Série d'été - Les pires voitures jamais essayées : Suzuki Jimny (3/9)
Sous ses airs de joli petit Mercedes Classe G, le Suzuki Jimny peut transformer le moindre trajet routier en expérience douloureuse. Il illustre aussi parfaitement la mauvaise foi et la schizophrénie des journalistes automobiles...
Pire voiture, mode d’emploi
Toute l’année, les journalistes de Caradisiac vous délivrent des avis objectifs, raisonnés et équilibrés sur les qualités et défauts des voitures qu’ils essaient. Mais l’automobile est aussi affaire de passion, et certains petits ou gros défauts transforment parfois le carrosse en citrouille. Dans cette série estivale hebdomadaire, chacun des membres de la rédaction revient sur son pire souvenir d'essai, avec une subjectivité totalement assumée. Et peut-être un soupçon de mauvaise foi, avouons-le.
Lancé en 2019, le Suzuki Jimny de quatrième génération reste fidèle à l’esprit des tout petits 4x4 du constructeur dont l’arbre généalogique remonte jusqu’à 1970 (et même l’année 1967 si on prend en compte les origines du petit HopeStar On360).
Ressemblant à un petit Mercedes Classe G grâce à une silhouette nettement plus carrée que celle des précédentes moutures, il a tout de suite fait sensation et croulé sous les commandes.
Parce qu’il y avait subitement beaucoup plus de demande pour un véhicule tout-terrain compact idéal pour le franchissement et les croisements de ponts ? Non, rien que pour sa gueule et son prix nettement plus doux que celui d’un Jeep Wrangler (19 995€ à l'époque en version Pack haut de gamme), rendant accessible cet engin au physique marquant dont les dimensions réduites (3,65 mètres) en font théoriquement une bonne citadine.
Voilà pourquoi vous voyez plus de bobos parisiens que de bûcherons du Loir-et-Cher au volant de ces machines.
Sauf que sous ce physique plaisant et malgré un intérieur relativement moderne bien que rustique, on trouve un châssis séparé à échelle et un groupe motopropulseur absolument pas optimisé pour la conduite routière.
Cinq minutes au volant du nouveau Jimny suffisaient pour s’en rendre compte lors de l’essai presse organisé en Haute-Savoie : avec sa boîte ultra-courte, ses bruits de transmission permanents et son quatre cylindres atmosphérique de 102 chevaux hurlant dans l’habitacle au-dessus de 3500 tours/minute (c’est-à-dire en cinquième à partir de 100 km/h sur l’autoroute !), le Jimny est l’une des pires voitures modernes à utiliser dans un trajet péri-urbain.
Ajoutez à cela une suspension raide comme la gestion financière de Carlos Tavares (merci les deux ponts rigides) et vous obtenez une auto extraordinairement tape-cul dans tous les trajets. Comme une voiture électrique, elle consomme aussi davantage à 130 km/h (plus de 10 litres aux 100) qu’en ville (un peu plus de 7,5 litres aux 100) à cause de sa boîte si courte et de son aérodynamisme de mini-Hummer.
N'écoutez jamais les journalistes automobiles
Pire, Ce Jimny souffrait déjà en 2019 d’un malus écologique rédhibitoire à cause de sa motorisation si peu optimisée pour les normes européennes, avec 3 000€ pour la version à boîte manuelle et 6 300€ pour sa variante à boîte automatique.
Un malus minimum passé à 3 784€ en 2020 avec l’arrivée de la norme WLTP et même 10 980€ en boîte automatique ! Ses émissions de CO2 étaient tellement hautes que Suzuki a préféré le retirer du catalogue dès la fin 2020 en Europe, pour le restreindre ensuite à une homologation utilitaire à deux places (vendu encore plus cher et avec moins d'équipement).
Le plus ridicule dans tout ça, c’est que l’auteur de ces lignes a justement décidé d’acheter un exemplaire à quatre places du millésime 2020, acquis en région parisienne puis descendu à Marseille dans un voyage interminable en perdant régulièrement des minutes sur Waze avec l’horrible bruit du quatre cylindres à haut régime dans les oreilles pendant huit heures et cette tenue de cap un peu hasardeuse à « haute » vitesse.
Sur l’échelle des plaisirs de la vie, je n’imagine pas de bonheur plus intense que ça à part peut-être une nuit d’amour avec un herpès génital ou une course de trail avec une diarrhée aiguë.
Je ne me suis malheureusement jamais résigné à le vendre et je trouve bêtement que cette voiture, aussi objectivement nulle soit-elle sur la route, procure paradoxalement mille fois plus de plaisir que les citadines modernes infiniment meilleures à tous les niveaux.
J’éprouve même une certaine joie à le malmener sur les routes d’arrière-pays avec ses mouvements de caisse d’une amplitude impressionnante et ses pneus quatre saison qui crient au moindre virage un peu appuyé. Bref, vous savez bien ce qu’on dit sur les cordonniers…
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