Route de Nuit - Condorman – quand les méchants roulaient en Porsche et les gentils en … n’importe quoi
Nanar parodique à gros budget, Condorman, aux effets spéciaux grand-guignolesques, met en scène un auteur de BD qui devient super-héros et super agent secret pour sauver le monde libre et américain des griffes de l’URSS. Pourtant, les autos du KGB sont beaucoup plus belles que celles de la CIA.
En principe au cinéma, la règle est simple : les gentils ont de belles autos, et les méchants, de vilaines bagnoles. Mais les règles sont établies pour être transgressées. Il en va ainsi de Condorman ou le héros circule à bord d'un coupé jaune rehaussé de curieux dessins maronnasses et d'une turbine à l'arrière aux côtés de laquelle la batmobile ressemble à une citadine rincée. Les méchants, eux, ont curieusement droit aux belles autos, détruites comme il se doit par le sauveur du monde.
Un scénario abracadabrantesque
Mais revenons-en à notre film du jour. En l'occurrence, ce nanar signé Charles Jarrott en 1981. Les studios Disney, à l'origine du projet, ont mis le paquet avec une réelle ambition : parodier les films de James Bond dans une version bon enfant pour ramasser un maximum de dollars au box-office avec ce qui devait être le précurseur des teen-movies. Le scénario est d'ailleurs suffisamment abracadabrantesque pour que personne ne songe à remettre en doute le fait que l'on est bien en face d'un énorme gag.
On y retrouve un dessinateur de BD, à l'origine d'un personnage appelé Condorman. Il est recruté par la CIA pour lutter contre les vilains communistes. Et le bougre pose ses conditions : devenir Condorman et se faire offrir tous les gadgets qu'il a imaginés dans ses albums. On devine la suite : le dessinateur, espion et gaffeur, va sauver le monde libre du joug soviétique.
Le film n'a pas comblé les espoirs de Disney et fut un semi-bide, sauf en France, peut-être parce que l'action se situe, entre autres, dans l'hexagone. Du coup, toute une génération née au début des années 70 a eu droit à sa première séance de ciné grâce à ce Condorman de bric et de broc. Et si elle n'a pas oublié Woddy le drôle de héros, elle se souvient également de la bonne grosse scène de poursuite, passage obligé de ce type de production.
Des 911 pour les méchants, une 935 pour leur chef
Mais dans cette scène, comme dans quelques autres, il aura remarqué une incongruité, et s'il ne l'a pas décelé dans l'enfance elle devrait le frapper aujourd'hui. La voiture de Condorman (la Condormobile, comme il se doit) est prise en chasse par de méchants tueurs du KGB. Jusque-là, c'est la routine de l'espion premier échelon, mais là ou ça se corse, c'est lorsque l'on s'aperçoit que la voiture du gentil est d'une laideur sans nom. Et que les agents secrets russes ont droit à de magnifiques Porsche 911 noires, et même, pour leur chef, à une 935 (ou une auto maquillée comme telle).
C'est que la Condormobile est une Nova Sterling tunée d'une manière dont même Mansory n'aurait pu rêver. Pourtant, l'auto de base, pour confidentielle qu'elle soit, ne manquait pas de charme, mais avec son réacteur accroché à l'arrière, sa couleur jaune rehaussée d'ailes marron censées symboliser celles d'un condor, elle fait carrément tache comparée à ses suiveuses. Finalement, l'héroïsme l'emporte sur l'esthétisme, et les Porsche finissent bien mal.
À noter que le chef des méchants du KGB n'est autre que le comédien français Jean-Pierre Kalfon, qui porte un magnifique œil de verre pour avoir l'air encore plus fourbe. L'acteur de Godard, Truffaut et Rivette s'est peut-être quelque peu perdu dans cette grosse production, mais au moins, il a eu le bon goût de bien choisir son auto.
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