Salon de Genève 2019 - Le bilan de la rédaction
Genève 2019, c'est fini. Durant toutes ces journées, la rédaction de Caradisiac a couvert pour vous l'événement en direct, courant d'un stand à l'autre pour ne manquer aucun dévoilement, aucune nouveauté, aucun événement. Les journalistes ont été tour à tour séduits, surpris, déçus, enthousiastes, perplexes... Aujourd'hui, alors que le salon vient de fermer ses portes pour un an et avec le recul, que leur reste-t-il de cette 89e édition ?
Alexandre Bataille : belle cuvée
Une fois encore Genève à tenu son rang de salon international le plus riche en nouveautés. Près de 150 premières mondiales et européennes ont été présentées au Palexpo et les déserteurs ont été moins nombreux qu’au dernier Mondial de l’auto. Seules une dizaine de marques ont botté en touche, et notamment Jaguar, dont l’I-Pace a pourtant été récompensée du titre de voiture de l’année. En dehors de ces défections, la messe de l’automobile mondiale s’est déroulée sans accrocs. Les visiteurs ont pu admirer les plus puissantes mécaniques sur terre (Pininfarina Battista, Bugatti voiture noire, Koenigsegg Jesko), les plus beaux concept cars (Alfa Romeo Tonale, Aston martin Lagonda, Hispano-Suiza Carmen) et s’attarder sur de spectaculaires réalisations (RUF 993, Puritalia, Piech). Bref, une bien belle édition marquée par le retour aux affaires du groupe FCA avec les concepts Fiat Centoventi et Alfa Romeo Tonale, le match franco/français Clio vs 208 et toujours le développement de la voiture électrique avec des concepts à la pelle et peu de voiture de série.
Manuel Cailliot : le paradoxe suisse
Les chiffres de fréquentation sont tombés hier soir dimanche. Une simple ligne du communiqué des organisateurs, soigneusement planquée, noyée au milieu du satisfecit sur la variété du salon et le nombre de "premières". En hausse, elle aurait fait le gros titre... Et c'est une fréquentation sous forme de douche froide paradoxale.
Car les -9% constatés sont en réalité catastrophiques (602 000 entrées enregistrées à 1h de la fermeture). Même le salon de Paris avait réussi à maintenir sa fréquentation stable, au-dessus du million de visiteurs ! Le rendez-vous helvétique, stable ou en hausse depuis des années, a failli.
Pourtant c'est un paradoxe, si l'on regarde le nombre de premières mondiales et européennes (151). C'est un paradoxe encore lorsque l'on sait que cette année, des poids lourds du marché ont été présentés. La Renault Clio 5, la Peugeot 208, le Volkswagen T-Cross, les Mazda 3 et CX30, la Toyota Supra, la Porsche 911 et sa variante cabrio, etc. Une bien belle édition en vérité, comme relevé juste en dessous par Pierre.
Alors comment expliquer cela ? À n'en pas douter, l'absence de nombreux constructeurs a joué. Sans stand Ford, Jaguar, Volvo, Alpine, DS, Opel, Hyundai, Land Rover, on se prive forcément d'une belle frange de visiteurs. Sans nouveau corner moto, comme à Paris, on n'attire pas de nouvelles têtes.
Et pourtant, ceux qui ont fait le déplacement en ont prix plein les yeux et en ont eu pour leur argent. Les autres ont eu à mon sens tort de ne pas faire l'effort, même si on a pu tout trouver sur Caradisiac, bien sûr...
Pierre Desjardins : une excellente édition
Avec deux nouvelles générations de Renault Clio et Peugeot 208 en première mondiale, c’est-à-dire les deux voitures les plus vendues en France depuis plusieurs décennies, il n'en fallait pas plus pour faire de la cuvée 2019 du Salon de Genève une réussite.
Mais il y a eu de plus une véritable vague de nouveaux modèles électrifiés. Ainsi BMW comme Audi ont fait le déplacement avec de nouvelles gammes entières d'hybrides, la 208 aura droit à sa version électrique, la Nissan Leaf a droit à une version à autonomie étendue et on note l'arrivée dans le domaine de marques qui jusqu'ici le délaissait, comme Seat et Alfa Romeo.
Enfin, Genève n'a pas failli à sa réputation de luxe et de sportivité avec le Rolls Royce Cullinan, la Porsche 911 Cabriolet, la Lamborghini Huracan Evo Spyder, la Ferrari F8 Tributo ou encore la Bugatti La Voiture Noire.
