Renault : 11% de progression au premier semestre, mais...
Renault affiche des résultats pour le moins encourageants au premier semestre, dans un contexte qui reste inquiétant pour toute l'industrie automobile.
Allez, on ne va pas bouder son plaisir. Sous l’impulsion d’un Luca de Meo bien aidé par un contexte industriel et économique porteur, Renault retrouve progressivement des couleurs.
Au premier semestre, la marque au Losange a ainsi écoulé près de 771 000 véhicules à travers le monde, valeur en hausse de 11% par rapport à l’exercice 2022. La marque accélère même de 21% en Europe, et notamment sur ses modèles de haut de gamme qui présentent l’avantage de générer plus de valeur.
Les modèles du segment C - Arkana et Austral - voient ainsi leurs volumes croître de 42% (plus de 136 000 voitures, dont 40 000 Austral), tandis que les voitures à motorisation hybride améliorent leurs résultats de 40%.
Quant à la Mégane E-Tech, elle s’est écoulée à plus de 23 000 exemplaires (dont près de 9 500 en France) et représente près de la moitié des ventes d’électriques de la marque. Même si on pourrait espérer mieux sur ce point d’un constructeur pionnier de l’électrique, cette croissance mérité d’être saluée et encouragée.
De bonnes nouvelles proviennent aussi des modèles utilitaires, qui en Europe progressent de 25,4% dans un marché à +11,6%.
La marque souligne à raison que ces résultats sont obtenus « malgré les contraintes de production persistantes », et son Directeur Général Fabrice Cambolive prévient : «nous allons accélérer au second semestre avec Nouvel Espace, Nouvelle Clio et Nouvel Arkana.».
Quant au Rafale, tout récemment présenté au Bourget, il marquera en 2024 l’offensive de la marque dans un segment D plus rémunérateur encore. Ce véhicule illustre d’ailleurs parfaitement la stratégie de Luca de Meo, qui veut déplacer le curseur du volume, cher à son prédécesseur Carlos Ghosn, vers la génération de valeur.
Guerre du métal
Peut-on pour autant affirmer que Renault est sorti d’affaire ? On restera prudent, dans la mesure où le constructeur, comme ses concurrents, bénéficie aussi de la relance de l’outil industriel (les problèmes d’approvisionnement de semi-conducteurs se résolvent progressivement), qui permet enfin de livrer les voitures commandées l’an dernier. Or, Les Echos rappellent ce matin que les prises de commande globales ont fléchi de 15,6% en France au premier semestre, et que la tendance s’observe aussi à travers le continent européen.
Dans le même temps, les marques historiques doivent composer avec une concurrence chinoise de plus en plus inquiétante. Un seul exemple ? La MG4, berline compacte qui offre des prestations directement comparables à celles de la Mégane E-Tech tout en coûtant 20% de moins. Et d’autres véhicules tout aussi pertinents s’apprêtent à débarquer sur le marché.
Dans les états-majors des grandes marques historiques, on ne cache plus son anxiété. Après Carlos Tavares (Stellantis), qui évoque le « combat terrible » à venir avec la Chine, c’est Jean-Dominique Sénard, président du conseil d'administration du groupe Renault, qui s’alarmait ce week-end, lors des rencontres de La Tribune, d’une guerre des métaux à venir avec le même "adversaire" (avec lequel il a par ailleurs partie liée sur les moteurs thermiques): « Je ne suis pas absolument certain qu'on ait anticipé les crises géopolitiques : je pense qu'on ne les a pas anticipées du tout. Cela demande une diplomatie de la matière première. Les guerres du futur sont des guerres de matières premières. »
Et le même d’évoquer un « orage chinois » qui menace l’industrie européenne de la voiture électrique : « Quand je parle d'orage chinois, je parle de la forte pression aujourd'hui des importations de véhicules chinois en Europe qui se fait au moment où nous parlons ».
Comme pour lui répondre, MG annonce justement ce mardi matin son intention d’implanter prochainement une usine de production sur le continent européen.
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