Route de nuit - Le Corniaud, le Youkounkoun, la 2ch et la Cadillac racontés par les protagonistes du film
Lorsque deux monstres du cinéma populaire français discutent de leur dernier film tourné ensemble, on les écoute. Et lorsque, dans la même conversation, ils parlent automobile, on prête l'oreille plus attentivement encore. Nous sommes en 1965, et Bourvil et de Funès évoquent le long-métrage de Gérard Oury qu'ils viennent d'achever, mais aussi quelques histoires de voitures, vraies ou pas.
C'est une perle précieusement conservée par l'INA (Institut National de l'Audiovisuel) et exhumée par France Culture. On y découvre André Bourvil et Louis de Funès en pleine promo télévisée pour la sortie du film de Gérard Oury Le Corniaud dont ils tiennent les rôles principaux sans savoir encore que ce long-métrage va rencontrer un succès phénoménal en salle (plus de 11 millions d'entrées) et sera l'un des plus rediffusé à la télé.
Si Bourvil est bon comédien, c'est parce qu'il ne comprend pas le scénario
L'exercice de promo auquel se livrent les deux comédiens sort bien évidemment des codes du genre. On ne sait pas si le verre que Bourvil tient à la main y est pour quelque chose, mais l'affaire débute par une gentille chamaillerie sur la compréhension, ou non, du scénario. Alors que son compère lui reproche de ne jamais avoir su de quoi il en retournait, et ignorait ce qu'il était en train de tourner, Bourvil lui répond, "c'est parce que je n'ai rien compris que je suis terrible". C'est donc de Funès qui raconte le début du Corniaud et la manière dont lui, le vil escroc, parvient à convaincre le gentil Bourvil de convoyer une Cadillac Deville Cabriolet bourrée de drogue, aux pare-chocs en or et au moyeu de volant serti d'un énorme diamant, le fameux Youkounkoun.
Puis, rapidement, ils oublient le film pour évoquer des souvenirs plus personnels. Si le pudique Louis de Funès reste discret, Bourvil n'hésite pas et évoque sa première voiture, "qui démarrait à la manivelle et roulait très très lentement''. Et le comédien d'assurer qu'un jour un cycliste l'a dépassé. Il est aussitôt descendu de l'auto pour la redémarrer, persuadé d'être en panne. "Et ma voiture m'a écrasé. Mais je ne me suis pas fâché". Vraie ou fausse, son voisin ne retient de l'anecdote que la fâcherie, lui qui a fait sa légende au cinéma sur ce défaut. Mais en expliquant que s'il ne se fâche jamais non plus, c'est uniquement par faiblesse. "Je voudrais avoir ma méchanceté et la taille d’un gars de deux mètres."
La pudeur, et le sang froid surjoué de de Funès semblent donner des ailes à Bourvil qui embraye sur une autre histoire, celle d'un ami musicien, propriétaire d'une grosse voiture américaine. Son truc ? Se balader avec des copains, repérer une 2ch, se coller juste devant et rouler au pas, jusqu'à l'exaspération du conducteur de la petite Citroën. À ce moment-là, l'un des passagers de la grosse voiture passe à l'arrière, baisse son pantalon et colle son séant sur la lunette arrière pour être bien visible de la petite famille en 2ch. L'anecdote ne fait absolument pas rire de Funès, trop bien élevé et trop pince sans rire pour cet humour. En 4 minutes, les deux hommes très différents et tout aussi attachants en clown blanc et en clown auguste, font la démonstration de deux manières opposées d'aborder le comique, deux manières tout aussi talentueuses.
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