Reportage vidéo - Objectif 300 km/h
Franchir la barre des 300 km/h est le fantasme de tous les amateurs de vitesse. Quand on vous propose, en plus, de relever ce défi sur l’une des plus longues pistes militaires de France, impossible de refuser.
Tout commence par un coup de téléphone : « Bonjour Olivier Pagès, c’est Xavier Benoit (N.D.L.R. : le responsable de la presse chez Audi), seriez-vous intéressé pour venir tester notre gamme Performance ? Je sais très bien que ce n’est pas prioritaire pour Caradisiac, mais pourquoi pas ? Cela va se dérouler sur une base militaire et il y aura des Rafale à disposition. Vous pourrez même tenter de dépasser les 300 km/h. » Pas une minute d’hésitation, je réponds « OK pour nous ». Rares en effet sont les personnes ayant atteint cette barre mythique.
À ce moment, le choix de la base aérienne n’était pas arrêté. Aussi, quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre que l’état-major avait décidé d’organiser cette opération sur la B.A. 118 se trouvant à Mont-de-Marsan (Landes), ma ville natale. Etonnant, car il s’agit d’une des principales bases stratégiques de l’Armée, qui concentre plus de 3 500 personnes et regroupe de très nombreux Rafale. De surcroît, elle faisait partie jusqu’en 2 000 de la force de dissuasion, comprenez par-là de l’arme nucléaire. Cette base dispose également de l’une des pistes les plus longues de France avec 3 600 m (seule celle d’Istres dans les Bouches-du-Rhône fait mieux avec 5 000 m).
Pour tenter de franchir la barre des 300 km/h, Audi a mis à notre disposition 4 modèles de plus de 600 ch.
Excepté Ferrari et Bentley, nettement plus haut de gamme, le constructeur allemand est d’ailleurs l’une des rares marques à posséder 4 modèles d’une telle puissance, et ce ne sont pas seulement des supercars car il y a bien évidemment la R8 dans sa version V10 Plus, mais aussi un break, le RS6 Performance, et deux grandes berlines, les RS7 Performance et S8 Plus. Pour notre tentative, nous retenons une RS7.
Quelques détails de l'Audi RS7 Performance.
Attention, il ne s'agit pas d’une RS7 de base mais de la déclinaison Performance. Elle développe ainsi 605 ch (+ 45 ch) grâce son V8 bi-turbo 4.0 qui a été retravaillé pour l’occasion au niveau de la géométrie du turbo et des soupapes d’échappement. Dans cette configuration, elle abat le 0 à 100 km/h en 3,7 s (contre 3,9 s en temps normal) et atteint la Vmax de 280 km/h. Elle bénéficie de quelques raffinements spécifiques comme les jantes titane 21 pouces, l’échappement sport ou la sellerie cuir Valcona. 280 km/h en vitesse de pointe, c’est pas mal mais on est loin de 300 km/h, me direz-vous. Qu'à cela ne tienne, notre modèle était aussi équipé du Pack Dynamique Plus comprenant les phares full LED, les suspensions Sport, les freins céramiques et un débridage à 305 km/h ; le tout pour la bagatelle de 11 450 €, auxquels s’ajoutent les 142 940 € de la RS7 Performance, soit une facture globale de 154 390 €.
Les présentations officielles étant faites, place maintenant aux choses sérieuses. Après un briefing technique, me voilà sur le "taxiway" me menant au début de la piste. Arrivé sur place, dernières instructions d’André, notre encadrant et ancien pilote : « tu mets la boîte en mode sport (pas en mode manuel car trop de chances de rupteur), tu colles le plus possible le milieu de la piste et à toi de jouer ! ».
Bizarrement, c’est à ce moment que le stress se fait de plus en plus sentir. Après avoir essuyé quelques gouttes de sueur sur mon front, je décide d’y aller. J’accélère à fond, la RS7 malgré ses 1 900 kg s’élance comme un fauve qu’on aurait libéré de sa cage. Grâce à la transmission intégrale, aucune perte de motricité, on est littéralement collé au dossier du siège par la poussée. Pas de doute, les 750 Nm de couple sont bel et bien présents. Les 100 km/h sont atteints en quelques secondes et il en va de même des 200 km/h. Inutile de vous dire qu’il est vivement conseillé de bien tenir le volant. Les yeux sont pour leur part rivés sur l’affichage tête haute, qui voit la vitesse continuer à grimper. Les 250 km/h ne sont déjà qu’un vieux souvenir, mais les cônes matérialisant l’endroit où on doit décélérer commencent à apparaître au loin. Pas le moment de fléchir. Je maintiens donc la pression sur la pédale droite. 280, 290, enfin 300 et même 306 km/h avant de relâcher. Mission accomplie donc.
Impressionnant à bord, franchir les 300 km/h l’est également vu de l’extérieur. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas le V8 que l’on entend le plus mais bel et bien les bruits d’air et ceux de roulement.
Comme on est sur une base aérienne et que l’on parle de vitesse, l’occasion était trop belle pour ne pas laisser les commandes à un pilote de chasse. Le Lieutenant-colonel Danny, commandant de l’escadron de rafales « Normandie-Niemen » s’est donc prêté au jeu en échangeant son manche contre le volant de notre RS7 : « premier constat, on est beaucoup plus bas qu’à bord de mon Rafale, la piste me paraît également beaucoup plus large et je n’en vois pas le bout », nous confie-t-il avant même de débuter son run. Pas besoin de dire à un pilote d’accélérer, la vitesse il connaît. Il nous gratifie ainsi de quelques remarques savoureuses : « 200 km/h, cela commence à devenir intéressant. 250 km, j'ai envie de décoller ».
Après avoir atteint les 302 km/h, notre Lieutenant-colonel avoue que la RS7 pousse surtout au début avec un couple très présent : « l’accélération au départ est vraiment très forte. C’est difficile de comparer avec un Rafale car on n’est pas dans le même environnement. La position de conduite est totalement différente, ce qui change énormément la perception des choses et notamment de la vitesse. On retrouve quand même des points de ressemblance sauf que cela dure beaucoup moins longtemps à bord d’une voiture. »
Soyons honnêtes, roulez à plus de 300 km/h n’a aucune utilité mais cela procure des sensations uniques avec une montée d’adrénaline considérable. Une recherche de sensations fortes qui séduit de plus en plus de clients puisque les ventes mondiales de modèles RS et R ont doublé en 5 ans tout en restant modestes. 2015 a été une année record avec une augmentation de 13 %. Il en est de même en France où l’an passé 6 % et 10 % des A6 Avant et A8 vendues étaient des RS6 et S8, une première dans l’Hexagone ! Preuve que parfois, l’émotion n’a pas de prix.
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