Renault Flins : les productions de la Zoé et de la Micra redémarrent (reportage vidéo)
C'est une reprise que Renault de manière assez étrange veut absolument tenir hors de portée des caméras ! Étrange en effet, parce que force est de constater que les salariés semblent plutôt satisfaits de ce que leur direction a mis en place pour assurer leur sécurité sanitaire à Flins. Même les syndicats, à l'exception de la CGT, paraissent rassurés, alors qu'ils contestaient tous cette reprise anticipée. Forcément, l'attitude du constructeur français inspire plutôt la méfiance… Reportage.
5h du matin, mercredi, usine Renault de Flins (Yvelines). La production de la Zoé, le modèle électrique de la marque au Losange, et de la Micra de son partenaire Nissan a vraiment redémarré mercredi, après six semaines d'arrêt en raison de la pandémie de Coronavirus. Quel protocole sanitaire a été mis en place pour permettre cette reprise ? Quel est l'état d'esprit des salariés ? Quel est le programme de production attendu ?
Comme à Valenciennes chez Totoyta où l'assemblage de la Yaris a recommencé la semaine dernière, nous souhaitions tout simplement présenter cette nouvelle organisation avec laquelle finalement tout le monde va être plus ou moins confronté lors du retour au travail. Mais à Flins, l'ambiance était bien plus glaciale que dans le Nord. Et c'est un tout autre accueil que l'on nous a réservé.
Alors que nous avions prévenu de la réalisation de notre reportage, il a fallu jouer à cache-cache avec le service de sécurité de Renault qui avait vraisemblablement pour instruction de ne laisser travailler aucun journaliste… ce que l'on s'était bien gardé de nous expliquer. On nous avait certes averti que l'on ne pourrait pas rentrer dans les bâtiments de l'usine - contrairement à Toyota -, mais pas que nous serions empêchés d'interroger les salariés, qu'ils soient responsables ou non de cette nouvelle organisation afin qu'ils puissent nous la décrire.
De quoi se demander si la direction de Renault n'avait pas quelque chose à dissimuler ! Ça n'est en tout cas pas notre sentiment à l'issue de notre reportage, après avoir fini par recueillir de nombreux témoignages. Même les syndicats qui contestaient pourtant dans leur ensemble cette reprise anticipée, paraissent aujourd'hui, à l'exception de la CGT, plutôt rassurés. "Comme les salariés eux-mêmes le disent, Renault a mis de très gros moyens (...), tout est là pour que l'on puisse travailler correctement", admet Éric Contoux de Force ouvrière (FO). Globalement, comme nous l'avons nous-mêmes constaté, ils reconnaissent que les salariés semblent satisfaits.
Des salariés mieux protégés qu'à l'hôpital ?
Sans surprise, le protocole mis en place par le constructeur français est assez proche de celui du japonais à Valenciennes. Quelques variantes à noter : la température à l'entrée des ouvriers est prise via des caméras thermiques, Renault va aussi plus loin dans la distribution des équipements de production. En plus des deux masques chirurgicaux journaliers, chaque salarié reçoit également cinq masques dits grand public (permettant 20 lavages) pour leur vie en dehors de l'usine, et certains dont les postes ne permettent pas de respecter la distanciation sociale d'au moins un mètre disposent de masques FFP2 - vous savez ces masques qui font tant défaut parfois aux soignants depuis le début de la crise.
Plusieurs salariés nous ont alertés sur le soin qui est aussi mis à l'intérieur de l'usine sur le nettoyage de toutes les surfaces susceptibles d'être souillées. "Dès que l'on se sert d'une imprimante, il faut la nettoyer avant et après", "toutes les portes sont ouvertes, comme ça, on n'a plus à toucher les poignées", a-t-on entendu par-ci, par-là.
Officiellement, la direction de Renault affirme qu'elle n'a pas d'objectif fixé concernant les volumes de production à Flins. Avant la crise sanitaire, ce sont en moyenne quelque 700 voitures par jour qui sortaient de cette chaîne de montage. Dans un premier temps, une seule équipe sur les deux qui se relaient en temps normal quotidiennement travaille. Cela fait environ 1 500 personnes à accueillir. Et c'est donc au mieux moitié moins qui peut être produit.
En l'occurrence, la chaîne de montage ne pouvant guère aller à moins d'une trentaine de véhicules par heure, ce sont au moins 200 qui devraient être assemblés dans un premier temps. Selon nos informations, c'est exactement 236 véhicules qui sont sortis de l'usine mercredi. Quant au retour à la normale, il n'est pas du tout à l'ordre du jour pour l'instant.
Pour retrouver nos précédents reportages chez les constructeurs automobiles
Toyota redémarre la production de sa Yaris à Valenciennes (Nord)
Toyota Valenciennes : une production déjà plus élevée que prévu
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