Au final, on ne peut noter qu'une déception : Citroën fête cette année ses 100 ans et l'actualité sur son stand était bien trop maigre pour refléter un tel anniversaire.
Florent Ferrière : des vedettes qui cachent de nombreuses absences
Forcément, un salon où l'on découvre en même temps des nouvelles Clio et 208 ne peut être qu'un salon événement. Contrairement à certains de mes collègues emballés par le programme, j'ai trouvé que cette 89e édition manquait quand même de grandes vedettes prêtes à rejoindre les concessions. Il faudra patienter pour voir les nouvelles Série 1, A3, Golf, Juke, Leon, Flying Spur... Ce fut un salon avec davantage de concepts.
Mais je ne boude pas mon plaisir, Genève reste le plus intéressant des salons, limitant la casse côté absences, et le plus agréable à visiter. D'ailleurs, j'ai déjà pu lister de nombreux paradoxes constatés dans les allées de Palexpo, mais j'en avais laissé un de côté. Alors que des marques jugent qu'il n'est pas nécessaire de venir, de nouveaux labels savent que ces endroits sont incontournables pour se faire connaître. En témoigne Polestar, nouvelle marque du groupe Volvo, qui dévoilait à Genève sa berline prête à s'attaquer à la Tesla Model 3. Preuve que les salons ont encore de l'intéret.
Genève est aussi unique pour sa variété. Les firmes généralistes cotoient les marques de luxe et de sport, les carrossiers, les préparateurs, les labels exotiques... Dommage que le public ait moins répondu présent cette année, avec une fréquentation en baisse de 9 %, à 602.000 visiteurs.
Pierre-Olivier Marie : Genève toujours là!
Le salon de Genève, malgré une fréquentation en baisse, confirme si besoin était que les grands rendez-vous de ce type ont encore quelque chose à dire et à montrer. Au programme : plus de 15 nouveautés parmi les SUV, des gammes qui s’électrifient et plusieurs grandes premières, notamment du côté des constructeurs français avec les 208 et Clio.
Un bon cru, clairement, même si - refrain connu - l’on peut regretter l’absence de constructeurs de poids. Cela s’est traduit par des espaces laissés vides (ou vaguement meublés avec quelques fauteuils) au milieu du grand hall du rez-de-chaussée, à quoi s'ajoute la mise en valeur de petits constructeurs ou préparateurs dont la surface d’exposition était inversement proportionnelle à l’intérêt industriel ou commercial qu’ils peuvent susciter.
Parmi les faits marquants, on retiendra Jaguar qui sèche l’événement le lendemain du jour où il reçoit le titre de voiture de l’année pour son I-Pace. Voilà qui fait un peu désordre. Quant à Volvo, il donne le coup de pied de l’âne en déclarant la veille de l’ouverture de ce salon très orienté haut de gamme que ses futurs modèles ne dépasseront plus les 180 km/h ! On a donc deux constructeurs qui nous disent que les salons ne leur apparaissent plus indispensables, qu'ils se dirigent rapidement vers l'électrification, et que la vitesse, c'est ringard! Cela témoigne aussi des changements de fonds, presque tectoniques, qui touchent actuellement la planète automobile.
Olivier Pagès : envies contraires
La Peugeot e-208 et l'Audi Q5 e-TFSi illustrent parfaitement la progression incessante de l'électrification dans le marché.
Lors de ce salon de Genève, il était impossible de ne pas remarquer l'augmentation du nombre de véhicules électriques ou hybrides exposés par les constructeurs. Cette tendance ne fait que se confirmer au fur à mesure que le temps passe. Ainsi, Peugeot a dévoilé la version 100% électrique de sa 208, Renault nous promet une déclinaison hybride de sa nouvelle Clio, Audi électrifie progressivement toute sa gamme, etc, etc. Les automobilistes passent au vert incités par les pouvoirs publics mais également par certains maires qui font tout pour chasser la voiture des grandes villes.
Toutefois, cette volonté écologique est contredite par le goût croissant de ces mêmes acheteurs pour les SUV. ils représentent aujourd'hui près d'un tiers du marché et il y a fort à parier que cette part ne cesse de croître. L'offre n'en finit pas d'augmenter, tout comme la demande. Or, véhicules écologiques et SUV sont deux notions totalement contradictoires. Pourtant, cet antagoniste ne semble gêner personne, surtout pas les acheteurs et pas même les constructeurs qui proposent aujourd'hui des SUV électriques pour essayer de réunir ces deux mondes opposés. Une hérésie sachant qu'une berline équipée du même moteur consommera et rejettera toujours moins qu'un SUV.
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