Réduction du CO2 ou des oxydes d'azote, il faut choisir
Le gaz naturel est souvent vendu comme un carburant "propre", émettant moins de CO2 que le gazole ou le sans-plomb brûlé. Mais selon une toute récente étude néerlandaise, le gaz naturel émet bien plus d'oxydes d'azote qu'un modèle équivalent diesel sur les camions fonctionnant au GNL (gaz naturel liquéfié). Entre réduction du CO2 ou des NOx, il faut donc "choisir"...
C'est une motorisation relativement récente dans le monde du transport de marchandises, et les constructeurs la vendent comme une alternative au diesel pour les entreprises qui veulent réduire leur budget carburant, mais aussi les rejets de CO2. En effet, le gaz naturel a l'avantage d'émettre moins de CO2 à l'usage dans un véhicule routier, par rapport à un modèle équivalent à moteur essence ou diesel.
"Les mêmes transports à la même vitesse. Avec cependant une empreinte de CO2 réduite de 20 %. Si vous manifestez de grandes ambitions en matière de respect de l'environnement, le Volvo FH GNL roulant au gaz vous donnera une longueur d'avance. Et si vous voulez aller encore plus loin, vous pouvez rouler au bio-GNL et réduire ainsi vos émissions de 100 %. Un grand pas vers le zéro émission de CO2", peut-on notamment lire chez Volvo Trucks.
Une récente étude indépendante néerlandaise démontre cependant que les camions fonctionnant au GNL (gaz naturel liquéfié, différent du GNV, le "gaz naturel pour véhicules" que l'on retrouve sur certaines automobiles) sont plus polluants dans d'autres domaines.
L'ONG Transport & Environment a relayé l'étude en donnant quelques détails : "les trois camions GNL testés émettent entre 2 et 5 fois plus de NOx toxiques que le camion diesel ayant obtenu les résultats les plus bas lors d’un cycle de conduite en ville, sur routes régionales et sur autoroutes. En ville, les camions au gaz émettent entre 2 et 3,5 fois plus de NOx que le camion diesel testé produisant les émissions les plus basses. Les camions circulant au biométhane (biogaz) auraient les mêmes émissions de polluants de l’air que les camions circulant au gaz fossile, car les caractéristiques des deux carburants sont les mêmes".
Bon pour le CO2, beaucoup moins pour les NOx
L'ONG ne se base que sur les oxydes d'azote et n'aborde à aucun moment la réduction effective et réelle des rejets de CO2 du gaz naturel. Elle s'appuie par ailleurs sur des déclarations, notamment chez Scania, qui sont anciennes, datant de 2015. Depuis, les constructeurs ont revu leur communication et ne parlent que de l'avantage "CO2". Cela n'empêche évidemment pas de soulever le problème de l'image du gaz naturel, pas forcément aussi bon qu'on le penserait, et ce malgré la présence de réduction catalytique sélective (SCR, avec Adblue), tout comme sur les tracteurs à moteur diesel. En clair, avec les mêmes systèmes de dépollution que les diesels, les camions à moteur GNL émettent quand même plus d'oxydes d'azote.
Finalement, une étude démontre toute la problématique des moteurs thermiques actuels : améliorer le rendement (taux de compression élevé, injection directe, mélange pauvre...) et utiliser des carburants alternatifs permettent en effet de moins rejeter de CO2. Mais avec une contrepartie : une hausse d'autres polluants comme les oxydes d'azote. A l'inverse, le retour à des moteurs plus "anciens" (injection indirecte pour l'essence, notamment), aurait pour effet de faire grimper les rejets de CO2, mais aussi de réduire les oxydes d'azote. Il faut donc "choisir".
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