au premier abord, la situation d'Avtovaz dont les activités sont suspendues suite à la décision de Renault après l'invasion de l'Ukraine par la Russie n'a pas de raison directe d'avoir des conséquences sur le devenir de l'Alliance. Pourtant à y regarder de plus près, les choses ne sont pas aussi simples qu'il n'y paraît. Ainsi, c'est l'équilibre entre Renault et Nissan qui pourrait être remis en cause.
Ainsi, dès la création de l'entité en 1999, la répartition géographique avait une importance capitale. Nissan (détenu à 44 % par Renault) s'occupait de l'Amérique du Nord, du Japon et de l'Asie, tandis que la marque française gérait l'Afrique du Nord, l'Amérique Latine, l'Inde, l'Europe, une zone géographique qui comprend… la Russie. Or, produisant 500 000 voitures par an, le marché russe était le deuxième plus gros marché du constructeur après la France, et contribuait largement à équilibrer le poids de Renault dans l'Alliance. Ce qui risque de ne plus être le cas à l'avenir et ainsi aggraver le fossé qui se creuse entre les deux marques.
Il ne faut pas oublier que lors de la naissance de l'Alliance, Renault et Nissan pesaient la même chose en termes de volume mais en plus de 20 ans les choses ont bien changé. Aujourd'hui, c'est clairement Nissan qui a pris le dessus avec plus de 4 millions de voitures contre 3 millions pour Renault en 2021. Avec le retrait de Russie, l'écart va mathématiquement se creuser. D'autant qu'il faut ajouter pour Nissan le 1,2 million de voitures de Mitsubishi, géré désormais par la marque japonaise. Tout confondu, Nissan représente donc presque deux fois le poids total de Renault…
La perte possible de la Russie tombe particulièrement mal en termes de timing pour Renault, qui est en train de revoir complément sa gamme mais également sa stratégie avec sa Renaulution. Tout l'inverse de Nissan qui se porte particulièrement bien grâce au rebond de ses principaux marchés (États-Unis, Chine, Japon). D'ailleurs, à près de 18 milliards d'euros, la capitalisation boursière de Nissan pèse quasiment trois fois celle de Renault.
De là à croire que Nissan profite de ce contexte porteur pour s'émanciper du contrôle français, il n'y a qu'un pas.
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