Rien n'est joué pour les taxes douanières des autos chinoises
L'INFO DU JOUR - Annoncées au mois d'août dernier, les taxes européennes concernant les autos chinoises, ou fabriquées en Chine, semblaient actées. Pourtant, après la visite à Bruxelles du ministre du commerce de l'Empire du milieu, et l'opposition de plusieurs pays européens, rien n'est joué pour la barrière douanière qui doit être entérinée par un vote de l'Assemblée en novembre.
Wang Wentao, le ministre du commerce chinois, a achevé sa tournée européenne. Crédit photo EPA/MAXPPP.
L’affaire semblait pliée. Annoncées à Bruxelles en juin, les taxes sur les voitures importées de Chine, ou simplement assemblées là-bas, devaient être taxées jusqu’à 48%. Puis, en août, la sentence est retombée à 36% au maximum, avant une décision définitive et pour cinq ans qui sera prise en novembre.
Tout paraissait donc sur des rails, et la mesure n’avait plus qu’à suivre son bonhomme de chemin administratif dans le dédale du Berlemont, l’immeuble bruxellois qui accueille la Commission européenne.
Une rencontre constructive ou cordiale ?
Sauf qu’en cette rentrée de septembre, plus rien n’est acquis. Car toute décision de la Commission doit être validée par le Parlement et que certains pays s’opposent à cette taxe, tout comme les Chinois, dont la réaction est somme toute logique. Ces derniers ont jugé que la situation était suffisamment préoccupante pour que Pékin dépêche à Bruxelles son ministre du commerce Wang Wentao et visiblement, ce dernier a su avancer quelques arguments pour que le doute s’installe sur la mise en place effective de la sanction, ou du moins sur son importance.
Le langage diplomatique n’est pas le plus clair qui soit. Mais, quand en fin de semaine passée, le commissaire européen au Commerce Valdis Dombrovskis a reçu son fameux homologue chinois, il s’est contenté d’évoquer, tout sourire, une « rencontre constructive ». Une expression qu’il faut traduire en Français, ce que Pascal Boniface a fait. En bon géopoliticien, et directeur de l'Iris (institut des relations internationales et stratégiques) qu’il est, il explique dans l'un de ses ouvrages qu’une « rencontre constructive » signifie que « l’échange a été positif avec l’objectif de progresser vers un accord ». Dans un cas contraire, et après une réunion houleuse, les échanges en questions auraient plutôt été qualifiés de « francs ». Il n’en a donc rien été.
Nul doute que Wang Wentao ne s'est pas privé de raconter au Letton Valdis Dombrovskis qu’avant d’atterrir à Bruxelles, il a fait escale à Berlin pour y rencontrer le vice-chancelier allemand Robert Habeck. Et ce dernier lui a fait part de la réticence germanique envers ses taxes, l’industrie automobile locale étant très liée à ce qui lui reste de marché en Chine. Étant donné ses déboires récents en Europe, elle ne tient pas vraiment à se couper des ventes là-bas et craint des taxes en représailles.
En plus, l’Allemagne s’est trouvé un autre allié en Europe, puisque l’Espagne s’est elle aussi désolidarisé du commissaire européen, et ne veut pas d’ « une guerre commerciale avec la Chine » Le premier ministre Pedro Sanchez s’est lui-même rendu à Shanghai il y a quelques jours et il invite la commission à « revoir sa position ». Il faut dire que l’Espagne est un gros pays producteur d’automobiles, pour des marques étrangères bien sûr, mais aussi pour ses deux marques nationales, Seat et Cupra, sous l’égide du groupe Volkswagen, pas très partant pour des sanctions européennes et ne souhaitant pas subir les mêmes en retour.
Des taxes encore une fois revues à la baisse ?
Alors quel est l’avenir des taxes douanières ? Le vote, prévu en novembre n’a pas besoin de faire l’unanimité au Parlement, mais doit récolter 55% des voies des 27. Il est fort à parier que nombre de pays de l’Est risquent de s’aligner sur la position allemande pour tenter d’infléchir les taxes, puisqu'ils accueillent des usines pour les constructeurs germaniques.
D’ici là, le travail du Commissaire consistera à discuter et négocier pied à pied pour tenter de convaincre les parlementaires. S’il est difficile de connaître l’issue de ces tractations, il est probable d’imaginer que d’ici deux mois, Bruxelles n’accouchera peut-être pas d’une souris, mais d’une taxe sur les voitures électriques chinoises revue à la baisse une nouvelle fois.
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