Trafic de compteurs : une affaire à 2 millions d'euros mais qui finit en prison
L’épicentre de cette affaire d’escroquerie notoire se situe à Saint-Lô où un homme de 42 ans avait plus d’un tour dans sa manche. Un autoentrepreneur qui avait trouvé le filon du commerce des véhicules d’occasion au kilométrage revisité à la baisse. Une activité lucrative puisque l’on parle de 2 millions d’euros, mais tout à une fin…
L’homme gérait une activité de vente de voitures d’occasion et une brasserie dans le centre-ville de Saint-Lô. Les véhicules étaient achetés aux enchères à Toulouse par une société de Clichy, gérée par un autre homme, qui les remettait en dépôt à Saint-Lô pour les revendre.
Le Saint-Lois disposait d’un numéro de téléphone qu’il appelait pour prendre rendez-vous sur un parking de grande surface en banlieue parisienne. Il quittait la voiture en laissant 200 euros dans la boîte à gants et un message le prévenait qu’il pouvait la récupérer. Mais entre-temps, le compteur kilométrique avait été modifié.
La vente se faisait ensuite, et c’était le début des ennuis pour les victimes. Elles ont découvert que la voiture qu’ils avaient achetée avait en réalité un kilométrage supérieur à celui annoncé en faisant notamment face à des réparations imprévues. Le contingent des infortunés est évalué à 250. Des personnes qui ne peuvent plus revendre leurs voitures, ignorant le kilométrage réel.
Les gendarmes ont donc mené une longue enquête, qui a amené sept prévenus devant le tribunal. À la barre, l’homme a reconnu la plupart des faits, expliquant que des acheteurs sont venus se plaindre, et qu’il les a indemnisés pour éviter les poursuites. Il continuait néanmoins ses activités pour disposer de la trésorerie nécessaire. Il dit s’être laissé entraîner par son collègue, dont il a peur et craint les représailles.
Le principal prévenu exerçait cette activité en nom propre, sous le régime de l’autoentrepreneur et en franchise de TVA, un statut réservé aux entreprises réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 80 000 euros par an.
Or, en deux ans et demi, il a encaissé près de deux millions d’euros. Des sommes importantes ont été placées sur des comptes ouverts au nom de son fils mineur. D’autres, en espèces, ont été découvertes cachées dans des coussins. Les comptes bancaires, des voitures, des motos, des immeubles ont été saisis. Les Douanes le poursuivent aussi car il a passé 20 000 euros à l’étranger sans rien déclarer.
Le parquet a requis une peine de 18 mois de prison ferme à l’encontre de l’organisateur de ces escroqueries ainsi que la confiscation de tous les biens afin qu’ils servent à indemniser les victimes. Le jugement est mis en délibéré au 4 septembre 2019.
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