Rubber de Quentin Dupieux – une ode au cinéma chelou
Alors que son dernier film « Fumer fait tousser » est actuellement sur les écrans, retour sur le troisième long-métrage de l’étrange Quentin Dupieux. Rubber est une œuvre bricolée mais pas du tout amateur. Un film ou le personnage principal est un pneu baptisé Robert. Et c’est un pneu serial killer.
Au début, on trouve assez curieux qu’un simple pneu se déplace seul, qu'il soit doué d'intelligence comme de cruauté tout en étant parfaitement capable de tuer ses victimes en pratiquant la télépathie pour les faire littéralement exploser. Il tue tout ce qui bouge et surtout, tout ce qui le contrarie, Et Robert le Rubber, car le pneu a un nom de baptême, est très souvent contrarié. Il est amoureux aussi, d'une charmante jeune fille.
Robert le Rubber
Et puis, très vite, on s’y fait. On s'habitue aux drôles d'idées de Quentin Dupieux, le réalisateur de cet OVNi justement nommé Rubber. Comme on se fait à l’idée que des spectateurs, à l’intérieur du film, regardent les mêmes scènes que nous. On finit même par les trouver agaçants. Et l'on se range du côté des vrais comédiens qui tentent de les tuer.
Mais qu'est ce qui fait que ce film, ou toute notion de crédibilité est absente du générique, nous embarque dans son histoire foutraque ? Bien sûr, on nous prévient dès le départ que ce que l'on va voir n'a aucune raison d'être. No reason, à ne pas confondre avec nonsense. Ici pas d'absurde surréaliste à message. Il peut arriver n'importe quoi, et effectivement, le n'importe quoi arrive à chaque instant.
Reste qu'on adhère aux aventures de Robert. grâce au talent de Dupieux, le bosseur maniaque. L'homme est aujourd'hui à la tête d'une œuvre cinématographique de 11 longs métrages, dont le dernier, Fumer fait tousser est en salle actuellement. Il a également réalisé 8 courts-métrages. Mais Dupieux est aussi, sous le pseudo de Mr Oizo, un musicien techno qui a signé 9 albums et en a produit autant. le tout avec non seulement un talent de touche à tout, mais un perfectionnisme que l'on retrouve déjà dans Rubber qui date de 2010.
Car si Docteur Jeckyll Oizo a su capter le son de son époque, Mister Dupieux sait comme personne nous embarquer dans des scènes ou le scénario le plus barré prend des allures de normalité, notamment grâce à son talent de réalisateur, qui procède par petites touches modestes. Rubber est le premier film de cinéma tourné avec un simple appareil photo (un Canon 5D quand même) et sans effets spéciaux, puisque le pneu se déplace grâce à un petit moteur dissimulé à l'intérieur.
Pour autant, à aucun moment Rubber ne prend des allures de bluette en Super 8. C'est un long-métrage de cinéma et de vrai cinéma. Les faux spectateurs qui regardent le film dans le film finissent par s'empoisonner au cours d'un banquet et Dupieux, depuis 20 ans, nous a empoisonnés et rendus accros à son curieux cinéma et à ses drôles de sons.
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